Que deviendra l’accord de « paix et de réconciliation » signé le 11 juillet dernier au Maroc par des factions libyennes, y compris les réfractaires députés de Misrata, les deux principaux partis politiques : l’Alliance des forces nationales et le parti de la Justice et la Construction, le bras politique des frères musulmans, les maires des principales villes (Tripoli, Benghazi, Sebha, Misrata, Zliten, Ajdebia et Mislata) ?
Le Congrès national général (CNG) de Tripoli qui est sous la coupe de Fajr Libya, une coalition de milices hétéroclites, freine des quatre fers. Prétendant régner sur 60% de la Libye, il refuse d’être traité, comme son rival de Tobrouk qui n’exercerait son pouvoir que sur (10% du pays). Outre son « illégalité » qu’il déterre-la Cour suprême a invalidé en novembre dernier les résultats des élections du 25 Juin 2014-le CGN qui est déterminé à être l’acteur clé du conflit, se découvre une âme « souverainiste ».
Il plaide ouvertement pour des négociations sans médiation. L’argument qu’il avance ? : « Donner la priorité à l’intérêt national et l’obtention d’un accord prenant en compte la souveraineté » du pays.
« Nous pouvons nous asseoir et discuter ici, en Libye, sans intermédiaire ou ingérence d’un quelconque camp.
Nous, le peuple libyen, avons la capacité de dépasser tous les points de divergence », explique-t-il dans un communiqué de quatre pages. Cette sortie du CGN deux semaines après l’accord « arraché » aux Libyens par Bernardino Leon, l’émissaire onusien, au terme de plusieurs mois de négociations, intrigue.
Outre le fait qu’elle coïncide avec une dégradation de la situation sécuritaire, elle intervient au lendemain d’un déplacement en Turquie de responsables de Fajr Libya, menés par Abdelhakim Belhadj, un ex d’al-Qaïda en Irak, qui fait, comme beaucoup de responsables à Tripoli, de la mise à l’écart du général Khalifa Haftar, commandant en chef de l’Armée nationale libyenne, une fixation.
A Tripoli, les services de sécurité tentaient hier encore de déterminer où se trouvent les quatre Italiens kidnappés lundi. A Benghazi, les combats font souvent rage entre les troupes du général Haftar et celles proches de Daech.
Ces dernières essaient de renforcer leurs positions à Syrte et à l’est du pays, une « réalité » qui irrite l’Egypte.
Le Caire qui est en guerre contre ses « terroristes » au Sinaï, craint l’ouverture d’un nouveau front sur son flanc ouest. Elle réclame avec ardeur une force arabe commune pour lutter contre Daech. L’accord signé en juillet est censé aboutir à la formation d’un gouvernement d’union nationale et la tenue de nouvelles élections.
Quasiment tous les pays du monde, notamment l’Algérie, l’ont accueilli favorablement. Samedi, elle a réitéré, par la voix de Abdelkader Messahel, le ministre des Affaires maghrébines, de l’Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, son « soutien indéfectible et continu » aux efforts des Nations unies.
Djamel Boukrine