Les observateurs arabes qui poursuivaient jeudi leur mission en Syrie en visitant les villes de Hama, Idleb et Deraa (sud) sont confrontés à des difficultés sur le terrain en raison des violences, et des appels internationaux ont été lancés pour faciliter leur travail.
Ces observateurs, dépêchés dans le cadre du plan de sortie de crise proposé par la Ligue arabe, ont pu visiter mercredi plusieurs quartiers de Homs, dont celui de Baba Amro, a indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). Le comité des observateurs arabes s’est rendu ensuite dans un autre quartier de la ville, Bab Sebaa, où un défilé de partisans du président Bachar al-Assad, avait lieu près du barrage al-Farabi.
Arrivé ce week-end en Syrie, le chef de cette mission, le général soudanais Mohammed Ahmed Moustapha Al-Dabi, avait affirmé que dès mercredi soir et jeudi à l’aube, les observateurs ont commencé à se déployer à Idleb, Hama, Deraa, et dans un périmètre de 50 à 80 km autour de Damas ».
M. Al-Dabi a indiqué que la première visite effectuée à Homs, à 160 km au nord de Damas, a été « bonne », ajoutant qu’il était en route pour y retourner. Les observateurs s’étaient entretenus mardi avec le gouverneur de cette région Ghassane Abdel Al des derniers évènements dans la région et le pays.
Mais quelques jours après le début de leur mission, les observateurs arabes ont eu affaire à des difficultés sur le terrain, notamment en raison du climat tendu et de l’ »appréhension » d’habitants de certaines régions, où les manifestations contre le régime en place étaient les plus violentes.
Dans le quartier de Baba Amro à Homs, des observateurs qui étaient escortés par un officier syrien avaient été empêchés d’y entrer dans un premier temps par des habitants, avant que ces derniers n’acceptent finalement leur présence, d’après l’OSDH.
Peu avant l’arrivée des observateurs, l’armée syrienne avait retiré ses chars des rues de Homs mardi, mais le chef de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane a déploré que les blindés « pourront être redéployés en cinq minutes » et a demandé aux observateurs de s’enquérir du sort des dizaines de milliers de personnes arrêtées depuis le début du soulèvement en mars. Toujours à Homs, des hommes armés ont entouré une voiture appartenant à la mission d’observation de la Ligue arabe dans la localité d’al-Braija.
Selon la radio locale Sham FM, le véhicule a réussi à fuir vers le quartier al-Nuzha quand les forces de l’ordre ont ouvert le feu sur ces hommes armés Ces incidents ont interpellé l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSCH) qui a dit « craindre que (…) les observateurs arabes ne deviennent les faux témoins des violations des droits de l’Homme commises en Syrie, et quittent le pays sans avoir pu voir la réalité ».
Par ailleurs, la Russie, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Sergeï Lavrov, a appelé la Syrie à « coopérer pleinement » avec les observateurs de la Ligue arabe et à créer des conditions de travail « libres » pour qu’ils puissent accomplir leur mission.
Moscou, qui avait annoncé dernièrement son intention de présenter un projet de résolution condamnant les violences perpétrées « par toutes les parties » en Syrie, a souligné qu’elle pourrait renoncer à son projet si la visite des observateurs arabes permettait de nouer le dialogue entre le régime syrien de Bachar Al-Assad et l’opposition.
Le département d’Etat américain a de son côté demandé aux autorités syriennes de permettre aux observateurs de l’organisation panarabe de se déployer partout.
Le porte-parole du département d’Etat , Mark Toner a jugé qu’il « est important qu’ils aient accès à toutes les zones afin de pouvoir mener une enquête complète », en demandant à ce que la mission puisse rencontrer « autant de membres de l’opposition que possible ».
La Chine a, quant à elle, a salué une « mission objective » de la Ligue arabe en Syrie, en se félicitant « des enquêtes objectives des observateurs ».
Pékin « espère que les parties concernées pourront mener des efforts conjoints pour mettre en oeuvre dans un esprit de sincérité cette mission afin de créer les conditions d’une sortie de crise appropriée en Syrie », a indique son porte-parole des Affaires étrangères.
La crise syrienne était en outre au centre jeudi d’entretiens au Caire entre le secrétaire général de la Ligue arabe Nabil Al-Arabi et le chef de l’opposition syrienne à l’étranger, Borhane Ghalioun.