Les négociations entre l’employeur et les 8 représentants des travailleurs au niveau du complexe sidérurgique d’El Hadjar (Annaba) entamées mercredi passé suite à une plateforme en 11 points transmise à la direction du complexe n’ont pas abouti et les négociateurs ont quitté la table en appelant à une grève illimitée qui prendra effet aujourd’hui lundi 6 juillet à 5 h du matin.
Dans un entretien accordé à LaTribune, M. Smain Kouadria, porte-parole des travailleurs et négociateur en chef, nous a déclaré que le mot d’ordre de grève a été lancé suite à l’échec des négociations entre les 2 parties.
L’employeur a été informé de cette mesure et la liste des services minimum lui a été transmise.
«Nous avons rejeté une première fois la proposition faite par la direction du complexe qui avait conditionné une augmentation des salaires de l’ordre de 10 % dont la moitié sera effective à compter du mois en cours et l’autre suivra en juillet 2010 par une compression des effectifs touchant 1500 travailleurs. Les négociations avaient été suspendues, le lendemain vendredi, la direction avait appelé à un second round et nous croyions que nous allions arriver à un résultat qui satisferait les 2 parties. Depuis vendredi 15 heures, jusqu’à aujourd’hui, aucune progression dans les négociations n’a été enregistrée et l’employeur a maintenu sa première proposition. Devant cette situation nous n’avions d’autre possibilité que de recourir à ce moyen (la grève) pour exprimer notre refus et exiger que nos revendications légitimes soient prises en charge sachant que depuis l’année 2006, les salaires des travailleurs n’ont pas été revalorisés».
A la question sur les raisons invoquées par l’employeur pour procéder à une compression des effectifs, le porte-parole des travailleurs nous a déclaré que la direction a évoqué la situation de crise financière internationale qui a amené une baisse des commandes et provoqué une mévente du produit ArcelorMittal.
Cette mévente a été aggravée en Algérie par l’importation du rond à béton à des prix que le complexe ne peut pas suivre.
Les prix proposés par le complexe sont de l’ordre de 4000 DA, alors que ceux pratiqués sur le marché sont de 3500 DA.
Il y a donc un déficit énorme qui nécessite une révision des effectifs et donc une compression inévitable.
«Ces arguments ne tiennent pas la route, nous confie M. Kouadria, comme nous l’avons dit, le complexe a engrangé des recettes records en 2006 et en 2007 avec l’embellie enregistrée durant ces 2 années là et pourtant aucune augmentation n’avait été accordée aux travailleurs. S’il y a dess problèmes d’ordre financier et nous en doutons fort, il faut voir du côté de la gestion du complexe, les scandales à répétition qui y ont éclaté et les milliards escroqués par des sociétés étrangères qui ont bénéficié d’avantages énormes au détriment du complexe et surtout de ceux qui chaque jour suent pour produire. Aujourd’hui, il y aura un meeting à 10 heures et nous expliquerons tout aux travailleurs».
Du côté de la direction, on se refuse à toute déclaration et on préfère adopter la politique du wait and see malgré la situation de crise que traverse le complexe.
Les représentants des travailleurs se disent déterminés à aller jusqu’au bout.
«Nous étions venus aux négociations avec l’idée d’obtenir des augmentations de salaire que nos travailleurs attendent depuis 3 ans et on nous parle de compression des effectifs ! Ce n’est pas possible, nous n’accepterons jamais cela.», nous lance un des membres de l’équipe des négociateurs mandatés par la centrale syndicale UGTA.