Crise de Libye: Le plan de l’Union africaine

Crise de Libye: Le plan de l’Union africaine

Au terme de longues et difficiles discussions le Sommet de l’Union africaine (UE) de Malabo a finalement adopté un accord-cadre proposé aux parties en conflit en Libye, qui prévoit une sortie de crise en plusieurs étapes, mais à laquelle ne serait pas associé le leader libyen Mouammar Kadhafi, qui devrait être écarté des négociations

L’UE prévoit également une «force de maintien de la paix», pour éviter les dérapages et les problèmes inhérents à l’après Kadhafi et à la mise en oeuvre de l’accord-cadre.

Ce document, qui a nécessité de longues heures de négociations éclipsant tous les autres dossiers du sommet, est en fait une mise à jour des propositions des médiateurs de l’UA —Afrique du Sud, Congo, Mali, Ouganda, Mauritanie— Qui se sont réunis à Pretoria.

Il permet un retour au premier plan de la négociation de L’Union africaine, qui avait été éclipsé par les manoeuvres de certaines capitales européennes et celles de Washington , qui ont fait de fortes pressions sur les dirigeants africains pour qu’ils lâchent Kadhafi à qui ils doivent pourtant beaucoup.

C’est ainsi que la Secrétaire d’État américaine Hillary Clinton, qui a entraîné, un peu contre son gré le président Obama, dans le conflit libyen, s’est rendu personnellement à la mi-juin, au siège de l’Union africaine à Addis Abeba pour exhorter les chefs d’État africains à se démarquer de Kadhafi et a appuyer le CNT. De son côté le président Sarkozy s’est beaucoup agité lors du sommet du G8 de Deauville pour convaincre certains chefs d’État africains présents de reconnaître la rébellion libyenne.

Le président Sénégalais Abdoullah Wade, qui comptait alors sur la bienveillance, voir l’appui de Paris, pour se faire réélire à la présidence du Sénégal, du haut de ses 85ans, ou du moins faire élire son fils Karim Wade, que Sarkozy a présenté devant les cameras TV, à Obama, a été le premier à sauter le pas et à se rendre à Benghazi.

Reconnaissant le CNT, se permettait même le luxe de donner des leçons de démocratie à Kadhafi, dont il ne dédaignait pas les subsides et alors même qu’il allait innover en matière électorale en proposant aux députés sénégalais d’avaliser un projet de loi pour se faire élire avec un colistier avec seulement un taux de 25% d’électeurs.

C’est pourquoi l’on ne peut que se féliciter de la mise au point de l’accord-cadre africain, qui propose une solution africaine à la crise libyenne et qui écarte les velléités néocoloniales de ceux qui prétendent sauver le peuple libyen contre son gré. L’accord prévoit «l’engagement du colonel Mouammar Kadhafi en faveur du processus de dialogue inclusif avec la participation du Conseil national de transition (organe de la rébellion libyenne) et son acceptation de ne pas faire partie du processus de négociation».

Le texte prévoit de «mettre un terme au conflit (…) d’entamer un processus politique qui permettra de répondre aux aspirations légitimes du peuple libyen à la démocratie».

«La période de transition s’achèvera par des élections démocratiques » et implique un transfert de pouvoir à un gouvernement intérimaire», précise le texte de l’accord qui prévoit le déploiement d’une «force de maintien de la paix».

Le document a été remis vendredi en soirée aux deux parties qui, selon le président sud-africain Jacob Zuma, l’ont «accueilli chaleureusement». «Nous sommes à un point où nous pourrons bientôt attaquer le problème et amener la paix et la stabilité en Libye (…)

Nous ne sommes pas pour une solution militaire», a précisé Zuma soulignant à propos de la résolution 1973 de l’ONU: «Elle ne dit pas +laissez nous bombarder la Libye+. Elle parlait de zone d’exclusion aérienne». L’UA a aussi décidé que «les États membres ne coopéreront pas à l’exécution du mandat d’arrêt» contre Kadhafi.

L’UA se dit «préoccupée par la manière dont le procureur de la Cour pénale internationale gère la situation en Libye et «note que le mandat complique sérieusement les efforts visant à trouver une solution politique négociée à la crise». «Nous sommes contre l’impunité», a affirmé le président de la commission de l’Union africaine, le Gabonais Jean Ping en attaquant le procureur de la CPI, Luis Moreno-Ocampo: «On lui dit de lire le droit, pas de faire la politique. Comme l’a dit un dirigeant: +Ocampo, it’s a joke+ (Ocampo c’est une blague)».

Pour sa part, le ministre algérien des Affaires étrangères, Mourad Medelci a indiqué que la décision prise au 17e Sommet de l’Union africaine (UA) sur la crise libyenne, s’articule sur plusieurs étapes devant permettre de mettre sur pied des institutions et élire de nouveaux responsables».

M. Medelci qui s’exprimait, à l’issue de la réunion à huis clos des Chefs d’État et de gouvernement africains sur la crise libyenne, a expliqué que la Décision arrêtée par le Sommet «permet d’identifier les différentes étapes devant aboutir à une solution politique qui facilitera aux libyens de choisir eux-mêmes leurs institutions».

Tout en soulignant que la crise libyenne «a mobilisé pendant de longues heures les chefs d’États et de gouvernement africains présents au Sommet, pour examiner la situation prévalant dans ce pays et pour dégager une position africaine à ce sujet.

Selon le ministre, «ce cessez-le-feu devrait permettre aux libyens d’engager un dialogue national et d’initier, une période de transition qui ne dépasse pas les 30 jours, à travers la mise sur pied d’un gouvernement intérimaire qui devrait prendre en charge la préparation des élections». Ces élections, a expliqué le ministre, «vont permettre aux Libyens de choisir leurs représentants et de mettre sur pied des institutions et de nouveaux responsables ».

Mokhtar Bendib