Ils se trompent, donc, ceux qui ont cru comprendre que l’Algérie fait de la non intervention militaire au Mali un sacerdoce. Le ministre français des affaires étrangères, Laurent Fabius, hôte, hier, de Mourad Medelci, s’est obligé à une explication de texte qui fait ressortir une position algérienne moins tranchée qu’elle n’y parait.
Le chef de la diplomatie française s’est employé à cette précision : « Il est faux de croire que la position algérienne est totalement angélique et que la position de la France est typiquement militariste. » Dit ainsi, il se donne à comprendre que les positions algérienne et française quant aux solutions préconisées pour la crise malienne ne sont pas antinomiques. Laurent Fabius était d’ailleurs à l’aise pour dire qu’autour du Sahel et du Mali il y a un large accord entre les deux pays. Et cet accord se décline en une feuille de route qui semble avoir l’aval de l’Algérie et de la France. Il s’agit d’abord de conforter la base constitutionnelle du pouvoir à Bamako, autrement, faire évacuer la junte par les moyens politiques, rétablir et assurer l’unité et l’intégrité territoriale du Mali, toujours par le même procédé politique et, après cela, mener la guerre aux terroristes, par les moyens militaires, si nécessaire. « Si le terrorisme se maintient, il faut le traiter selon les voies et moyens adaptés. Il faut traiter les terroristes comme ils le méritent. Les terroristes disposent d’armes puissantes et de moyens financiers. Ils constituent une menace pour l’ensemble du monde », a déclaré Fabius qui, avant de débarquer à Alger, avait soutenu que l’intervention militaire au Mali était fort probable, à un moment ou à un autre. Mourad Medelci, pour sa part, a affirmé que « nous avons constaté que nous avions exactement la même clé d’analyse et les mêmes objectifs en ce qui concerne le Sahel et le Mali. Nous sommes d’accord pour dire que l’unité du Mali doit être préservée et pour dire que la lutte contre le terrorisme doit rester la priorité » et que « la solution du Mali est entre les mains des Maliens qui peuvent trouver dans les pays du champs et de l’UA (Union africaine) l’aide nécessaire en cas de besoin. » Le chef de la diplomatie algérienne devait en outre souligner que « la solution militaire aujourd’hui n’est pas la bonne. C’est la solution politique et le dialogue qui doivent prévaloir. »