Au moment où Paris presse l’Afrique de l’Ouest et l’Union africaine (UA) de préciser dans les 30 jours les modalités d’une intervention dans le nord du Mali, l’Algérie affirme qu’il est «légitime» de recourir à tous les moyens, «y compris la force», pour éradiquer les groupes terroristes. Une mise au point qui vient à point nommé pour ceux qui présentent la position algérienne de façon erronée.
Précision de taille cette fois-ci. L’Algérie, qui fait de la solution politique à la crise malienne son cheval de bataille, n’exclut pas l’usage de la force. Mais à condition que cela soit contre les groupes terroristes djihadistes et leurs alliés contrebandiers et non pas contre des composantes de la société malienne qui posent des problèmes politiques légitimes.
«L’Algérie a toujours affirmé qu’il était légitime de recourir à tous les moyens, y compris la force, pour éradiquer les groupes terroristes et leurs affiliés du crime transnational organisé dans le Sahel et n’est pas exclusivement pour le tout politique», a indiqué jeudi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Amar Belani, dans une déclaration à l’APS.
«On a tendance, ces derniers temps, à présenter la position algérienne de manière schématique, en occultant certains éléments importants de notre approche et en la mettant systématiquement en opposition avec la position d’autres partenaires de la région», a relevé le porteparole du ministère des Affaires étrangères.
«Vous imaginez bien que l’Algérie qui a souffert dans sa chair de ces deux fléaux ne saurait faire preuve de la moindre once de complaisance ou d’indifférence en la matière», a-til encore affirmé, ajoutant que l’Algérie estime toutefois que «l’usage de la force doit être conduit avec le discernement voulu pour éviter l’amalgame et la confusion entre les populations du nord du Mali qui ont des revendications légitimes et les groupes terroristes et les narcotrafiquants qui doivent constituer la cible parce qu’ils sont la source des menaces qui pèsent sur la région».
L’Algérie a toujours appelé à ne pas confondre entre les groupes terroristes djihadistes et leurs alliés contrebandiers, avec des composantes de la société malienne qui posent des problèmes politiques légitimes.
D’ailleurs, cette position a été réitérée à plusieurs reprises par les responsables algériens, particulièrement le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines qui a effectué des tournées pour expliquer la position algérienne, notamment en France et dans les pays voisins, ou ce que l’on appelle les pays du champ (Mauritanie, Mali et Niger). Négocier oui, mais pas avec n’importe qui. C’est le message transmis par Abdelkader Messahel à Bamako.
D’après lui, pour résoudre la crise au Mali le dialogue est envisageable avec ceux qui prennent leur distance avec le crime organisé, mais il n’y aura «pas de négociations possibles avec des terroristes». «Lorsqu’on a identifié la menace, notre devoir en tant que pays voisin, c’est d’éradiquer par tous les moyens cette menace, y compris par la force. Cette position de l’Algérie n’est pas nouvelle.
Il n’y a pas de négociations possibles avec des terroristes et des narcotrafiquants », a dit Messahel. «Mais, le dialogue est également possible avec les enfants du Mali qui se démarquent définitivement du crime organisé, du terrorisme, et qui se démarquent aussi des tentations sécessionnistes», a-t-il poursuivi. Au Niger, le responsable algérien a présenté la même approche.
«Sur les questions internes propres au Mali, nous concevons en Algérie qu’il est important que les groupes armés maliens qui se trouvent au Nord doivent faire des choix pour se démarquer définitivement de tout ce qui est en relation avec le terrorisme et le crime organisé, et s’inscrire dans une logique nationale de (respect de) l’intégrité territoriale du Mali pour la prise en charge des problèmes qui se posent aux populations du Nord», a-t-il souligné.
Ces déclarations interviennent alors qu’un projet de résolution, proposé par la France à ses partenaires au Conseil de sécurité de l’ONU, presse l’Afrique de l’Ouest et l’Union africaine (UA) de préciser dans les 30 jours les modalités d’une intervention dans le nord du Mali.
M.A.M.