CRISE AU MALI,La diplomatie française entre deux feux

CRISE AU MALI,La diplomatie française entre deux feux

La France va-t-elle s’embourber au Sahel?

Les rapts sont devenus l’essentielle source de financement des terroristes qui usent du point faible de la France pour renforcer leurs caisses.

Paris fait face à une véritable contrainte. Entre préserver la vie de ses otages détenus par les terroristes et soutenir une intervention militaire au Mali, l’Hexagone s’est installé dans une situation compliquée dont elle est à l’origine. Selon un expert en géostratégie et spécialiste en relations internationales, la politique étrangère de la France repose sur ses aspirations économiques, soutenant que pas moins de cinq bases militaires sont édifiées autour du Mali d’où ressort l’enjeu économique et stratégique de la France qui s’introduit inlassablement dans les affaires internes des pays de l’Afrique avec l’idée que cette partie du monde est toujours sa chasse gardée.

Néanmoins, cette diplomatie à deux poids, deux mesures, maintient l’Elysée dans une position de faiblesse.

Le rapt d’un ingénieur français dernièrement au Nigeria par le groupe terroriste Ansaru, qui s’est récemment distingué, a été justifié pour les ravisseurs par de l’activisme français en faveur d’une opération internationale au Mali. Ce qui est loin d’arranger la situation de la France, notamment que ce même groupe, a-t-on rapporté, menace la France d’autres attaques. Pour son image, la France ne reculera pas quant à son soutien à une intervention militaire qui d’ailleurs traduit son ingérence. Dans ce cas, sommes nous en mesure de nous demander si la France va sacrifier ses ressortissants en échange d’acquis économiques? «Lundi, les autorités françaises faisaient profil bas, se bornant à parler de vérifications en cours sur ce dernier rapt qui porte à huit le nombre de Français, otages au Sahel» indique l’AFP soulignant que dans cette région, «les menaces contre les Occidentaux ne sont pas nouvelles. Mais la France, qui y compte 30 000 ressortissants, y est très exposée». Elle court plus de risques depuis la guerre menée contre la Libye dans laquelle elle s’est pleinement impliquée ignorant «volontairement» les lourdes conséquences qui pésent actuellement sur la zone sahélienne.

Une guerre qui continue de coûter cher à ses instigateurs et qui a été en faveur des groupes terroristes d’Al Qaîda au Maghreb et ses affiliés, qui profiteront d’une situation rêvée et servie pour l’acquisition d’armes lourdes puisées dans les casernes de la défunte armée libyenne et la restructuration de ses rangs.

Les rapts sont devenus l’essentielle source de financement des terroristes qui usent du point faible de la France pour renforcer leurs caisses. Celle-la même qui s’est toujours inclinée devant les exigences des terroristes en versant des rançons.

Dans ce contexte, la même agence de presse citant François Loncle, député socialiste français de retour du Mali «tout le monde verse des rançons, sauf les Britanniques», ce coauteur d’un rapport parlementaire sur le Sahel ajoute: «La France ne paye ni plus ni moins que les autres», estime ce coauteur d’un rapport parlementaire sur le Sahel. Il atteste: «Les terroristes ont fait de la France leur principal ennemi».

Les enlèvements des Français se sont succédés. Plus la France versait des rançons, plus ses ressortissants étaient ciblés.

Sur cette question et celle des otages, le président socialiste François Hollande semble avoir hérité de la politique de son prédécesseur de droite, Nicolas Sarkozy. Le cinquième président de la République dénonçait, il y a quelques jours: «Je refuse ce commerce des otages. Autant il y a des contacts qui doivent être pris, autant il y a des intermédiaires qui doivent être utilisés (…), mais vous voyez bien que ce qui est en train de se passer, c’est une opération commerciale qui n’a rien à voir avec la politique et qui vise à prendre de l’argent pour ensuite acheter des armes et déstabiliser des pays», et d’ajouter; «La France fait tout son possible pour obtenir la libération des otages, mais cela ne nous empêche pas de considérer que l’enjeu de l’intégrité du Mali est essentiel pour la sécurité de ce pays, comme pour celle de la France et de l’Europe». Mais si la France est ciblée, c’est à l’évidence à cause de ses appétits interminables.