L’Algérie, par la voix d’Abdelkader Messahel, qui s’exprimait ce lundi à partir de Niamey, veut exporter la concorde civile au Mali par la même démarche engagée par le président de la République Abdelaziz Bouteflika dès son investiture en 1999.
Abdelkader Messahel
En effet, le ministre délégué algérien chargé des Affaires maghrébines et africaines, a souligné, lundi, à partir de Niamey, la nécessité de « fonder notre soutien sur notre conviction que la responsabilité incombe d’abord à nos frères maliens à les accompagner dans leurs choix, en respectant leur souveraineté », de « réunir les conditions de représentativité et de consensus qui confèrent, notamment au gouvernement, la légitimité que requiert la situation de crise que vit le pays : adhésion des Maliens, de la classe politique et des forces vives du pays, y compris les forces armées, à un projet national fédérateur sur l’avenir institutionnel du pays et le règlement de la question du Nord ».
S’agissant de la lutte antiterroriste, qu’il a qualifiée de « permanente, continue et déterminée » contre le terrorisme et le crime transnational organisé, le ministre délégué a estimé qu’ »il s’agit d’une constante dans l’action des pays du champ, qui se sont dotés de mécanismes au niveau politique, militaire et sécuritaire pour mener une lutte commune contre le terrorisme et le crime transnational organisé. »
Officiellement, pour l’Algérie, Al Qaïda au Maghreb Islamique n’existe pas en tant qu’organisation internationale ainsi dénommée. M. Abdlekader Messahel ne l’a pas nommée préisément, se suffisant de généralités liant le terrorisme au « crime transnational ». M. Messahel a souligné que l’unité nationale et l’intégrité territoriale du Mali « ne se prêtent à aucune négociation ou concession » et que la recherche d’une solution politique négociée entre le gouvernement et la rébellion armée, « doit impliquer, comme une partie de la solution, les populations du Nord et les acteurs qui rejettent le terrorisme et qui ne remettent pas en cause l’intégrité territoriale du Mali ».
M. Messahel semble viser dans par ces déclarations la rébellion Touareg et son mouvement le MNLA (Mouvement national de Libération de l’Azawad), un mouvement autonomiste contre lequel l’Algérie a prêté main forte par le passé. La rencontre, le mois de juin dernier, entre Abdelaziz Bouteflika et des émissaires du groupe terroriste d’Ansar Eddine semble être dans cette logique qui consiste à « dialoguer » avec Al Qaïda au Maghreb islamique et à étouffer, au moyen de cette organisation terroriste, le mouvement autonomiste Touareg. Le retour du Président malien par intérim, Dioncounda Traoré fin juillet dernier à Bamako après des soins en France suite à son agression dans son bureau de la capitale malienne, relancera-t-il la décision de la CDAO d’envoyer une force armée conjointe au nord du Mali ? Les voisins ouest-africains du Mali ont sommé le président Traoré à demander « sans délai » à la Communauté économique des Etats d’ Afrique de l’Ouest (Cédéao) et l’ONU l’envoi d’une force africaine au Mali. Des chefs militaires de la Cédéao ont affirmé jeudi à Abidjan ne plus attendre qu’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU pour déployer au Mali quelque 3 000 hommes. Le Conseil de sécurité s’est abstenu jusque-là de donner un mandat à une éventuelle force ouest-africaine au Mali, attendant plus de précisions sur ses contours et sa mission. Abdelkader Messahel qui salue le retour de Traoré n’a pas évoqué, hier, cet aultimatum formulé par la CDAO quant à une intervention militaire au Nord du Mali.
Au sujet du rôle de la communauté internationale, il a rappelé la CEDEAO « a des responsabilités statutaires qui lui confèrent un rôle au Mali », de même que les pays du champ qui, selon lui, « ont, de leur côté, un rôle naturel à jouer, s’agissant notamment de la situation dans le Nord qui a des incidences directes sur leur propre sécurité nationale (…) C’est pourquoi, a-t-il expliqué, les pays du champ se considèrent à juste titre comme partie prenante à tout effort de recherche de sortie de crise et ont la responsabilité d’accompagner le Mali, en fédérant leurs efforts et en agissant ensemble, notamment par le recours à la facilitation et au dialogue, pour favoriser une solution négociée et durable à la crise malienne ». L’Union africaine, a poursuivi le ministre délégué « demeure l’autorité politique de référence pour la gestion du dossier malien, aux plans sous-régional, continental ou international » et les Nations unies « ont un rôle d’appui aux solutions décidées aux plans sous-régional et continental ». Depuis près de cinq moins que les groupes terroristes d’Al Qaïda au Maghreb islamique ont envahi la partie nord du Mali et en occupent les principales villes, ni la CDAO, encore moins l’Union africaine n’ont prouvé leur efficacité pour résoudre la crise malienne.
Ainsi et malgré les alertes lancées par les Etats-Unis et la France sur le danger d’Al Qaïda au Maghreb islamique qui risque d’embraser la région et le continent africain, malgré aussi les violences perpétrées par le groupe terroriste d’Ansar Eddine dans les villes de Tombouctou et de Gao qu’il occupe, les pays du champ dont l’Algérie restent attentistes, minés, eux aussi, par des dissensions internes.
R.N