Crise dans le monde arabe,L’Algérie assume son choix diplomatique

Crise dans le monde arabe,L’Algérie assume son choix diplomatique
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Depuis la révolution du Jasmin en Tunisie, celle du Lotus en Egypte et actuellement les évènements en Libye et en Syrie, l’Algérie a préféré rester prudente dans sa vision sur ces «révolutions».

Ses positions exprimées sur ce qui se passe dans ces pays «frères» n’ont pas été les bienvenues chez les puissances occidentales, qui sont également des partenaires dans des créneaux spécifiques, tels que les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne. Ainsi, l’Algérie s’est démarquée de la Ligue arabe, un organe dont elle est membre mais ne se laisse pas entraîner par ceux qui le guident. Dans un son premier discours télévisé depuis les émeutes qui ont secoué l’Algérie le 5 janvier dernier et le vent du changement qui souffle sur le monde arabe, le Président Bouteflika, qui a en charge la politique des affaires étrangères, a clairement affiché la position de l’Algérie par rapport à ce qui se passe dans les pays «frères». A ce propos, il dira : «L’Algérie suit naturellement les mutations en cours sur la scène internationale, particulièrement celles survenues dans certains pays arabes. Face à cette situation, l’Algérie réaffirme son attachement à la souveraineté des pays frères et à leur unité, son rejet de toute ingérence étrangère et son respect de la décision de chaque peuple découlant de sa souveraineté nationale». Alger assume donc son choix diplomatique dans cette nouvelle phase de l’histoire des pays arabes, une phase qui n’a toujours pas trouvé d’explications claires avec la complexité de la société arabe, ses gouvernants, dont certains sont depuis plus de 30 ans au pouvoir, et les enjeux que représente la région pour l’Occident qui a choisi l’option militaire pour «aider le peuple libyen». Le choix diplomatique de l’Algérie a été beaucoup plus confirmé en ce qui concernre la Libye et la Syrie. D’ailleurs, sa position sur les évènements libyens lui a valu une campagne l’accusant de soutenir le colonel Kaddafi à travers l’envoi de mercenaires «algériens». Ces accusations ont été formulées par le porte-parole des insurgés qui les avait lui-même démenties auparavant. L’Algérie subit déjà des conséquences sur son choix diplomatique en plus du risque sécuritaire au niveau de ses frontières avec la Libye.



L’engagement de l’Algérie contre toute ingérence étrangère dans les affaires de la Libye a été aussi remarquée par son soutien à la mission de l’Union africaine (UA) qui a été reçue par le président Bouteflika au lendemain des discussions menées en Libye avec Kaddafi pour un éventuel cessez-le-feu.

Jeudi dernier, le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, s’est entretenu à Alger avec le secrétaire au Comité populaire général libyen des Affaires arabes, Omrane Aboukraa.

A cette occasion, M. Aboukraa a exposé les développements intervenus dans son pays depuis le début de la crise. Dans ce cadre, l’accent a été mis sur la feuille de route de l’Union africaine qui a été exposée aux parties par le Comité de haut niveau qui a visité la Libye lundi dernier.

Il faut souligner que l’Algérie opte pour une solution politique qui ne peut se faire que par les Libyens, position qui n’est pas appuyée par les puissances mondiales et certains pays arabes.

L’Algérie a également fait son choix en réagissant à travers l’UA et non la Ligue arabe qui a perdu toute crédibilité face à tous les problèmes que vit le monde arabe. Même pour le poste de SG de la Ligue arabe, l’Algérie ne semble plus s’y intéresser. A ce propos, Abdelaziz Belkhadem, SG du FLN et ministre d’Etat, représentant personnel du président Bouteflika, dira qu’il n’est pas intéressé par ce poste temps que les chartes de la Ligue arabe ne sont pas réformées pour avoir un poids et apporter un soutien au monde arabe.

Il est à rappeler que ce n’est pas la première fois que l’Algérie se démarque de la Ligue arabe, d’ailleurs les événements de Ghaza en sont la preuve puisque l’Algérie a participé à un mini sommet arabe à Doha alors que le SG de la Ligue arabe, l’Egyptien Amr Moussa, a préféré ne pas y assister. Par ailleurs, l’Algérie sait qu’elle n’est pas à l’abri de ce qui se passe dans le monde arabe et essaye d’anticiper les événements en engageant des réformes qui ne répondent pas forcément à toutes les attentes mais qui peuvent être considérées comme un pas en avant.

Par Nacera Chenafi