Les Etats-Unis d’Amérique tentent une sortie de la crise au Mali sans une intervention militaire étrangère
Comment éviter une intervention militaire dont les signes se profilent à l’horizon?
Quelle résolution adopter pour redresser la situation au Mali? Comment parvenir à sanctionner les putschistes ayant pris le pouvoir sans pour autant favoriser le terrain à la rébellion touaregue et aux réseaux terroristes d’Al Qaîda au Maghreb? Comment éviter une intervention militaire dont les signes se profilent à l’horizon? Les démarches se multiplient, la tâche semble complexe et c’est certainement la raison qui a motivé le général Carter F. Ham, chef du Commandement militaire américain pour l’Afrique (Africom, basé à Stuttgart en Allemagne) et le sous-secrétaire d’Etat adjoint chargé de l’Afrique, Johnnie Carson à se rendre, hier, à Alger pour rencontrer le ministre délégué, chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, avec lequel seront abordés le phénomène du terrorisme et la coopération bilatérale notamment en matière de lutte contre le terrorisme. Mais le plus important est que les deux parties évoquent la situation qui prévaut actuellement en Afrique, notamment au Mali, en Libye, en Somalie et au Soudan.
Des pays qui vivent au rythme de violences quotidiennes, à l’ombre d’une restructuration des réseaux terroristes et d’une prolifération d’armes conséquentes. Autant que l’Algérie, les Etats-Unis d’Amérique tentent une sortie de la crise au Mali sans une intervention militaire étrangère, selon des sources très bien informées. Ce serait dans ce cas contrarier les visées de la France, qui même si elle écarte cette éventualité se garde d’être explicite sur ses intentions. Ce qui est sûr, elle ne restera pas sans rien faire quand il s’agit de ses intérêts dans la région, sachant qu’elle est déjà bien implantée dans cette zone. La visite des deux responsables américains intervient 48 heures après les démarches entreprises par les chefs d’Etat de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), lesquels, réunis lundi dernier à Dakar à l’occasion d’un deuxième sommet sur le Mali, décident d’un ultimatum d’une semaine et un embargo total à l’égard des putschistes. Bien que ces derniers aient annoncé le rétablissement de la Constitution, la Cédéao est résolue à prendre des sanctions économiques et financières contre Bamako par la fermeture des frontières du Mali à tout commerce et gèle ses fonds au sein de la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest (Bceao).
La Cédéao menace également d’intervenir militairement pour bloquer la progression du Mouvement national pour la libération de l’Azawad qui vise la division du Mali en visant l’indépendance du Nord. La progression du Mnla, inquiète a priori les Etats-Unis d’Amérique, estiment nos sources, surtout quand il s’agit d’un mouvement qui développe des liens avec les réseaux d’Al Qaîda au Maghreb, comme rapporté dans notre édition d’hier. Mais une intervention militaire est préoccupante, même si c’est pour tenter d’enrayer l’avancée des rebelles dans le Nord. Elle pourrait être considérée comme un alibi en or pour une ingérence étrangère. Une question à laquelle l’Algérie est très sensible et ne manquera pas d’exprimer son total refus. Mais on est face à un Etat fragilisé, surtout après la chute de Kidal, Gao et Tombouctou, désormais entre les mains des rebelles touareg, et la présence en force des milices d’Al Qaîda au Maghreb. Si une solution de force s’impose selon la Cédéao, qui appelle les chefs d’état-major des 15 pays qui la composent à se réunir à Abidjan pour examiner les modalités d’activation d’une force militaire de 2000 à 3000 hommes en vue d’une intervention militaire au Mali, pour l’Algérie qui cherche à éviter la reproduction du scénario libyen les solutions politiques à cette crise sont probables. C’est ce que discuteront justement les deux responsables américains avec le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel.
Cette visite est surtout liée à une coordination entre les deux parties pour trouver une sortie de la crise sans provoquer des dommages majeurs, sans intervention militaire et éviter une guerre civile qui pourrait durer longtemps, mais aussi pour évaluer le danger terroriste, qui ne manquera pas de mettre à son profit la perspective d’un conflit durable dans la région du Sahel.