Dans un climat marqué par un refroidissement sans précédent des relations franco-algériennes, le président français Emmanuel Macron a présidé dans la nuit de mercredi à jeudi une réunion d’urgence à l’Élysée, entièrement consacrée à l’évolution de la crise diplomatique opposant Paris à Alger.
Selon des sources gouvernementales françaises, cette rencontre nocturne a rassemblé plusieurs figures clés de l’exécutif, notamment le Premier ministre François Bayrou, le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau et le ministre de la Justice Gérald Darmanin.
La mobilisation de ce noyau dur du gouvernement traduit la gravité avec laquelle l’Élysée perçoit la détérioration actuelle du dialogue entre les deux pays.
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Depuis près de dix mois, la coopération bilatérale est quasiment gelée. Des diplomates ont été expulsés, des accords suspendus, et l’octroi des visas officiels a été sévèrement restreint, révélant une crise profonde et multidimensionnelle.
Le Sahara occidental et l’affaire Boualem Sansal en toile de fond
Parmi les principaux points de tension figure le soutien public de Macron, en juin 2024, au plan d’autonomie marocain au Sahara occidental. Ce positionnement a été perçu comme un affront par Alger, traditionnellement favorable au droit à l’autodétermination prôné par le Front Polisario et défenseur de la République arabe sahraouie démocratique, membre de l’Union africaine.
Autre source de discorde : l’arrestation de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, condamné à cinq ans de prison en novembre dernier pour “atteinte à l’unité nationale” après une interview polémique. Cette affaire a ravivé les tensions sur les questions de liberté d’expression et d’ingérence perçue.
Dialogue en panne, tensions persistantes
Malgré un appel téléphonique entre Macron et Tebboune en avril dernier – salué à l’époque comme un signe de détente – les tensions ont rapidement resurgi.
Le dialogue officiel est à l’arrêt, et même les discussions sur la question migratoire, longtemps épargnées, ont été affectées.
La demande de Paris de rapatrier des ressortissants algériens sous le coup d’une obligation de quitter le territoire a été fraîchement accueillie par Alger.
Face à ce blocage, la France tente de reprendre la main. L’Élysée souhaite éviter une rupture complète, conscient des enjeux stratégiques communs en matière de sécurité, d’économie et d’énergie.
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Toutefois, l’absence de signaux positifs en provenance d’Alger rend toute avancée incertaine.
À ce stade, aucun calendrier de rencontre bilatérale n’est prévu, et la crise semble s’installer dans la durée, risquant d’impacter durablement les relations entre deux pays liés par une histoire complexe, des intérêts croisés, mais aussi par des divergences de plus en plus profondes.