Le général Carter Ham
Carter Ham a évoqué la solution pacifiste, mais a insisté sur le fait qu’une opération militaire n’est pas tout à fait écartée.
Le commandant des Forces américaines en Afrique (Africom), le général Carter Ham, a insisté, une nouvelle fois, sur la nécessité d’un «règlement négocié» de la crise malienne, tout en soutenant que l’Algérie nourrit une réelle compréhension, «très profonde» et «exhaustive» des défis auxquels fait face le Mali.
S’exprimant à Londres devant le Think tank britannique des affaires internationales, Carter Ham a estimé que les responsables civils et militaires algériens «préfèrent absolument un règlement négocié» avant d’affirmer que «tous les efforts doivent être déployés pour trouver une solution négociée pour le nord du Mali».
L’officier supérieur américain a évoqué la solution pacifiste, mais a insisté sur le fait qu’une opération militaire n’est pas tout à fait écartée. «Bien que des négociations soient en cours, il est prudent de se préparer à une éventuelle intervention militaire qui pourrait être nécessaire», a-t-il déclaré avant de rendre hommage à l’Algérie et ses efforts pour assurer la sécurité de ses frontières, en particulier avec le Mali, et empêcher une libre circulation des éléments d’Al Qaîda et d’autres groupes.
L’extension d’Al Qaîda, une menace
Pour le responsable américain, il n’est pas question de cautionner l’option séparatiste défendue par le mouvement Azawad, ou d’accepter la présence d’Aqmi au nord-Mali. «Aqmi est la branche terroriste la mieux financée grâce aux fonds qu’elle reçoit par le biais des enlèvements contre rançon, ou par son lien avec le trafic de stupéfiants et autres trafics illicites», reconnaît-il. Cela sous-entend-il que la manière forte est d’ores et déjà privilégiée et qu’on est en train de la justifier par ce genre de déclaration? Probable. En mettant en exergue la «puissante» logistique d’Al Qaîda, Carter Ham ne fait que rappeler une triste réalité connue par tout le monde. En soulignant que cette organisation terroriste constitue une grande menace en raison de son extension, le patron d’Africom ne fait que consolider des arguments favorables à une intervention militaire étrangère au nord du Mali. «Si rien n’est fait contre ce groupe, cette situation présentera un risque croissant pour les pays et les peuples de la région, et de plus en plus pour l’Europe et les Etats-Unis». Que signifie cette déclaration? Après avoir salué les efforts de l’Algérie, Carter Ham prétend sournoisement que rien n’est fait contre Al Qaîda.
Quelle conclusion faut-il en tirer? Washington est bel est bien entrée dans une dynamique de guerre, mais qu’elle fait tout pour ménager un tant soit peu la sensibilité algérienne. Dans ce contexte, l’Algérie a toujours milité pour une solution qui épargne au peuple malien d’autres souffrances.
Confronté à une triple crise sécuritaire, politique et humanitaire, le Mali se trouve sous la menace d’une effroyable dislocation si la voie du dialogue est définitivement écartée. L’ultimatum accordé par le Conseil de sécurité de l’ONU à la Cédéao touche à sa fin et tout indique que l’intervention militaire à laquelle appelle cette dernière, reste toujours d’actualité, même si les consultations se multiplient entre partenaires, notamment entre Dioncounda Traoré, Cheick Modibo Diarra et le capitaine Sanogo, priés de faire taire leurs rivalités, rapporte le site Mali jet.
La France ne désespère pas…
Cette activité politique visant une sortie de crise sans le recours à la force, s’inscrit dans le même cadre que le déplacement du Premier ministre malien, Cheick Modibo Diarra en France avec en perspective un entretien avec le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius sur la situation qui prévaut actuellement. L’échange, a-t-on indiqué, «portera principalement sur la crise malienne, en particulier sur ses aspects politiques et militaires, permettant de faire le point sur l’état d’avancement du processus politique au Mali, ainsi que sur la rédaction d’une feuille de route, qui conditionne la reprise de la coopération». Il est également attendu que l’entretien servira de cadre à des discussions sur le volet «sécuritaire, et la planification de l’opération africaine dont le Conseil de sécurité des Nations unies sera prochainement saisi et sur la restructuration en cours des forces armées maliennes». A priori, la France ne désespère pas de voir une guerre au nord du Mali, même si ses hauts responsables multiplient des déclarations favorables à une issue pacifique. «Il n’est décidément plus besoin de consulter les astres pour découvrir que la recherche d’une solution politique à la crise est en passe d’être privilégiée par les partenaires du Mali qui sont de plus en plus assiégés par les avis d’experts appointés visant à tirer par les cheveux les conséquences d’une intervention militaire.
Et, cela va de soi, c’est là une vision à laquelle les pays comme l’Algérie, déjà hostile à une intervention militaire, adhéreront sans se faire prier», lit-on dans un article consacré à la tragédie malienne et diffusé par le même site.
La France, qui ne va pas manquer d’user de tout son poids au niveau du Conseil de sécurité, saura-t-elle tempérer ses «ardeurs» africaines et s’inscrire résolument dans une logique de paix qui épargnera à la région un désastre et des calamités supplémentaires? Rien n’est moins sûr, d’autant plus que la voie vers une «bonne solution» comme le dit Romano Prodi, l’envoyé spécial de l’ONU au Sahel, n’a pas encore convaincu grand monde au Mali et ailleurs.
A ce propos, les rédacteurs du site Mali jet s’interrogent: «Où est le résultat de la médiation conduite par Blaise Compaoré, président du Burkina Faso, quand on sait que ce n’est ni aujourd’hui ni hier qu’elle a démarré?» La même source estime que «la médiation est encore loin de livrer tous ses secrets. Car, en prenant dans la masse le Mnla et Ansar Eddine comme les groupes avec lesquels il est plausible de négocier, l’observateur attentif est dans son droit de demander s’il n’y a pas baleine sous le gravier…». Triste conclusion à laquelle sont arrivés de nombreux Maliens qui ne croient plus aux beaux messages d’amour du Père Noël et des «Pères blancs».