L’Algérie ne participe pas aux négociations entre les autorités maliennes et les rebelles touareg occupant Kidal, ouvertes hier, à Burkina Faso. Une absence qui risque de compromettre l’avancement du dialogue et l’aboutissement du processus de négociations entre les parties belligérantes, et ce, en raison du rôle important que l’Algérie pourrait jouer.
C’est ce qui n’échappe pas à certains acteurs du conflit malien ayant regretté cette absence et souhaité voir l’Algérie s’impliquer à travers sa parfaite connaissance de la région, pour aplanir les différends et tenter de ramener la paix à une sous-région déchirée par le terrorisme, le trafic et les guerres entre différents groupes armés.
Ainsi, le président du Haut conseil islamique (HCI) du Mali, M. Mahmoud Dicko, a affirmé hier « l’importance » de la présence de l’Algérie aux négociations en cours, au Burkina Faso entre les autorités maliennes et les rebelles touareg partant de la parfaite connaissance de l’Algérie du dossier malien.
Dans une déclaration à l’APS, le président du HCI du Mali a estimé que l’importance de la présence de l’Algérie aux négociations qui précédent l’élection présidentielle au Mali résidait dans « sa parfaite connaissance du dossier malien en particulier et celui du Sahel africain en général ».
Hier, à l’ouverture des négociations, la médiation burkinabè a appelé à la cessation des hostilités entre l’armée malienne et les rebelles touareg occupant Kidal, dans le nord-est du Mali, à l’ouverture des négociations à Ouagadougou. Devant des délégations des deux parties, le président burkinabè, Blaise Compaoré, médiateur pour l’Afrique de l’Ouest, a indiqué qu’il proposait la cessation des hostilités « qui créera les conditions de sécurité indispensables à la tenue d’élections (présidentielles, ndlr) libres et transparentes » dont le premier tour est prévu le 28 juillet.
L’armée malienne a relancé son offensive cette semaine et délogé mercredi les rebelles touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), de la localité d’Anefis, à une centaine de km au sud de Kidal. L’objet des discussions est aussi « le redéploiement de l’administration générale, des services sociaux de base, des forces de défense et de sécurité au nord du Mali et en particulier à Kidal, selon des modalités qui seront négociées », a poursuivi M. Compaoré, sans plus de précision sur ces modalités et le calendrier.
Le MNLA et un autre groupe touareg, le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA), ont refusé jusqu’à présent à l’armée et à l’administration maliennes d’entrer à Kidal. Ils exigent la sécurisation du scrutin par la Minusma, la force de l’ONU qui doit prendre à partir de juillet le relais de la mission panafricaine déployée au Mali (Misma).
Les pourparlers entre Bamako et le bloc MNLA-HCUA se poursuivront « après l’élection présidentielle en vue de l’établissement d’une paix définitive et d’un développement durable et inclusif dans le nord du Mali », a ajouté le chef de l’Etat burkinabè. Les discussions de Ouagadougou se poursuivront tout le week-end, a indiqué le chef de la diplomatie burkinabè Djibrill Bassolé, en vue de parvenir lundi à un « document » qui scellerait un accord intérimaire.
Les mouvements touareg armés occupent Kidal, berceau de leur minorité ethnique, depuis fin janvier, après l’intervention militaire française qui a mis en fuite les groupes islamistes armés liés à Al-Qaïda, qui occupaient tout le Nord malien depuis 2012 et auxquels les rebelles ont été un temps alliés.
Aomar F/Agence