Crise malienne, Neuf pays se concertent à Nouakchott

Crise malienne, Neuf pays se concertent à Nouakchott
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Les ministres des Affaires étrangères d’Algérie, du Burkina Faso, de Guinée, Libye, du Mali, de Mauritanie, du Niger, Sénégal et du Tchad se sont retrouvés, hier, à Nouakchott, au Palais des congrès, pour réfléchir sur la sécurité au Sahel, une bande fragilisée sur les plans environnemental, économique, social, politique et sécuritaire et s’étendant sur 8 millions km2.

Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, représente l’Algérie à cette réunion qui s’est ouverte au niveau des experts, hier matin, et qui a été sanctionnée, tard dans la soirée, par une déclaration finale. Piloté par le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (CPS/UA), ce conclave à huis clos, auquel ont participé des représentants de l’Union européenne et des Nations unies, s’est fixé quatre objectifs.

Un, « prendre acte de la décision de la France de commencer le retrait de ses troupes en avril prochain » ; deux, « faciliter l’accomplissement du mandat de la force armée africaine présente au Mali » qui pourrait être remplacée, dès juillet prochain, par des Casques bleus et atteindre 10.000 hommes ; trois, « renforcer l’efficacité de la lutte contre le terrorisme, à travers des mesures appropriées de surveillance des frontières et l’échange de renseignements » et quatre, « unifier une réflexion sur des arrangements opérationnels de sécurité ».

« Cette réunion a, aussi, pour objectif, selon Hamadi Ould Baba Ould Hamadi, le ministre mauritanien des Affaires étrangères et de la Coopération, de discuter et d’échanger des points de vue et des informations entre toutes les parties concernées, dans le but d’actualiser les analyses existantes sur la crise malienne, en particulier, et sur la région du Sahel de manière générale ». « Il s’agit, dit-il, « de comprendre les différentes dimensions de la crise du Mali et ses impacts dans l’avenir, ainsi que l’évaluation de ses développements dans la conjoncture actuelle ».

« Les progrès réalisés sur le terrain doivent être renforcés par une contribution accrue des voisins du Mali pour le renforcement de la capacité de la Misma », déclare Saïd Djinnit, représentant de l’ONU en Afrique de l’Ouest. Selon le diplomate algérien, cette rencontre se tient à un moment où « le règlement de la crise au Mali est à un tournant décisif, marqué par des progrès significatifs au nord de ce pays » et « où se profile la volonté de tous, notamment des Nations unies », d’œuvrer à la résolution rapide de la crise malienne et à la préservation de la paix dans toute la sous-région ». « 2013 se présente bien mieux que l’année précédente pour le Mali », affirme Ramtane Lamamra, le commissaire pour la paix et la sécurité de la Commission de l’UA.

« Au cours des deux derniers mois, des progrès remarquables ont été accomplis, avec l’assistance prompte et effective apportée par la France, dans les efforts de reconquête des régions du nord du Mali, occupées par des groupes armés terroristes et criminels », relève-t-il. « L’action, qui se déroule présentement au Mali, explique-t-il, est une opération visant à débarrasser le nord de ce pays des groupes criminels qui cherchent à en faire un sanctuaire pour perpétrer des attaques contre les autres pays de la bande sahélienne et de toute la région ».

L’UA, qui est déterminée à « œuvrer » avec les pays de la région et les partenaires pour l’avènement de la stabilité et de la paix dans la sous-région, estime que l’ONU doit être au premier rang. « Pour jouer le rôle qui est le sien, dans l’accompagnement des efforts individuels et collectifs de promotion de la paix, de la stabilité et de la sécurité, initiés par les Etats de la région », affirme Lamamra. « L’Algérie a un rôle central à jouer dans la crise malienne. L’expérience qu’elle a en matière de lutte contre le terrorisme peut être appliquée au Mali », estime Francesco Madera, le représentant spécial du président de l’UA pour la coopération antiterroriste. Selon le directeur du Centre africain d’études et de recherche sur le terrorisme, la stratégie de l’Algérie en matière de neutralisation des terroristes et son approche consistant à travailler « très étroitement » avec la population peuvent être utilisées par les Maliens. « Elles peuvent, aussi, aider à empêcher à ce que les terroristes qui fuient le Mali, traversent l’Algérie pour aller vers d’autres pays », dit-il.

Djamel Boukrine