Les positions algérienne et française sur la crise malienne ne sont pas si déphasées qu’elles ne paraissent. La feuille de route, qui consiste en le règlement politique de la question du pouvoir à Bamako ainsi que la sauvegarde de l’unité territoriale du Mali et l’usage des moyens appropriés, y compris militaires, pour combattre le terrorisme dans le nord du pays, semble convenir à Alger et Paris.
Sofiane Aït Iflis – Alger (Le Soir) – Le ministre algérien des Affaires étrangères, Mourad Medelci, et son homologue français Laurent Fabius, qui ont animé une conférence de presse conjointe tard dans la soirée de dimanche à la résidence El- Mithak, à Alger, ont, tour à tour, fait état d’une convergence d’approches sur le dossier malien. Et c’est Laurent Fabius qui, en l’espèce, sera un tant soit peu explicite : «Il est faux de croire, comme c’est rapporté ici et là, que la position algérienne est totalement angélique et que la position de la France est typiquement militariste.» Que comprendre par là ? Que la France n’est pas ce va-t-en-guerre que présentent les médias et que l’Algérie n’est pas définitivement réfractaire à l’initiative militaire lorsqu’il s’agira de lutter contre le terrorisme. Mourad Medelci parle d’une même clé d’analyse et d’objectifs communs. Laurent Fabius, à sa suite, jouera la synchronie, en affirmant qu’entre les deux pays, il y a un large accord autour du Sahel et du Mali. Large mais pas total. Ce qui suppose que les positions ne sont pas si éloignées que cela mais qu’elles restent tout de même à être rapprochées davantage. «Nous avons constaté que nous avions exactement la même clé d’analyse et les mêmes objectifs en ce qui concerne le Sahel et le Mali. Nous sommes d’accord pour dire que l’unité du Mali doit être préservée et pour dire que la lutte contre le terrorisme doit rester la priorité. La solution du Mali est entre les mains des Maliens qui peuvent trouver dans les pays du champ et de l’UA l’aide nécessaire en cas de besoin», a déclaré Medelci, poursuivant : «La solution militaire aujourd’hui n’est pas la bonne. C’est la solution politique et le dialogue qui doivent prévaloir.» Laurent Fabius ne va pas à contresens de cette affirmation, sauf qu’il s’est fait plus précis parlant du terrorisme : «Si le terrorisme se maintient, il faut le traiter selon les voies et moyens adaptés. Il faut traiter les terroristes comme ils le méritent», a-t-il préconisé, ajoutant : «Les terroristes disposent d’armes puissantes et de moyens financiers. Ils constituent une menace non seulement pour la région mais pour l’ensemble du monde.»
S. A. I.