Comme en 2007, la tension sur le marché de lait en sachet est de retour. Plusieurs wilayas du pays sont touchées, notamment la région Centre. Et pour cause, dix laiteries observent un arrêt de travail en procédant à la réduction de leur production.
La baisse de 50% des affectations, depuis 2008, des quotas en poudre de lait accordés à certains laitiers et la restriction de la commercialisation du lait en sachet dans les seules limites territoriales de la wilaya d’implantation de la laiterie suscitent un malaise parmi les transformateurs. Constitué en un collectif informel, les propriétaires des 10 laiteries privées, sur les 90 réparties sur le territoire national, tirent la sonnette d’alarme
Ce groupe, composé des laiteries El Kahina, Betouche, Liko, Coporlait, La Vallée, Djurdjura, Miramar, Pâturage, Hodna Lait et Amine, ne cache pas ses inquiétudes. Ce collectif s’insurge notamment contre les restrictions imposées, « sans dialogue » en matière d’approvisionnement en poudre de lait. « La formule avec laquelle sont distribués les quotas par le Comité interprofessionnel du lait (CIL) nous lèse beaucoup. La diminution des quotas ne touche que les laiteries privées et cela commence déjà à affecter le marché », soutient un responsable de la laiterie Monlait.
Ces laiteries sont soumises à des difficultés d’approvisionnement depuis 6 mois, à en croire les déclarations de leurs propriétaires. « Les prix de la poudre de lait sur les marchés internationaux ont augmenté. La demande est sans cesse croissante. Vu ces contraintes, les quantités de sachet en lait ont beaucoup baissé. Cela est annonciateur d’une grave crise dans les prochains jours », prévient la même source. L’une des conséquences de ces restrictions, les 10 laiteries privées tournent au ralenti.
La Production au rallenti
A lui seul, ce groupe de laitiers privés produit un million de litres par jour, soit un cinquième de sa capacité de production. « La limitation des quotas ne sera pas sans conséquence sur la plan social. Si ça continue sur cette lancée, nous songeons déjà à réduire nos effectifs », s’attriste un dirigeant à la laiterie Betouche. Les laitiers révèlent que « des personnes au sein du CIL, aucunement représentatives des véritables professionnels de la filière lait, fournissent au ministère de l’Agriculture des statistiques erronées sur les besoins des laitiers en poudre de lait ». Ce qui explique, selon eux, la réduction drastique des quotas en poudre de lait décidée par les autorités.
Les griefs de ce groupe de laitiers ne s’arrêtent pas là. La mesure portant limitation de la commercialisation du lait en sachet dans les seules limites territoriales de la wilaya d’implantation de la laiterie suscite, en outre, la grogne des opérateurs. « Avec cette mesure, les parts de marché des producteurs de sachet en lait vont se rétrécir. C’est déloyal », peste le responsable de la laiterie Bettouche. Pour les propriétaires de ces laiteries privées, cette mesure s’apparente à une « pratique de fait accompli » et une « exclusion pure et simple », y voyant une manière de les pousser vers la fermeture. Dans un communiqué rendu public avant-hier, dont nous détenons une copie, ils précisent que « les missions du CIL sont dévoyées du fait de la partialité en vigueur érigée en règle. Un tel contexte nuit à la sérénité relationnelle et induit la déstabilisation de la régulation et la croissance de la filière ».
Restriction de la matière première
Pourtant, selon eux, la « création du CIL avait pour but, entre autres, de dynamiser la relation interprofessionnelle.
Le CIL devait être une structure d’échanges de point de vue, de concertation mutuelle et de prises de décisions à la faveur de tous les acteurs de la profession pour promouvoir la filière lait d’amont et en aval ». Ils ne manquent pas, par ailleurs, d’exprimer leur désarroi.
« Confrontés au non-dialogue, aux difficultés d’approvisionnement et une demande de sachet en lait sans cesse croissante qui ne peut être satisfaite, nous sommes acculés de fait à des arrêts de travail », s’offusquent-ils. En dernier lieu, les propriétaires de ces laiteries, dans un courrier adressé le 8 juin au ministère de l’Agriculture et du Développement rural, ont sollicité l’arbitrage de Rachid Benaïssa, pour trouver une solution à ce qu’ils qualifient de « dysfonctionnement regrettable ».
Hocine Lamriben