Crise en Syrie / Poutine aux Occidentaux «Voyez ce que vous avez fait en Libye»

Crise en Syrie / Poutine aux Occidentaux «Voyez ce que vous avez fait en Libye»

Le Premier ministre russe Vladimir Poutine a martelé hier que la Russie n’accepterait aucune forme d’ingérence en Syrie.

«Nous condamnons évidemment toute forme de violence d’où qu’elle vienne. Mais il ne faut pas se comporter comme un éléphant dans un magasin de porcelaine», a déclaré M. Poutine, un habitué des formules à l’emporte-pièce.



«Il faut laisser les Syriens décider eux-mêmes de leur sort», a insisté M. Poutine lors d’une rencontre à Moscou avec des dignitaires religieux. Rappelons que depuis le début, en mars 2011, du soulèvement contre le régime syrien, la Russie s’oppose à toute ingérence, alors que les Occidentaux ne cessent de réclamer le départ du Président Bachar al-Assad. Evoquant la situation en Syrie, mais aussi en Libye, M. Poutine a estimé qu’il fallait «laisser la possibilité aux peuples de ces pays de résoudre eux-mêmes leurs problèmes». La Russie a fait savoir par le passé qu’elle était opposée à un scénario libyen en Syrie, un point sur lequel est revenu M. Poutine. L’homme fort de Russie a critiqué l’intervention de la coalition internationale dirigée par l’OTAN en Libye, qui a conduit à la chute en octobre dernier du régime de Mouammar Kadhafi soutenu jusqu’au bout par Moscou. Dans certaines villes de Libye qui soutenaient l’ancien régime du colonel Kadhafi «se produisent aujourd’hui de terribles exactions, mais personne n’en parle», a estimé M. Poutine. «Ce sont là les horribles conséquences des ingérences étrangères, avant tout militaire», a-t-il ajouté. La Russie, membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, s’était abstenue lors d’un vote sur la Libye en mars 2011 qui a permis les frappes internationales contre les forces de Kadhafi, conduisant à la chute du régime. Mais Moscou n’a eu de cesse par la suite de répéter que l’ampleur de l’intervention des avions de l’OTAN contre les installations libyennes sortait du cadre de la résolution des Nations unies. A trois semaines de l’élection présidentielle russe à laquelle M. Poutine est le grand favori, «la Russie garde une position claire et ferme, dictée par les intérêts de l’Etat», a déclaré à l’AFP l’analyste Boris Dolgov. Plus tôt dans la journée, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, de retour de Damas où il a rencontré le Président syrien, a indiqué que le sort de Bachar al-Assad devait être réglé par «les Syriens eux-mêmes». Les entretiens avec M. Assad sont intervenus après le veto de la Russie et de la Chine samedi à l’ONU à un projet de résolution du Conseil de sécurité présenté par les Occidentaux et des pays arabes.

R. I. / Agences