Crise financière : L’Impact sur l’Algérie

Crise financière : L’Impact sur l’Algérie

Si l’impact direct de la crise financière est restreint dans la plupart des pays de la région Maghreb et Moyen-Orient, notamment l’Algérie, en raison de leurs liens limités avec le système financier mondial, l’impact sur l’activité réelle est bien là. L’économie nationale risque en effet de pâtir du ralentissement de l’économie mondiale. L’impact indirect sur la région se manifeste déjà par la baisse des exportations hydrocarbures, la réduction des envois de fonds et la baisse des investissements directs étrangers.

Si la récession sera plus longue, il y a risque de contagion. A court terme, l’on s’attend à ce qu’il y ait des effets négatifs. Premier indice, selon Amor Tahari, directeur adjoint du Fonds monétaire international (FMI) pour la région MENA, la disparition des excédents budgétaires dans les pays producteurs de pétrole de la région comme c’est le cas pour l’Algérie même si cette catégorie de pays a accumulé des réserves par le passé pourra continuer les dépenses les dépenses d’investissement.

Dans un point de presse consacré hier à la présentation du rapport sur les perspectives économiques de la région pour 2009, le représentant du FMI a clairement noté en présence du gouverneur de la Banque d’Algérie, M. Mohamed Laksaci, que le solde des transactions courantes va enregistrer une baisse très importante. Il pourrait présenter un déficit de 10 milliards de dollars en 2009 contre un excédent de 400 milliards de dollars en 2008. Globalement, pour la première fois depuis de nombreuses années, selon les précisions de M. Amor Tahari, la région passera de 14% d’excédent en 2008 à 3% de déficit en 2009, alors que la croissance pourrait tomber à 2,5% en 2009 contre 6% en 2008.

Pour le cas de l’Algérie, le taux prévu en 2009 est de 2,1% contre 3% en 2008. L’on s’attend à une croissance de l’ordre de 3,9% en 2010. Cependant, même si les pourcentages de la croissance resteront positifs, ils ne seront pas suffisants pour absorber le chômage. «Des taux de croissance entre 2,5% et 3% ne seront pas suffisants pour réduire le chômage», a relevé le conférencier, non sans avoir précisé : «Pour maintenir le même taux de chômage de 2008, il faudrait au moins créer entre 300 000 et 400 000 emplois annuellement.» Ce qui semble difficile à faire dans la conjoncture actuelle. Car, a expliqué M. Amor Tahari «il faudrait des taux de croissance soutenus et continus».

Face à cette situation, le FMI préconise de mettre l’accent sur des dépenses sociales ciblées pour aider les populations et de faciliter la création d’emplois. Il s’agit d’autre part en matière de politique économique de faire en sorte que les secteurs financiers nationaux soient plus résistants en suivant par exemple de près les principaux pôles de risques. L’autre point à prendre en considération est la coordination des politiques des différents pays de manière à limiter les effets de débordement. Et pour cause, le ralentissement de la croissance pourrait mettre en évidence des vulnérabilités dans les systèmes bancaires.

Sur le plan macroéconomique, l’Algérie en particulier et les pays producteurs de pétrole de manière globale sont invités à réagir au mieux à la chute des cours de brut. En matière d’enjeux, il n y pas de grands changements. «Ce sont les mêmes enjeux d’avant la crise», a noté M. Amor Tahari. En plus de l’action sociale et de la création d’emplois, il y a lieu de diversifier l’économie, de centrer les dépenses sur le renforcement de la capacité de production et d’améliorer le climat des affaires. Le FMI est encore revu sur la nécessité de l’intégration économique maghrébine. «L’intégration est une nécessité. Ce n’est plus un choix», a-t-il dit.A titre indicatif, le rapport du FMI intervient après celui d’octobre. Il a été publié dimanche (avant-hier) avant d’être présenté hier à Alger.