«Le gouvernement algérien a sa propre vision au regard de ses relations historiques avec la Syrie»
Le chef de la diplomatie algérienne a pris la précaution de ne se référer, dans ses déclarations à Al Arabya, qu’aux positions de principe de l’Algérie.
La crise syrienne, le Sahara occidental, les relations de l’Algérie avec la France et les pays du Maghreb… ainsi que le dossier nucléaire iranien, ont été autant de points développés par le chef de la diplomatie algérienne dans un entretien accordé, dimanche, à la chaîne de télévision Al Arabya. Pour ce qui est de la Syrie, Mourad Medelci a affirmé que «le gouvernement algérien a sa propre vision, au regard de ses relations historiques avec la Syrie et sa coopération durable avec ce pays» et compte tenu de l’importante communauté algérienne établie dans ce pays. Il a ajouté qu’en dépit de l’échec des efforts arabes et internationaux pour mettre fin à l’effusion de sang, l’Algérie continue de soutenir toute solution émanant des parties en conflit. Tout en qualifiant d’effort supplémentaire pour le retour à la paix en Syrie, Medelci affirme que l’Algérie qui «n’a pas de parti pris, veut être un trait d’union entre les parties». Plus légaliste, Medelci ajoute que «le gouvernement syrien a la responsabilité de rétablir le calme et de garantir un climat favorable à une solution politique». Se disant favorable à la mise en place de zones sécurisées en faveur des réfugiés syriens, Medelci a tenu à préciser que «si le but des zones sécurisées est l’intervention étrangère l’Algérie s’y opposera». Le chef de la diplomatie algérienne qui fait état de contacts entre lui et l’émissaire de l’ONU, Lakhdar Brahimi, indique que «la paix ne saurait être réalisée par la poursuite des tueries, mais exige des concessions de la part du gouvernement syrien et de l’opposition armée».
Les contacts entre Medelci et Brahimi étaient également axés sur «la possibilité de dépêcher des forces militaires arabes et onusiennes pour le maintien de la paix en Syrie», indique le ministre des Affaires étrangères. Quant à sa position vis-à-vis de la fourniture par l’Iran d’armes au gouvernement syrien, M.Medelci a souligné que l’Algérie était «pour l’arrêt des aides susceptibles d’attiser les actes de violence quelle que soit leur source». Evoquant le dossier nucléaire iranien, M.Medelci a souhaité un traitement «rationnel» de ce dernier, tout en soulignant le «droit des Iraniens de développer leurs capacités nucléaires par des moyens pacifiques». Quant à une éventuelle demande de l’Algérie au président français François Hollande de reconnaître les crimes commis par la France coloniale en Algérie, l’hôte d’Al Arabya rétorque: «L’Algérie officielle n’a pas demandé des excuses officielles à la France, mais attend ces excuses à l’instar du peuple algérien».
A une question de savoir si l’Algérie craignait les menaces proférées aussi bien par les salafistes que par Al Qaîda, à savoir qu’après la Syrie ce sera le tour de l’Algérie, Medelci fera savoir que «l’Algérie a déjà connu une telle expérience, peut-être la plus lourde dans le monde arabo-musulman», allusion à la décennie de terrorisme qui a coûté au pays des dizaines de milliers de morts. Aussi, le peuple algérien qui porte encore dans sa chair les séquelles du terrorisme, est plus que jamais déterminé à lutter contre le terrorisme. La question du Sahara occidental n’a pas été en reste dans les questions d’Al Arabya. Tout en rappelant la position de principe de l’Algérie concernant le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui, Medelci met en exergue un détail fondamental: «L’Algérie n’est pas partie prenante au conflit mais elle est concernée et souhaite une solution pacifique.» Au volet des relations inter-maghrébines, le ministre des AE a tenu à rappeler la «réunion historique», le 10 juillet dernier, des ministres des Affaires étrangères de l’UMA, destinée à promouvoir la coopération sécuritaire, sur fonds de bouleversements post-révolutions. Il abordera plus particulièrement la coopération entre Alger et Tripoli en matière de protection des frontières, conformément aux accords bilatéraux entre les deux pays.