Crise au Mali : le responsable militaire US de l’Africom à Alger

Crise au Mali : le responsable militaire US de l’Africom à Alger

Le général Carter F. Ham, commandant en chef des forces armées américaines pour l’Afrique effectue ce samedi une visite à Alger, après celle du 5 Avril dernier. Au menu: la crise au Mali et ses derniers développements politiques sur la scène internationale.

Le général Carter F. Ham, commandant en chef des forces armées américaines pour l’Afrique (Africom: Le commandement unifié pour l’Afrique, relevant du Département de la Défense des Etats-Unis) effectue ce samedi une visite à Alger, après celle du 5 Avril dernier. Elle intervient dans le contexte des résolutions prises entre Bamako et la Cédéao de lancer une offensive armée contre Al Qaïda au Maghreb islamique et au lendemain de la 67e session des Nations Unies, les 24 et 25 septembre derniers, où l’Algérie, par la voix du ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, a réitéré son attachement à la recherche d’ »une solution politique négociée » dans la crise malienne, en optant pour le dialogue avec Al Qaïda au Maghreb islamique qui occupe le Nord-Mali depuis six (6) mois.



Lors de ce sommet de l’instance onusienne, le premier ministre malien, Cheikh Modibo Diarra, a saisi le conseil de sécurité de l’Onu pour accélérer son accord  pour une intervention au Nord-Mali et il s’est entretenu en tête à tête avec le secrétaire d’Etat américain aux affaires africaines, Johnnie Carson, duquel il a sollicité officiellement l’aide des Etats unis pour la reconquête des territoires occupés du Nord-Mali. A l’issue de la rencontre, même si Barack Obama ne s’est pas exprimé sur ce sujet, le secrétaire d’Etat adjoint aux affaires africaines dit avoir mesuré l’ampleur de la crise: « J’espère que le Mali va continuer à faire des progrès. J’encourage votre pays à rétablir la démocratie par des élections« . Par ces propos, le responsable US traduit la position des Etats-Unis retsée quelque peu sceptique non sur la nécessité de l’envoi des troupes militaires ouest africaines pour libérer le Nord-Mali, mais sur le calendrier de ces opérations, soutenant que Bamako ne peut pas décider d’engager une guerre contre Al Qaïda au Maghreb islamique sans voir organisé des élections présidentielles.

Durant sa visite qui ne manquera pas de soulever le courroux des autorités algériennes, le général Carter F. Hams défendra la position de son pays qui est d’accord sur le principe de la lutte armée contre Al Qaïda au Maghreb islamique mais il le conditionne par la légitimité des institutions politiques de Bamako qui doit sortir de sa crise politique.  C’est la raison pour laquelle les Etats unis réfrénent les ardeurs de Bamako et de la France sur cet impératif. Il aura des entrevues avec des responsables algériens, le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci et Abdelakder Messahel, ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines lesquels, depuis le début du conflit malien, n’ont cessé de réitérer la position défendue par Abdelaziz Bouteflika qui a écarté la voie armée pour privilégier celle de la diplomatie. Rencontrera-t-il, à cette occasion, Abdelmalek Guenaizia, ministre délégué auprès du ministre de la Défense nationale ?

Ce samedi, dans les colonnes du journal français Le Monde, Cheikh Modibo Diarra, le premier ministre malien, s’est longuement exprimé pour défendre l’urgence de l’offensive armée contre Al Qaïda au Nord-Mali, en explicitant la stratégie militaire. Sur la question du calendrier qui oppose les Etats-Unis et la France, le premier ministre malien considère que « chaque jour qui passe, nous avons davantage de mutilations, d’amputations, de viols, d’actes de barbarie dans le nord de notre pays. Le plus rapidement la résolution sera adoptée, le mieux ce sera. Et je suis convaincu que dès que nous aurons une résolution la plupart de ces malfrats et bandits essaierons de s’échapper avant même que les choses sérieuses commencent. Seuls les plus endurcis resteront. » S’exprimant sur la position défendue par le département d’Hillary Clinton à savoir que seul un gouvernement élu démocratiquement aura la légitimité à une intervention armée au Nord-Mali, le premier ministre répond sans ambages:  » Des élections… Quelle serait la légitimité d’un président élu dans un pays qui ne peut pas faire voter tous ses citoyens ? Je ne pense pas que les Etats-Unis bloqueront la résolution au conseil de sécurité de l’ONU. Ils veulent participer au règlement de la situation dans le Sahel. Mais leur législation leur interdit de collaborer avec des gens arrivés au pouvoir après un coup d’Etat, jusqu’à de nouvelles élections. Je ne pense pas que le désir des USA soit de faire perdurer la souffrance et le risque de globalisation des problèmes dans le Sahel. C’est juste une façon de nous dire ne pas prolonger inutilement la transition. Les Etats-Unis nous ont toujours demandé d’organiser, le plus rapidement possible, des élections crédibles. Ce message nous l’avons compris. » S’exprimant sur la participation des pays du Maghreb, Cheikh Modibo Diarra laisse entendre que l’Algérie n’est plus un pays ami: « La question du Mali ne concerne pas seulement la Cédéao, mais toute la communauté internationale. Le Mali et la Cédéao joueront un rôle-clé mais il faut aussi inviter des pays du champ, tels que l’Algérie et la Mauritanie dont la participation est incontournable, des amis, comme le Maroc ou le Tchad. Bref, tous ceux qui pourraient venir nous aider à contenir le problème à une zone très restreinte en attendant que la communauté internationale – France, Etats-Unis, Grande-Bretagne notamment – apprête sa force d’intervention pour faire un travail propre et rapide. » Enfin, interrrogé sur l’offre du dialogue lancée récemment par le président par intérim Dioncounda Traoré aux groupes terroristes du Nord-Mali, le premier ministre malien estime que « Les seuls avec lesquels on peut négocier ce sont ceux du MNLA. Ansar Dine ? Une de ses branches vient d’amputer des gens à Tombouctou. J’appelle ça des extrémistes pas des séparatistes. Ce n’est pas la même chose. Il ne s’agit pas de mobiliser la communauté internationale pour aller combattre des Maliens qui ont des revendications que certains peuvent trouver justes. Il s’agit d’aller déloger des narcotrafiquants et des terroristes qui petit à petit se sont installés et qui menacent non seulement le Mali et la sous région mais aussi, à terme, le reste du monde. »

Cette visite ce samedi du  général Carter F. Ham, commandant en chef des forces armées américaines pour l’Afrique a été précédée de quelques jours par celle du Haut-commissaire des Nations unies pour les drois de l’homme qui a exigé une mission d’enquête d’experts internationaux sur le dossier des disparus durant la décennie noire. Début décembre, l’Algérie accueillera le Président français, François Hollande dont c’est la première visite d’Etat.

R.N