Le chef de l’armée d’Egypte, le général Abdel Fattah al-Sissi, a rencontré des dirigeants islamistes pour tenter de trouver une issue pacifique aux manifestations des partisans du président déchu Mohamed Morsi, ont annoncé les militaires hier.
Le général Sissi, qui a destitué M. Morsi le 3 juillet, a souligné qu’il y a encore des chances pour une solution pacifique à la crise à condition que toutes les parties rejettent les violences, a déclaré dans un communiqué le porte-parole de l’armée, le colonel Ahmed Aly, sans toutefois préciser quels dirigeants islamistes il avait rencontrés dans la nuit.
Mais une source militaire a indiqué à l’AFP que six figures politiques et religieuses avaient participé à ces discussions. En revanche, aucun dirigeant des Frères musulmans – dont est issu M. Morsi – n’était présent, a ajouté cette source sous le couvert de l’anonymat. Parmi les participants figuraient deux influents cheikhs salafistes, Mohammed Hassan et Mohammed Abdel Salam, qui se sont récemment adressés à la foule de partisans de M. Morsi, les haranguant depuis l’estrade de la place Rabaa al-Adawiya au Caire où ils observent un sit-in depuis un mois, a indiqué une autre source proche du dossier. Si les islamistes que le général Sissi a rencontrés ne sont pas membres des Frères musulmans, ils les ont soutenus à Rabaa al-Adawiya, a souligné la source militaire ayant requis l’anonymat.
Espérons que les Frères musulmans écouteront ce qu’ils ont à dire pour trouver une issue à la crise. Depuis plus d’un mois, des milliers de partisans des Frères musulmans, l’influente confrérie islamiste dont est issu M. Morsi, occupent deux places du Caire et mènent quasi quotidiennement des manifestations dans la capitale pour réclamer le retour du premier président élu. Le gouvernement intérimaire mis en place par l’armée a exprimé depuis quelques jours son intention de les déloger, par la force s’il le faut.
La communauté internationale, qui dépêche depuis une semaine d’importants émissaires au Caire pour tenter d’apaiser les deux parties, redoute une effusion de sang: en un peu plus d’un mois, plus de 250 personnes – essentiellement des manifestants pro-Morsi – ont été tuées dans des affrontements avec les forces de l’ordre.
Un important émissaire américain a mené hier une tentative de médiation en Egypte. Il veut éviter que la dispersion annoncée des manifestations des partisans de Mohamed Morsi ne tourne au bain de sang. L’alliance des pro-Morsi a rencontré pendant près d’une heure au Caire le secrétaire d’Etat adjoint, William Burns, l’ambassadrice des Etats-Unis en Egypte, Anne Patterson, et l’émissaire spécial de l’Union européenne, Bernardino Leon. Elle a estimé que le général Abdel Fattah al-Sissi, chef d’état-major de l’armée, ne devait pas faire partie d’un futur accord politique. Le général al-Sissi a déclaré au
«Washington Post» qu’il ne souhaitait pas être candidat à la présidentielle.
Elle souhaite également une solution fondée sur la Constitution qui a été suspendue par l’armée après le 3 juillet et réclame également une période de calme de manière à rétablir un climat de confiance ainsi que la libération des «détenus politiques».
A. M.