L’annonce a fait l’effet d’une bombe. La démission surprise du président de l’Autorité palestinienne, Mohamed Abbas, du Comité exécutif de l’Organisation de libération de la Palestine (CEOLP), suivie par plus de la moitié des 18 membres de cette instance, traduit le malaise grandissant de la Palestine historique confrontée à la menace de la partition et de la discorde.
Pour parer au plus pressé, il appartient au Conseil national palestinien (CNP), frappé de léthargie 20 ans durant depuis sa dernière session (1996), de se réunir, en septembre probablement, pour procéder à l’élection un nouveau comité exécutif, signataire des accords d’Oslo et dépositaire de ce fait des décisions engageant les Palestiniens dans les Territoires occupés, comme de la diaspora. Entretemps, Saëb Erakat prend les commandes.
Il a été élu par le CEOLP secrétaire général provisoire de l’instance à la place de Yasser Abed Rabbo, récemment suspendu de ses fonctions par Mahmoud Abbas qui conserve ses prérogatives de président de l’Autorité. La crise est en la demeure. Elle affecte sérieusement l’option des négociations avec Israël engluée dans une profonde impasse.
« Le règlement de la question palestinienne s’annonce de plus en plus improbable actuellement », a souligné, à Alger, le membre du Conseil palestinien et président du comité des réfugiés, Salah Salah, qui intervenait aux travaux de la deuxième journée de l’université d’été du Parti des travailleurs (PT).
Alors que les Palestiniens vivent quotidiennement au rythme des brimades et des crimes monstrueux de l’occupant, conforté dans sa politique d’extermination, de dépossession et de colonisation, l’impossible réconciliation a approfondi le fossé entre les « frères ennemis » de Ramallah et de Gaza engagés dans une guerre de leadership anachronique.
La dernière victime des dissensions palestiniennes est précisément l’échec du gouvernement de « consensus national » qui a volé en éclats un an seulement après son adoption le 23 avril 2014 et sa formation en juin.
Le gouvernement, conduit par Rami Hamdallah et constitué de technocrates approuvés par le Fatah et le Hamas, a jeté l’éponge, mercredi 19 août, en raison, signale le secrétaire général du Conseil révolutionnaire du Fatah, Amin Maqbul, de sa faiblesse et « parce qu’il n’y a aucune chance que le Hamas lui permette d’agir dans la bande de Gaza.
Les symptômes étaient déjà perceptibles dans le départ précipité des ministres du gouvernement d’union en visite à Gaza. Mais la fracture s’est davantage approfondie avec l’initiative pour une éventuelle trêve de longue durée avec Israël annoncée par le chef du Hamas en exil au Qatar, Khaled Machaâl, qui a mis le feu aux poudres. Même si Machaâl se défend qu’elle « ne se fera pas aux dépens de l’unité de la Cisjordanie et de la bande de Gaza », la crainte d’une partition de fait est particulièrement ressentie par l’Autorité palestinienne.
Car, à l’évidence, l’accord avec l’Etat colonial appliqué à « un cadre géographique limité : la bande de Gaza » viendrait nécessairement entériner la séparation physique de la Cisjordanie et de Ghaza au grand bonheur de Tel Aviv prompt à alimenter la lutte fratricide et rassuré sur les impératifs de sécurité.
Dans ce marché de dupes, la menace brandie par le mouvement salafiste « partisans de l’Etat islamique à Jérusalem », revendiquant ces dernières semaines plusieurs tirs de roquettes sur Israël et contestant l’autorité de son rival islamiste, a-t-elle pesé dans la balance ? En tout état de cause, la main tendue de Hamas à Israël, outre ses conséquences néfastes sur les négociations de paix, signifie la fin de l’illusion de réconciliation.
« C’est toute l’idée d’un Etat palestinien qui disparaît complètement », a martelé un responsable palestinien à Ramallah.