Crise en Ukraine, La Russie intègre la Crimée

Crise en Ukraine, La Russie intègre la Crimée

Poutine a signé, hier, avec effet immédiat, le traité intégrant de « deux nouveaux sujets, la Crimée et la ville de Sébastopol », dans la Fédération de Russie.

« La République de Crimée est considérée comme rattachée à la Fédération de Russie à compter de la date de signature de l’accord », indique le Kremlin après la signature de l’accord par Poutine et les dirigeants de la péninsule, le président du Conseil suprême de Crimée, Vladimir Konstantinov, le Premier ministre de la République autonome de Crimée, Sergueï Aksionov, et le président du Conseil municipal de Sébastopol, Alexeï Tchaly. « Les lois et autres normes législatives de la Fédération de Russie sont appliquées dans la République de Crimée et la ville de Sébastopol à partir de la journée de leur adhésion à la Fédération de Russie et de la formation de nouvelles entités de la fédération, si rien d’autre n’est prévu par la législation russe », ajoute le Kremlin.



Devant les deux chambres du Parlement, les gouverneurs et les membres du gouvernement, le président russe n’y est pas allé avec le dos de la cuillère dans son discours. Ni avec Kiev ni avec les Occidentaux. « Ne croyez pas ceux qui vous font peur au sujet de la Russie, qui vous disent qu’après la Crimée, vont suivre d’autres régions. Nous ne voulons pas la scission de l’Ukraine, nous n’en avons pas besoin », dit-il à l’adresse des Ukrainiens et des peuples de l’ex-URSS. Et d’ajouter à l’égard des Occidentaux, qu’il accuse d’avoir « franchi la ligne rouge », de se comporter d’une « manière irresponsable », de faire preuve de « cynisme », d’agir selon « le droit du plus fort » et d’« ignorer le droit international ».

« Nous ne sommes pas contre une coopération avec l’Otan, au contraire. Mais nous sommes opposés à ce que l’Alliance, qui reste une organisation militaire, agisse en maître près de notre palissade, de notre maison, ou dans nos territoires historiques. Je ne peux même pas imaginer qu’un jour, on aille à Sébastopol rendre visite aux marins de l’Otan », a souligné le président russe. « Dans le cœur et la conscience des gens, la Crimée, qui a été offerte en 1954 à l’Ukraine en violation des normes constitutionnelles, était et reste une partie intégrante de la Russie », dit-il, demandant au Parlement d’entériner vendredi prochain cette intégration. « Nous sommes prêts à le faire sans tarder (…). Je suppose qu’il est possible d’accomplir toutes ces procédures juridiques d’ici la fin de la semaine », lui répond la présidente de la Chambre haute, Valentina Matvienko.

Comme Poutine, elle estime que la Russie aurait trahi les habitants de la péninsule si elle n’avait pas répondu à leurs appels à les protéger face à la contestation à Kiev qui a abouti à la destitution du président Viktor Ianoukovitch. « 96,77% des habitants de la République de Crimée, faisant jusque-là partie de l’Ukraine, ont voté le 16 mars en faveur du rattachement à la Russie. Nous respectons toutes les ethnies de Crimée.

C’est leur maison commune, leur pays natal, et il sera juste pour la Crimée d’adopter trois langues d’Etat : le russe, l’ukrainien et le tatar », a déclaré Poutine avant de « titiller » les Ukrainiens. « Les actes de déstabilisation menés contre l’Ukraine étaient dirigés aussi contre la Russie et l’intégration dans l’espace eurasiatique », leur dit-il, invitant Kiev au dialogue et à la coopération sur toutes les questions-clés. A Kiev, le porte-parole de la diplomatie ukrainienne, Evguen Perebyïnis, a déclaré que l’Ukraine ne reconnaîtrait « jamais la soi-disant indépendance et le soi-disant accord sur le rattachement de la Crimée à la Russie ».

Le parti du candidat à la présidentielle du 25 mai, Vitali Klitschko, réclame la rupture des relations diplomatiques avec la Russie. Les Américains et les Européens, qui ont qualifié ce rattachement de « confiscation de territoire », menacent les Russes d’un isolement politique et économique croissant. Barack Obama invite les dirigeants du G7 et de l’UE à se réunir la semaine prochaine à La Haye, en marge du Sommet sur la sécurité nucléaire, pour débattre de la situation en Ukraine. Certains membres du G8 appellent à une reconsidération de leurs relations avec Moscou.

Djamel Boukrine