Crise des «gilets jaunes» en France : 200 millions d’euros de dégâts depuis le début du mouvement

Crise des «gilets jaunes» en France : 200 millions d’euros de dégâts depuis le début du mouvement

Le coût des dégâts assurés sont de l’ordre de 200 millions d’euros depuis le début en France du mouvement des «gilets jaunes», a indiqué mardi le ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire.

«J’estime désormais, après les événements de samedi, en liaison avec la Fédération française de l’assurance (FFA), ce coût global des sinistres à 200 millions d’euros», a déclaré le ministre devant les membres de la commission des lois et des affaires économiques du Sénat, deux jours après les scènes de violences qu’avait connues l’avenue des Champs-Elysées où des saccages et pillages de boutiques de marque ont été commis par des casseurs et des ultras. Lundi, la Fédération française de l’assurance (FAA) avait estimé le coût des dégâts à 170 millions d’euros.

D’ailleurs, les violences de samedi en plein cœur de Paris ont conduit au limogeage du préfet de police Michel Delpuech, remplacé par Didier Lallement, préfet de la région Nouvelle-Aquitaine (Bordeaux) qui gère lui-même chaque samedi la crise des «gilets jaunes» et les débordements. Aussi, des médias ont rapporté, selon des sources sécuritaires, que le Directeur de la sécurité de proximité de l’agglomération parisienne (DSPAP), Frédéric Dupuch, et le directeur de cabinet du préfet, Pierre Gaudin, ont été limogés. Suite à ces violences, le Premier ministre Edouard Philippe a annoncé le durcissement de la répression des violences commises lors des manifestations de «gilets jaunes», notamment de l’usage d’armes intermédiaires dénoncées d’ailleurs par plusieurs institutions onusiennes et européennes.

Il a annoncé également l’interdiction de manifester «chaque fois qu’il le faudra», dans les quartiers «les plus touchés», notamment les Champs-Elysées à Paris, la place Pey-Berland à Bordeaux et celle du capitole à Toulouse. Le ministère de la Justice devra, dans ce cadre, augmenter «très nettement» le montant de la contravention en cas de participation à une manifestation interdite, de 38 euros à 135 euros. Ces mesures ont été vivement critiqué par l’opposition, mais le gouvernement s’est dit «assumer» les risques de ce durcissement. «Il est certain que si nous avons une stratégie qui permet aux forces de l’ordre d’être plus mobiles, plus dynamiques, plus fermes, il y a plus de risques», a déclaré lundi soir sur France 2 le Premier ministre, soulignant que «le déchaînement de violence justifie une réponse ferme. Je l’assume».

Le 7 mars, le président Emmanuel Macron avait refusé de parler de violences policières lors d’une réunion, du «grand débat national» qu’il avait lancé le 15 janvier pour une durée de trois mois. «Ne parlez pas de +répression» ou de «violences policières», ces mots sont inacceptables dans un Etat de droit», avait-il martelé. Quelques jours auparavant, rappelle-t-on, la Haut-Commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, Michelle Bachelet, a réclamé à la France une «enquête approfondie» sur les violences policières qui se sont produites pendant les manifestations des gilets jaunes depuis la mi-novembre. «Nous encourageons le gouvernement (français) à poursuivre le dialogue et demandons urgemment une enquête approfondie sur tous les cas rapportés d’usage excessif de la force», avait-elle dit.

A la fin du mois de février, le commissariat aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe avait, pour sa part, demandé à la France de «mieux respecter les droits de l’homme», de «ne pas apporter de restrictions excessives à la liberté de réunion pacifique» et de «suspendre l’usage du lanceur de balle de défense (LBD)» lors des manifestations des «gilets jaunes». Pourtant en France, le défenseur des droits Jacques Toubon avait également demandé la suspension de l’usage des LBD en raison de leur «dangerosité» et de leurs «risques disproportionnés».

Depuis le 17 novembre, plus de 13.000 tirs de LBD ont été recensés et 83 enquêtes ont été ouvertes, selon le ministère de l’Intérieur. Depuis cette date, le journaliste indépendant David Dufresne compile sur son compte Twitter les violences policières, recensant 547 signalements avec un bilan d’un mort, 222 blessures à la tête, 22 éborgnés et 5 mains arrachées.