Amar Ghoul nous propose de réduire les salaires des ministres et des hauts responsables d’un petit “5 à 7%” pour “donner l’exemple et montrer (leur) solidarité avec notre pays qui souffre de cette crise financière”.
Le président de Taj voudrait donc que son idée ait valeur d’exemple. Un exemple pour qui en fait ? Car la masse des Algériens a commencé à payer, dans son quotidien, pour les effets de la crise. Elle endure déjà les conséquences de l’inflation spectaculaire qui touche les produits alimentaires et ceux d’une dépréciation-dévaluation quasi clandestine de la monnaie nationale.
C’est, d’ailleurs, parce que le citoyen est soumis, par ce double mécanisme de dévaluation-inflation, à une forte compression de son niveau de vie, que le pouvoir n’ose pas s’attaquer aux droits sociaux acquis, de crainte de rendre cette pression insupportable.
La proposition exprime, peut-être, aussi, et au-delà de son caractère fantaisiste, le sentiment de culpabilité d’une classe de gestionnaires qui a conduit le pays à l’impasse économique et, subséquemment, sociale. Car cette déclaration aux allures de galéjade suppose que le problème du pays réside dans la rémunération de ses dirigeants et de ses dignitaires — encore que c’est un vrai problème, ces abus de privilèges — et non dans ses dirigeants eux-mêmes ! C’est pourtant en eux que réside l’hypothèque du développement national ! La preuve est qu’après une année de crise, le pouvoir n’arrive pas encore à définir les mesures à prendre pour la sauvegarde des équilibres financiers de l’État. Il semble faire dans le déni : ses hésitations donnent à penser qu’il mise, en dépit de toutes les prévisions, sur un retournement prochain du cours du pétrole.

Le ministre du Tourisme croit-il vraiment que sa généreuse proposition peut compenser la faillite ruineuse du projet d’autoroute, par exemple ?
Et puis, que peut avoir de significatif ou de symbolique une réduction de 5% de l’indemnité de parlementaire dont la dernière augmentation avait atteint les 300% ? N’est-ce pas plutôt sa gestion gaspilleuse que le pouvoir refuse de regarder dans sa dispendieuse réalité ? Pourquoi l’intérêt économique du pays ne lui inspire-t-il pas de poser, entre autres questions évidentes, la question de l’utilité d’un ministère du Tourisme dont la fonction se réduit à la supervision de quelques hôtels-dortoirs et d’une foule d’agences qui organisent des voyages vers l’Arabie, Dubaï, Istanbul et Hammamet ? L’on n’aura peut-être, alors, pas qu’un pourcentage de salaires à économiser, si l’on décide de fermer un ministère sans objet réel et qui se paye le luxe idéologique d’obliger ses cadres à traduire leur courrier en arabe !
Il faudra, malheureusement, bien plus que 5% des salaires de responsables pour payer la facture de la faillite nationale.
M. H.