Crise au nord du Mali,Les insinuations tendancieuses du président du Niger

Crise au nord du Mali,Les insinuations tendancieuses du président du Niger

Le sommet d’Abuja n’a rien apporté de concret à la résolution de la crise

Mahamadou Issoufou insinuant que l’Algérie est une source d’approvisionnement pour les groupes armés, au même titre que la Libye, appelle à la fermeture partielle des frontières. Le président nigérien tente de justifier sa position favorable à une intervention militaire au nord du Mali.

Confronté à une double crise sécuritaire et politique, ce pays bascule entre le processus du dialogue soutenu par l’Algérie, notamment et l’intervention militaire défendue par la Cédéao. Même après le Sommet extraordinaire d’Abuja, l’on n’est toujours pas en mesure d’établir un diagnostic juste et complet des débats.

Ce sommet n’apporte, pour ainsi dire, rien de nouveau et intervient en un sens comme un non-événement, selon des observateurs qui restent sur leur faim. A ce jour, il est impossible de savoir quelle direction prendra la crise malienne, néanmoins le Conseil de sécurité de l’ONU appelé à se prononcer le 26 du mois courant tranchera sur la question. L’envoyé spécial de Ban Ki-moon avait, cependant, laissé un avant-goût quant au penchant de l’ONU qui favorise le dialogue, dont l’approche est initiée par Alger.

Dans ce contexte et au lendemain de la clôture des travaux du Sommet extraordinaire d’Abuja, l’Algérie annonce clairement sa position en s’opposant à une intervention militaire. Amar Belani, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, a fait une déclaration précise rapporte TSA, en soulignant que «l’Algérie a opté pour une sortie de crise au Mali par le dialogue politique entre le gouvernement malien et les groupes de la rébellion au nord du pays.

Ce serait une erreur tragique que de concevoir et monter une intervention militaire qui serait perçue, à tort ou à raison, comme une expédition visant à ‘casser » du targui». Cherchant à convaincre l’opinion locale, régionale et internationale par la force des mots et un lexique nouveau sur ses vraies visées qui définissent en fin de compte une ingérence dans les affaires internes d’un pays souverain, la Cédéao, sous-traitant pour l’Hexagone décide de l’envoi d’une force militaire internationale de 3300 soldats pour un an, avec comme objectif «reconquérir le Nord du Mali», affirmait le chef de l’État ivoirien, Alassane Ouattara, président en exercice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, suite au débat tenu à huis clos. Cette réunion avait inclus aussi la Mauritanie, l’Algérie, l’Afrique du Sud, le Maroc, le Tchad et la Libye. Pourtant, l’Algérie ne cesse de mettre en garde contre les conséquences d’une action militaire qui vise les groupes armés.

A ce propos, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères prévient encore, selon toujours la même source «les conséquences seront incalculables aussi bien pour le Mali que pour l’ensemble de la région.

Il ne faut pas perdre de vue que la résolution 2071, qui constitue le seul fondement juridique légitime sur lequel s’appuie la communauté internationale, appelle expressément les autorités maliennes et les groupes rebelles à entamer un processus de négociations crédible en vue d’une solution politique viable, dans le respect de la souveraineté, de l’unité et de l’intégrité territoriale du pays.»

Le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, qui représente l’Algérie dans ce Sommet, avait relevé, lors d’une entrevue avec le président nigérian «la convergence de vues avec le président Alassane Ouattara dans plusieurs domaines réitérant la position de l’Algérie, favorable à un dialogue inter-malien pour contribuer au règlement de la crise dans ce pays».

Il a, en outre, réaffirmé «la volonté de son pays à mener une lutte implacable contre le terrorisme». Justifiant cette intervention militaire à laquelle il est favorable, le président du Niger, Mahamadou Issoufou, attendu aujourd’hui à Paris pour un entretien avec le président français François Hollande, déclare au quotidien Le Figaro: «Si on les laisse faire, les djihadistes ne s’arrêteront pas en Afrique de l’Ouest. Leur objectif, c’est l’Europe. Qui tient l’Afrique tient l’Europe», expliquant que «la non-intervention au Nord-Mali serait bien pire qu’une intervention militaire».

Il ajoute: «Il faut que l’opinion française comprenne que l’intervention au Mali est nécessaire pour protéger l’Europe et pour éviter que les troubles qui ont gagné le Monde arabe se propagent en Afrique», en appelant l’Algérie à fermer ses frontières! Il «accuse» celle-ci d’être une source d’approvisionnement. Dans ce même contexte, il propose que «cela n’a pas besoin d’être une fermeture totale, mais il faut isoler les terroristes de leurs sources d’approvisionnement».

Selon des sources bien imprégnées de la situation qui prévaut actuellement au Mali, le président nigérien n’a rien compris à la situation au Mali et n’a aucune idée des conséquences que peut engendrer une éventuelle intervention militaire.

Les mêmes sources assurent que l’Algérie, qui a combattu seule le terrorisme depuis 1992 et continue à le faire avec détermination, ne peut, en aucun cas, être une source d’approvisionnement pour les terroristes.