Selon le cardinal Jean-Paul Vesco, archevêque d’Alger, la crise diplomatique franco-algérienne met en lumière une cicatrice coloniale non refermée. S’exprimant sur France 24, il a exhorté la France à « regarder en face son passé« , qualifiant la relation historique de « rapport d’abuseur à abusé« .
Une nouvelle escalade dans les relations entre l’Algérie et la France se produit. En réponse à la demande d’Alger de rapatriement de 15 fonctionnaires français, Paris, selon le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, prévoit l’expulsion de nouveaux diplomates algériens.
Après avoir exprimé son soutien à l’élection du nouveau pape Léon XIV, le qualifiant de « faiseur de paix« , Jean-Paul Vesco revient sur la crise diplomatique entre la France et l’Algérie, dénonçant un « rapport d’abuseur à abusé« .
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L’archevêque d’Alger appelle la France à « regarder en face son passé »
Depuis Rome où il a assisté à l’élection du nouveau pape, Jean-Paul Vesco a déclaré sur France 24 que la crise actuelle entre l’Algérie et la France est plus grave qu’elles aient connue et qu’elle semble être alimentée intentionnellement : « C’est la crise la plus grave entre l’Algérie et la France et on sent qu’elle est entretenue et nourrie« .
« En tant que Français vivant en Algérie depuis plus de 20 ans et en tant que Franco-algérien, j’ai une vision, j’ai un regard, que l’on ne peut pas avoir depuis la France » a-t-il soutenu, persuadé que « ce n’est pas simplement la question des rapports entre la France et l’Algérie, ce n’est pas deux pays, deux États, mais à travers les rapports et les tensions entre les deux États, ce sont des millions de personnes qui se sentent en insécurité« .
Par ailleurs, l’archevêque d’Alger affirme que 130 ans de colonisation ont laissé une blessure profonde dans l’âme algérienne, regrettant l’absence d’une véritable reconnaissance de cette réalité. Il estime que sans cette confrontation avec le passé, les relations franco-algériennes resteront conflictuelles.
L’archevêque d’Alger appelle à éviter l’instrumentalisation des relations franco-algériennes
« Je pense qu’il y a entre la France et l’Algérie un rapport d’abuseur à abusé et ce n’est pas une violence comme les autres, elle doit être traitée comme telle« , insiste le cardinal Vesco.
L’archevêque d’Alger reconnaît la difficulté de présenter des excuses pour la période coloniale, « aucun Français actuel n’étant personnellement responsable« . Cependant, il insiste sur « une responsabilité collective » et appelle à la fraternité comme alternative à la construction de murs entre les peuples.
« Je n’ai pas de solution, je veux simplement alerter sur le fait que, dans le silence, on ne les entend pas (…) c’est la nation française qui est en train de se fracturer » poursuit-il en expliquant « qu’il y a un soubassement, que ce sont des émergences à des problèmes beaucoup plus profonds« .
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