Alassane Ouattara, le président en exercice de la Communauté des pays d’Afrique de l’Ouest, refuse de donner du temps à la solution politique au nord du Mali, prônée par les Maliens d’abord, puis les pays du Champ et les Etats-Unis, ensuite.
Prenant la liberté de contredire Romano Prodi, l’envoyé spécial de l’ONU au Sahel, qui a écarté toute possibilité d’intervention avant septembre 2013, l’Ivoirien veut, comme le chef de l’Etat béninois, Thomas Boni Yayi, président en exercice de l’Union africaine, l’adoption en « urgence » d’une résolution au Conseil de sécurité pour permettre une intervention armée dans le nord du Mali, dès le premier trimestre 2013. « Nous demandons au Conseil de sécurité d’agir rapidement, si possible au mois de décembre.
C’est ce que j’ai demandé au président François Hollande, qui a dit qu’il ferait tout pour qu’il en soit ainsi. Si nous avons une résolution en décembre, nous espérons organiser cette intervention dans le premier trimestre de l’année prochaine », dira-t-il sur Europe 1. En visite à Paris où il a été reçu, mardi, par François Hollande, le président de l’organisation régionale africaine, dit ne pas pouvoir attendre « trois ou quatre mois ».
Le 26 septembre 2012, le président français, n’a pas dit autre chose à la tribune de l’ONU, pressant le Conseil de sécurité à donner son feu vert pour une intervention militaire sous le chapitre VII. « La situation dans le nord du Mali, contrôlé par des terroristes et des trafiquants de drogue, est inacceptable. Nous ne voulons pas que ces terroristes descendent dans notre pays. (…) Nous ne voulons pas que notre sous-région devienne occupée, encadrée par des terroristes » dira-t-il encore, sans préciser les « cibles » de cette intervention. Scoop du jour : les pays de la Cédéao seraient, selon le président ivoirien, « pressés d’intervenir » et, surtout, « prêts » militairement. « Nous avons des armées solides, bien formées et le nombre de soldats par pays, a été arrêté ces jours-ci », martèlera-t-il, tout en reconnaissant avoir « besoin de soutiens logistique et matériel ».
Le Conseil de sécurité, qui se réunira au niveau ministériel, lundi prochain, en présence de Romano Prodi, sur « la situation très préoccupante dans la région du Sahel, en particulier au Mali », ira-t-il dans le sens voulu par le Président Ouattara ? « Le Conseil est saisi d’un document de travail que lui a fait parvenir la Cédéao », déclare Mohammed Loulichki, représentant permanent du Maroc auprès des Nations unies et président du Conseil de sécurité pour le mois en cours. Il est, dit-il, « convaincu » qu’il serait possible d’aller de l’avant « une fois que les modalités d’une telle force auront été convenues par tous les États membres ».
A défaut d’une résolution, le Maroc promet une déclaration présidentielle pour « galvaniser l’action de la communauté internationale. La Cédéao fera-t-elle fi des premières discussions directes à Ouagadougou, autour de Blaise Compaoré, entre les représentants de Bamako et ceux d’Ansar Dine et du MNLA ? A Bamako, la primature a désavoué la participation au Burkina du ministre des Affaires étrangères, Tiéman Coulibaly, à ces discussions où toutes les parties se sont engagées à un « dialogue » basé sur le respect de l’intégrité territoriale du Mali, le respect des droits de l’Homme, la dignité humaine, les libertés fondamentales et religieuses et le rejet du terrorisme ».
Djamel B.