Crise malienne : Medelci veut arracher un 4e mandat à Bouteflika

Crise malienne : Medelci veut arracher un 4e mandat à Bouteflika

Le ministre des Affaires étrangères, M. Mourad Medelci, fait de la crise malienne une rampe de lancement pour un 4e mandat de Bouteflika. Il a déclaré dimanche à Alger, qu’ »Il n’est jamais trop tard pour saisir toutes les opportunités qu’offrent les moyens pacifiques pour restaurer la paix, la sécurité et l’intégrité territoriale du Mali » au moment où cette démarche est mise en quarantaine par les Africains et la communauté internationale…

Medelci: « il n’est jamais trop tard pour privilégier le dialogue au Nord-Mali »

Depuis que l’Algérie a fait du dialogue son cheval de bataille au Nord-Mali en prétendant que ce dialogue n’exclut pas une lutte « implacable » contre les groupes terroristes d’Al Qaïda au Maghreb islamique, qu’a-t-elle fait de concret dans la crise malienne depuis près de sept mois que dure l’occupation du Nord-Mali par l’islamisme armé ? Rien. Elle a au contraire contribué à amplifier la crise en en détournant le principal enjeu qui est avant tout la lutte antiterroriste.

C’est ce que vient de confirmer le ministre des Affaires étrangères, M. Mourad Medelci, qui a déclaré dimanche à Alger,  qu’ »Il n’est jamais trop tard pour saisir toutes les opportunités qu’offrent les moyens pacifiques pour restaurer la paix, la sécurité et l’intégrité territoriale du Mali » exprimant par ce « il n’est jamais trop tard » la volonté du gouvernement Sellal d’arracher coûte que coûte un quatrième et dernier mandat à Abdelaziz Bouteflika quitte à transformer l’échec cuisant de sa démarche de « solution politique négociée » dans la crise malienne en « victoire » narcissique.

Malgré la mise en quarantaine de cette démarche dialoguiste par la décision africaine de l’intervention, le chef de la diplomatie algérienne s’emploie d’ores et déjà, au forceps, sous les coups de bluff du Plan d’action d’Abdelmalek Sellal, à réhabiliter l’image ternie d’un président isolé sur la scène internationale. Pour cette mission, en désespoir de cause, il réaffirme, aveuglément, sans trop y croire lui-même, « l’attachement privilégié » de l’Algérie à la négociation, prétendant que cette démarche n’exclut pas une lutte « implacable » contre les groupes terroristes  d’Al Qaïda au Maghreb islamique) et du Mujao (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest) dont c’est pourtant l’objectif principal de l’intervention armée au Nord-Mali.

Or, sur son propre sol, la politique dialoguiste avec laquelle l’Algérie mène la lutte antiterroriste contre le même groupe terroriste pour lequel les portes du « pardon » restent ouvertes par les bons soins de la concorde civile d’Abdelaziz Bouteflika, rend la démarche de « solution politique négociée » sur ses terres et au Nord-Mali, inopérante, voire celle du drapeau blanc de la capitulation. Pis encore. En tentant de se refaire une crédibilité perdue dans sa politique aventureuse et suicidaire d’une « paix » illusoire avec l’islamisme armé, l’Algérie de Bouteflika a bradé ce qui lui reste d’Etat en préférant un dialogue électoraliste avec l’un des groupes terroristes affilié à Al Qaïda au Maghreb islamique, Ansar Eddine qui est la devanture « officielle » des puissants réseaux de la contrebande et des preneurs d’otages, à la vie de ses concitoyens, fonctionnaires consulaires aux mains du Majao, partenaires d’Ansar Eddine lavé de tout soupçon et de toute dangerosité par les bons soins d’Abdelaziz Bouteflika qui a fait de même pour les chefs terroristes du GSPC reconvertis dans les affaires et les scrutins électoraux. Mourad Medelci n’a eu de cesse de soutenir cette cause, arme perfide du cnadidat Bouteflika de 1999. Il use des mêmes ingédients discursifs de ses précédentes campagnes présidentielles lors dequelles il affrimait dans les mêmes termes la priorité du dialogue sur la lutte antiterroriste.

Dans la frénésie avec laquelle il a saisi l’aubaine de la crise malienne sans les Maliens eux-mêmes ainsi trahis pour aller acheter à bas prix ce qu’il n’a pu obtenir dans les mêmes conditions de bradage de la crédibilité de l’Etat par la « Charte pour la paix et la réconciliation nationale« , Abdelaziz Bouteflika n’a plus rien à dire, annoncer, comme l’avait promis son ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, sur l’exécution de Tahar Touati, le vice-consul algérien et le sort des autres otages dans le seul but d’espérer, en triant les terroristes fréquentables des irréductibles, d’obtenir à soi l’aura d’un président adulé pour sa politique de « paix » à l’échelle africaine à travers laquelle il espère un dernier mandat en apothéose; tâche ingrate à laquelle s’emploie son ministre des Affaires étrangères comme si Bouteflika, nostalgique de ce portefeuille qui a fait ses beaux jours à l’étranger, y voyait le double de lui-même.

Depuis que dure l’occupation du Nord-Mali par les groupes terroristes d’Al Qaïda au Maghreb islamique et ses sous-traitants, le pouvoir de Bouteflika a plus mis en avant sa démarche du dialogue que sa prétendue résolution à cette lutte « implacable » contre Al Qaïda au Maghreb islamique. Il a cherché tous les appuis possibles et inimaginables auprès de l’ONU, de la Ligue arabe, de Bamako, de la Cédéao, de la France, de l’Italie à chaque visite officielle de leurs représentants à Alger. Il a également épuisé tous les moyens. A tel point que Alger s’est donnée l’image surfaite de partenaire incontournable et de premier plan dans la crise malienne alors même que Bouteflika n’a cessé de fourbir des complots contre les Maliens et les Algériens par, justement, cette politique de dialogue grâce à laquelle, dès septembre dernier, il a fait d’Ansar Eddine le premier partenaire du dialogue avant les principaux concernés, les Touareg et les Maliens ; de la même façon qu’il a fait du GSPC/Al-Qaïda au Maghreb islamique, son allié privilégié à chaque échéance électorale de la présidentielle depuis 1999. Mourad Medelci règle la crise malienne pour 2014. Le Nord-Mali sera-t-il la rampe de lancement d’un quatirème mandat de Bouteflika pour lequel Ansar Eddine est parti favori pour y mener campagne. La persistance que met Mourad Medelci à défendre une politique de l’autruche dans la crise malienne n’a d’explications que dans cette mission africaine pour un mandat de la dernière chance à Abdelaziz Bouteflika.

R.N.