Les réactions se multiplient à l’étranger après la décision de Juan Guadio de se proclamer chef de l’Etat par intérim au Venezuela. Si les réactions sont prudentes dans les pays européens, Juan Guaido bénéficie du soutien entier des Etats-Unis et de plusieurs pays d’Amérique latine. Le président élu Nicolas Maduro peut, en revanche, compter sur le soutien de la Turquie et bien sûr de la Russie, devenue l’un de ses plus fidèles alliés.
Donald Trump reconnaît Juan Guaido comme le « président par intérim » du Venezuela. Annonce faite mercredi 23 janvier 2019 par un communiqué de la Maison Blanche. Aussi officiel qu’inhabituel, le texte de la présidence américaine a été diffusé peu après l’autoproclamation du jeune opposant contre Nicolas Maduro, rapporte notre correspondant aux Etats-Unis, Eric de Salve.
« Je reconnais officiellement le président de l’Assemblée nationale Juan Guaido comme président du Venezuela. » Une déclaration écrite de Donald Trump, qui appelle tous les pays occidentaux à faire de même.
Selon le président américain, cette Assemblée, contrôlée par l’opposition depuis 2015 et en concurrence avec une Constituante pro-chaviste depuis 2017, « est la seule branche légitime du gouvernement élue par le peuple ».
Donald Trump salue d’ailleurs la décision de déclarer Nicolas Maduro illégitime. « Décision qui rend vacant le bureau du président », écrit-il. Les Vénézuéliens « souffrent depuis trop longtemps », déplore le numéro un américain.
The citizens of Venezuela have suffered for too long at the hands of the illegitimate Maduro regime. Today, I have officially recognized the President of the Venezuelan National Assembly, Juan Guaido, as the Interim President of Venezuela. https://t.co/WItWPiG9jK
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 23 janvier 2019
« Je continuerai d’utiliser toute la puissance économique et diplomatique des Etats-Unis en faveur du rétablissement de la démocratie vénézuélienne », peut-on lire dans le communiqué de la Maison Blanche.
Les Etats-Unis iront-ils jusqu’à un éventuel soutien militaire, menace déjà brandie par le passé par le président ? « Nous n’avons rien prévu, répond Donald Trump, mais toutes les options sont sur la table. »
De son côté, Mike Pompeo, le chef de la diplomatie américaine, appelle l’armée vénézuélienne à protéger la démocratie et la population civile. Et le vice-président Pence appelle, lui, sur Twitter à restaurer la libertad.
La réponse de Caracas a aussitôt fusé. Le Venezuela rompt ses relations diplomatiques avec les Etats-Unis. Nicolas Maduro a donné 72 heures aux diplomates américains pour quitter le pays.
Soutien clair et net de Moscou
C’est un soutien clair et net qui est apporté par la Russie à Nicolas Maduro, rapporte notre correspondant à Moscou, Daniel Vallot. Pour le porte-parole du Kremlin, Nicolas Maduro est le « président légitime » du Venezuela, « les tentatives pour usurper le pouvoir dans son pays sont contraires à la loi internationale », ajoute Dmiti Peskov. Même son de cloche au ministère russe des Affaires étrangères : cette crise pourrait conduire directement au « chaos et à la destruction de l’Etat vénézuélien », peut-on lire dans un communiqué publié ce jeudi 24 janvier au matin sur le site internet du ministère.
Ce soutien de la Russie à Nicolas Maduro n’est pas vraiment une surprise. Vladimir Poutine est devenu ces dernières années un allié important, indéfectible du président vénézuelien. Nicolas Maduro s’était d’ailleurs rendu à Moscou en décembre dernier. A la suite de ce déplacement, la coopération économique et militaire entre les deux pays s’était encore resserrée. En témoignent ces manœuvres militaires auxquelles deux bombardiers stratégiques russes avaient participé à la fin de l’année dernière. Des manœuvres qui avaient d’ailleurs, à l’époque, suscité la colère des Etats-Unis.