Crise en Syrie,L’opposition élit un Premier ministre

Crise en Syrie,L’opposition élit un Premier ministre

Ghassan Hitto répondant aux questions des journalistes

M. Hitto et les membres de la Coalition de l’opposition ont repris leurs discussions avec pour objectif de définir la formation et les prérogatives du futur exécutif.

Sitôt élu par l’opposition syrienne, le nouveau premier ministre intérimaire Ghassan Hitto a commencé mardi à Istanbul à plancher sur la composition du gouvernement chargé de gérer les territoires syriens aux mains de la rébellion, alors que le Liban a dénoncé le premier raid syrien sur son territoire. Après quelques heures de sommeil, M.Hitto et les quelque 70 membres de la Coalition nationale de l’opposition syrienne ont repris, hier matin leurs discussions à huis clos dans l’hôtel stambouliote qui les héberge depuis lundi, avec pour objectif de définir la formation et les prérogatives du futur exécutif. Juste après son élection dans la nuit après quatorze heures de pourparlers, le nouveau chef du gouvernement provisoire a indiqué à la presse qu’il allait «annoncer bientôt le programme de (son) nouveau gouvernement». Ghassan Hitto doit donner sa première conférence de presse de premier ministre intérimaire à la mi-journée (11h00 GMT). Selon les membres de la Coalition, son exécutif doit être installé dans les territoires du nord et de l’est de la Syrie conquis par les rebelles hostiles au régime du président Bachar al-Assad, plongés dans le chaos et l’insécurité. L’opposition syrienne souhaite également qu’il facilite la livraison d’armes aux rebelles, souhaitée par certains pays occidentaux comme la France et la Grande-Bretagne. Né en 1964, M.Hitto était jusqu’à l’an dernier cadre supérieur dans une compagnie de télécommunications au Texas (Etats-Unis) mais a rejoint en novembre 2012 les rangs de l’opposition et s’est impliqué dans l’assistance humanitaire à la population syrienne. Même s’il a été présenté comme un candidat de consensus, susceptible de rassembler les courants islamistes et libéraux de l’opposition au régime de Damas, la victoire par 35 voix sur 49 de cet homme issu de la mouvance islamiste est loin d’avoir fait l’unanimité. Illustration de la persistance de fortes divisions dans ses rangs, plusieurs membres de la Coalition ont refusé de participer au vote, accusant les Frères musulmans d’avoir imposé la candidature de Ghassan Hitto. «Nous ne voulons pas que ce qui s’est passé en Egypte se reproduise en Syrie. Ils ont détourné la révolution», a indiqué à l’AFP un des membres de la Coalition, Kamal Labwani. Issu des Frères musulmans, son «collègue» Farouk Tayfur a rejeté ces accusations, affirmant que son mouvement avait «soutenu Hitto en tant que candidat du Conseil national syrien». Outre la formation de son équipe, le chef du gouvernement intérimaire va devoir rapidement imposer son autorité aux différents groupes rebelles à la pointe du combat engagé depuis deux ans contre l’armée de Bachar al-Assad. Ces groupes rebelles vont délimiter «jusqu’à quel point ils sont prêts à accepter les prérogatives du premier ministre. Cela pourrait prendre du temps», a commenté un des membres de la Coalition, Samir Nashar. Avant même son élection, l’Armée syrienne libre (ASL), la principale force armée de la rébellion, s’est rangée sans condition derrière le futur chef de l’exécutif provisoire. «Nous soutiendrons ce gouvernement et travaillerons sous son égide», a déclaré son chef d’état-major Selim Idriss, présent lors de la réunion d’Istanbul. Loin des discussions d’Istanbul, le président libanais Michel Sleimane a sévèrement condamné mardi le raid «inacceptable» mené la veille, pour la première fois depuis le début du conflit, contre son territoire. Cette attaque avait été confirmée et dénoncée la veille par le département d’Etat américain, qui l’a qualifiée d’»escalade significative». De son côté, le régime syrien a accusé mardi les rebelles d’avoir tiré un missile avec une tête chimique dans la province d’Alep (nord) qui a fait quinze morts, selon l’agence de presse officielle syrienne Sana. C’est la première fois que le régime du président Assad porte une telle accusation contre rebelles. La communauté internationale a multiplié les mises en garde à Damas contre le recours aux armes chimiques. Entamé il y a deux ans, le conflit syrien a déjà tué 70.000 personnes et provoqué le déplacement de millions d’autres, selon l’ONU.