Alors que la situation n’est toujours pas claire au niveau de la capitale, Tripoli, où le colonel Kadhafi mène sa guerre pour sauver son trône, à l’est du pays, on parle déjà de la mise en place d’un gouvernement provisoire.
Sur place, plusieurs médias ont rapporté que «le face-à-face perdure hier en Libye entre opposition et pouvoir». Des Libyens «terrés chez eux à Tripoli» où des «miliciens pro-Kaddafi patrouillent dans la rue, et des mercenaires héliportés à Misrata, la 3e ville du pays».
Par ailleurs, Kaddafi risque gros. Car le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté dans la nuit de samedi à dimanche, à l’unanimité, une résolution contre le dirigeant libyen.
Ces sanctions comprennent la saisine de la Cour pénale internationale, un embargo sur les armes, une interdiction de voyager et un gel des avoirs.
Les membres du Conseil de sécurité regrettent vivement «les violations flagrantes et systématiques des droits de l’homme, notamment la répression exercée contre des manifestants pacifiques» et considèrent que «les attaques systématiques et généralisées qui se commettent en Libye contre la population civile pourraient constituer des crimes contre l’humanité».
Agissant en vertu du chapitre VII de la Charte des Nations unies, le Conseil de sécurité exige qu’«il soit immédiatement mis fin à la violence et demande que des mesures soient prises pour satisfaire les revendications légitimes de la population». Il exhorte les autorités libyennes
à faire preuve de la plus grande retenue, à respecter les droits de l’homme et le droit international humanitaire» et à «garantir la sécurité de tous les étrangers, à veiller à ce que les fournitures médicales et humanitaires et les organismes et travailleurs humanitaires puissent entrer dans le pays en toute sécurité et à lever immédiatement les restrictions imposées aux médias».
Comme réaction à ses décisions de l’ONU, la chancelière allemande Angela Merkel s’est félicitée hier de la résolution adoptée par le Conseil de sécurité de l’ONU à l’encontre de Kaddafi appelant à son départ. Pour sa part, l’Union européenne a prévenu hier que «la répression de l’insurrection en Libye aura des conséquences». Dans ce cadre, la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton dira que «les autorités libyennes savent que leurs actes inacceptables et scandaleux auront des conséquences» alors que l’UE «est en train de finaliser des sanctions contre le régime similaire à celles adoptées samedi par le Conseil de sécurité de l’ONU».
En outre, le Royaume-Uni lève l’immunité diplomatique de la famille Kaddafi. Selon une déclaration sur la BBC, le ministre des Affaires étrangères William Hague dira que «le pays s’enfonce dans la guerre civile (…) et un gouvernement qui fait la guerre à son propre peuple, c’est qu’il est temps que le colonel Kaddafi s’en aille». Sur le plan de la communication, le fils de Kaddafi qui avait menacé les Libyens d’une guerre civile, Seif Al-Islam essaye de jouer les prolongations. Il a déclaré à la TV américaine ABC : «Nous n’avons pas d’argent à l’étranger» ajoutant : «Nous sommes une famille très modeste et tout le monde sait cela.» Selon lui «le calme règne en Libye, les militaires n’ont attaqué aucun civil». Il rejette toute idée de départ de Kaddafi. «Nous vivons ici, nous mourrons ici.»
Un gouvernement provisoire à Benghazi
Du côté de Benghazi, après la fête c’est l’organisation. Dans ce cadre, un membre du conseil municipal de Benghazi a déclaré hier que les villes libyennes sous contrôle de la rébellion avaient nommé l’ancien ministre de la Justice Moustafa Abdel-Jalil pour prendre la tête d’un gouvernement provisoire.
Selon Fathi Baja, «M. Abdel-Jalil avait été choisi par les comités dirigeant les villes de l’est du pays» qui sont désormais entre les mains des opposants à Kaddafi.
Pour sa part, l’ambassadeur de Libye aux Etats-Unis, Ali Aujali, a également déclaré samedi dernier que les opposants au maître de Tripoli s’étaient ralliés à l’initiative de former un gouvernement dirigé par M. Abdel-Jalil, qui a critiqué la répression sanglante du mouvement de contestation.
En plus de Benghazi, la ville de Zaouiyah, à 50 km à l’ouest de Tripoli, est «sous contrôle des rebelles qui ont hissé leur drapeau sur un bâtiment du centre-ville», selon une journaliste de Reuters. Il est à noter que Zaouiyah est considérée comme un lieu stratégique sachant que celle-ci abrite une raffinerie de pétrole.
S’agissant de la situation humanitaire, le nombre des morts qui est en hausse n’est toujours pas connu et le nom-bre de réfugiés est également élevé. Sur ce point, il est rapporté que 100 000 personnes ont fui les violences en Libye pour se rendre en Egypte et en Tunisie en une semaine.
Selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, «quelque 55 000 personnes sont arrivées en Egypte depuis le 19 février».
Par Nacera Chenafi