Crise au fln et retour de Bouteflika La fin de la «récréation» ?

Crise au fln et retour de Bouteflika La fin de la «récréation» ?
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Le retour, avant-hier, du président de la République au pays va-t-il sonner la «fin de la récréation» pour les parties en conflit au sein du FLN, afin de rejoindre leur «classe» ? Si certains cadres du parti expriment cela, sous forme de souhait, d’autres sont affirmatifs en précisant que la présence de Bouteflika va précipiter la normalisation de la situation.

Ainsi donc, Abderrahmane Belayat, le coordinateur de cette formation politique, ne va pas avec le dos de la cuillère pour dire que le Front de libération nationale n’a pas besoin du président de la République pour gérer ses affaires. «Malade ou pas malade, au FLN, nous avons toujours su comment régler nos problèmes sans l’intervention du Premier magistrat du pays», a indiqué notre interlocuteur, joint avant-hier par téléphone.

Même son de cloche chez Kassa Aïssi, le porte-parole de cette formation politique qui estime que «seule la responsabilité des membres du comité central est engagée dans cette crise qui secoue le parti.»

«La prochaine session ne va pas se tenir ni par force divine ni force occulte ni, encore moins, déclarée», a-t-il ironisé. Pour lui, la crise ne touche pas le parti de manière générale, mais seulement une instance, à savoir le secrétariat général. «Personnellement, je ne vois pas de quelle manière le retour de Bouteflika va influer sur la crise du FLN ?», s’est-il interrogé.

LG Algérie

Cela étant, Kassa Aïssi a souhaité à ce que ce retour du Président va donner plus d’éveil et de conscience aux membres du CC et à la direction, pour assumer leur entière responsabilité et pouvoir ainsi, a-t-il dit, tenir la session durant laquelle le futur SG devrait être élu.

Abondant dans le même sens, Abdelhamid Si Afif, membre du bureau politique, a laissé-entendre que le Premier magistrat du pays ne s’est jamais immiscé dans les affaires internes du parti. «S’il voulait s’ingérer, il l’aurait fait le 31 janvier dernier lors de la dernière session du parti», a ajouté l’ancien député pour qui la convocation d’une session du comité central, en l’absence de Bouteflika, relevait de l’immoralité politique.

Tout en exprimant sa «grande joie» et sa «satisfaction» en tant que politique et cadre du FLN, du retour du président de la République, dont la présence physique donnera plus de quiétude et de sérénité tant à la population qu’aux institutions, Abdelhamid Si Afif a, lui aussi, exprimé le voeu de voir le parti retrouver sa stabilité avec ce retour du Président.

«LES MEMBRES DE CC SONT CONDAMNÉS À SE METTRE D’ACCORD.»

En revanche, le député Tahar Khaoua, dont la «tentative » de mise à l’écart de son poste de président du groupe parlementaire par Belayat a aggravé davantage la crise au sein du parti unique, a soutenu mordicus que le retour de Bouteflika parmi les siens va influer sur le cours des choses, pour la simple raison que, celui-ci a son mot à dire, étant donné qu’il est le président de cette formation politique a-t-il dit. «Il (Bouteflika, ndlr) est le président du FLN.

Et par respect, on doit le saisir », a-t-il souligné. Par ailleurs, notre interlocuteur n’omet pas de décocher des flèches sur Abderrahmane Belayat et ceux qu’il appelle ses «collaborateurs. »

«Il est normal que Belayat, Si Afif et Mechebek vous disent que le Front de libération nationale peut s’en sortir sans l’intervention du président, car ils sont des anti- Bouteflika. Ils ne sont pas contents de son retour», a-t-il dit. Pour étayer ses propos, Tahar Khaoua a indiqué que ces derniers ont mis à profit l’absence du Premier magistrat du pays pour assainir le parti de tous les militants qui le soutiennent.

Toujours dans le même ordre d’idées, le «détracteur» de l’ancien ministre des Travaux publics sous Zeroual a ajouté que la décision de convoquer un congrès ou une session extraordinaire est «souveraine» et relève exclusivement des prérogatives du Président. «Abderrahmane Belayat et ses collaborateurs veulent, vaille que vaille, gagner du temps», a-t-il rappelé.

Pour sa part, Boudjemâa Haïchour, le chef de file des centralistes, estime aussi que le retour de Bouteflika va précipiter la normalisation de la situation et le dépassement de la crise au sein de l’ancien parti unique. Plus explicite, l’ancien ministre de la Communication rappelle que l’article 34 des statuts du parti, conforté par les articles 53 et 54 de son règlement intérieur, donne le plein droit à son président de convoquer un congrès extraordinaire ou une session du comité central.

Chose, a-t-il enchaîné, que le SG ne peut pas faire. «D’une manière ou d’une autre, même si le Premier magistrat du pays ne va pas intervenir, il aura quandmême un regard sur le parti», a-t-il martelé.

Et de rappeler encore : «Si celui-ci (le président, ndlr) juge qu’il est important de s’immiscer, il peut le faire.» Toutefois, notre interlocuteur a estimé que les membres du CC sont condamnés à se mettre d’accord pour convoquer une session, qu’elle soit ordinaire ou extraordinaire, d’autant plus que, a-t-il enchaîné, les prochaines élections présidentielles approchent à grands pas.

«Le conflit de positionnement entre les uns et les autres doit laisser place à la sagesse», a-t-il insisté. D’autre part, l’ancien ministre de la Communication a rappelé que l’intervention du Premier magistrat du pays, non en tant que président honorifique mais bel et bien en tant que président réel du FLN, est la deuxième alternative après celle de la récolte des signatures des deux tiers des membres du comité central, pour la convocation d’une session extraordinaire.

Soufiane Dadi