cette LFC 2015 pourra-t-elle être une réponse pour éviter les impacts de la chute des cours du pétrole en 1986 sur la société algérienne : crise financière, crise économique, crise sociale et crise politique, cessation de paiement fin 1993 et rééchelonnement en 1994.
Au vu du montant des importations même compressé au rythme modéré de 20 à 25 milliards de dollars à compter du 2 avril 2015 , au cours moyen de 60 dollars les réserves de change devraient clôturer au 31/12/2015 entre 140/145 milliards de dollars et beaucoup moins aux cours de 55 dollars, nous aurons un montant entre 135/140 milliards de dollars au vu des prévisions des importations, pouvant s’ épuiser entre 2019/2020, sauf endettement exxtrieur. Précisons que ces réserves, non compris les 173 tonnes d’or d’une valeur monétaire d’environ 7 milliards de dollars au cours actuel, incluent le quote-part au Fonds monétaire international de 1,96 md de DTS (près de 3 milliards de dollars), s’ajoutant à la décision de l’Algérie en octobre 2012 de participer à l’emprunt lancé par le FMI avec un montant de 5 milliards de dollars.
3.-Incidences macro-économiques : taux de croissance et taux d’inflation
Le taux de croissance se calcule par rapport à la période précédente. Ainsi un taux de croissance élevé en 2015 par rapport à un taux de croissance faible en 2014, donne cumulé un taux de croissance relativement faible. En Algérie, les segments hors hydrocarbures dont le BTPH, les subventions aux entreprises sont irrigués à plus de 80% par la rente des hydrocarbures, les entreprises véritablement autonomes vivant en partie sur l’autofinancement représentent moins de 20% de la valeur ajoutée globale. C’est dans ce care qu’il faille situer les indicateurs officiels pour qui la croissance économique prévue est de à 3,8% contre 3,4% initialement, avec une part hors hydrocarbures de 5,1%, contre 4,3% dans la loi de finances initiale. Une croissance de 8/9% sur 7/8 ans reposant sur les segments productifs est nécessaire sinon , il ne peut y avoir de création d‘emplois à valeur ajoutée qui permet de maintenir la paix et la cohésion sociale, une Nation ne pouvant distribuer plus que ce qu’elle crée de richesses. Selon les données officielles de l’ONS, la population active fin 2014, au sens du BIT, est de 12 millions pour une population d’environ 39,5 millions. Pour les données disponibles de 2013, selon l’ONS, sein de la structure de l’emploi le BTPH représente 16,5%, l’industrie 12,6%, l’agriculture 9,5% et le commerce servies (micros unités) 61,4% avec une dominance du secteur privé 58,9% de l’emploi total. Le nombre de salariés est évalué à 7.393.000 dont 3.508.000 non permanents et 3.785.000 permanents. Le salariat est la forme dominante et touche 65,3% des personnes en activité, minimisant certainement le poids de la sphère informelle qui représente 50% de la superficie économique. La tertiairisation de l’économie et l’administration est dominante (emplois rente) et la productivité du travail est une des plus faible au niveau du bassin méditerranéen, l’Algérie selon un rapport de l’OCDE dépensant deux fois plus pour avoir deux fois moins d’impacts au niveau de la région MENA. Les raisons de la faiblesse d’entreprises compétitives publiques ou privées sont imputables à la bureaucratie paralysante, le foncier, le système financier et un système socio -éducatif non adapté. Aussi, l’application de l’abrogation de l’article 87 bis doit se faire d’une manière graduelle si l’on veut éviter l’accélération du processus inflationniste. Concernant le taux d’inflation, l’officiel a été le suivant : en 2008 : 4,5% ;en 2009 : 5,7% ;en 2010 : 5% ;,en 2011 : 8,9% en 2012, 3,25% en 2013, 3,5 % en 2014. II faut d’abord au préalable indiquer que le taux d’inflation se calcule par rapport à la période précédente et qu’un taux faible en 2045 par rapport à un taux élevé en 2014 donne un taux cumulé élevé devant analyser la répartition du revenu national et du modèle de consommation par couche sociales, le ménage ayant un revenu collectif de 50.00 dinars par mois n’ayant pas la même perception de l’inflation que celui qui perçoit 200.000 dinars et plus. Reconnaissons que pour l’instant l’inflation est comprimée transitoirement par des subventions et transferts sociaux (60 milliards de dollars soit 27/28% du PIB) toujours grâce aux hydrocarbures pour calmer le front social, sinon il dépasserait les 10% qui se répercuterait forcément sur le taux d’intérêt bancaire , comme en 1995/1996 où il était supérieur à 15%. Précisons que le dérapage du dinar officiel par la banque d’Algérie voile l’importance du déficit budgétaire, donc l’efficacité de la dépense publique et gonfle le fonds de régulation des recettes. Le taux de change pour un euro en 2001 était de 69,20 dinars et 77,26 dinars un dollar ; en 2005 un euro se cotait 91,32 dinars et 73,36 un dollar ; en 2010 nous avons 103 dinars pour un euro et 74 dinars pour le dollar ; en 2012, 102 dinars pour l’euro et 77 dinars pour le dollar ; en 2013, 105 dinars pour un euro et 79 dinars pour un dollar et depuis le 20 juillet 2015, le dollar se cote officiellement à plus de 100 dinars.
4.- Quelles perspectives ?
L’Algérie doit utiliser à bon escient ses réserves de change et a des potentialités afin de surmonter cette conjoncture difficile du fait du faible niveau d’endettement. Concernant l’endettement, grâce au remboursement par anticipation, la dette extérieure est passée de 22,70 en 2001 à 5,92 en 2008, 5,68 en 2009, à 5,68 en 2010, à 4,40 en 2011, 3,63 en 2012 et à 3,396 en 2013 et 3,666 milliards de dollars à fin 2014. Mais l’Algérie devra procéder forcément à des ajustements économiques et sociaux douloureux, si le pays veut éviter de revenir aux années 1990 et donc avec l’épuisement des réserves de change au FMI. .-Gouverner c’est prévoir. Une mise à niveau de certains responsables s’impose afin d’éviter que leurs actions aient des effets dévastateurs pour l’avenir du pays, bloquant le développement réel, laissant seules les forces de sécurité et l’ANP confrontées à la population. Privilégiant les intérêts supérieurs du pays et non des intérêts personnels ou partisan, évitons de vendre des rêves en disant la vérité, rien que la vérité, sans sinistrose, ni autosatisfaction source de névrose collective et ce en prenant des décisions courageuses. Une plus grande rigueur budgétaire s’impose. Mais l’austérité doit être partagée, renvoyant à la morale de ceux qui dirigent la Cité. L’exploitation de la crise peut apporter gros si elle est perçue comme un demi-mal et si elle permet d’approfondir les réformes structurelles, la réhabilitation du travail et de l‘intelligence. Les batailles futures certes difficiles mais pas impossibles ayant d’importantes potentialités, pour le développement en Algérie face aux bouleversements géostratégiques mondiaux entre 2015/2025 qui s’annoncent irréversibles tant dans le domaine politique, militaire, économique qu’énergétique, seront conditionnées par la bonne gouvernance et la valorisation du savoir .
Par Dr Abderrahmane Mebtoul