Du pain bénit pour le pouvoir marocain
Le Makhzen caresse le fol espoir de voir l’Algérie sombrer dans une crise politique et institutionnelle. Le SG du FLN lui offre ce rêve tant caressé sur un plateau d’argent.
En plus d’avoir fait de l’Algérie la risée du monde, le secrétaire général du Front de libération nationale, vient de faire un cadeau inespéré aux généraux marocains qui se frottent certainement les mains. Du pain bénit pour le pouvoir marocain qui suit de très près le développement de la crise entre Amar Saâdani et le patron des services secrets algériens à travers la presse et les sites marocains. Le Makhzen caresse le fol espoir de voir l’Algérie sombrer dans une crise politique et institutionnelle. Amar Saâdani lui offre ce rêve tant caressé sur un plateau d’argent. L’animosité du secrétaire général de la première force politique algérienne a un potentiel d’arme lourde alors que son opportunisme avéré n’a finalement d’égale que son irresponsabilité. Une incohérence, un paradoxe pour un homme politique de premier plan qui a fait, en théorie, de la stabilité de l’Algérie un de ses chevaux de bataille. Le trouble semé par l’ex-président de l’Assemblée populaire nationale au sein de la classe politique algérienne ainsi que les coups qu’il vient de porter à une des institutions qui a mené une lutte sans merci contre des groupes terroristes sans foi ni loi pour préserver le pays du chaos alimentent le processus de diabolisation féroce de l’Algérie initié par les services marocains et redonnent de la vigueur à leurs incessantes campagnes de haine et à leurs multiples provocations. A ce niveau, ses propos ne peuvent être qualifiés de maladresse.
Le «coup de main» de Amar Saâdani aux généraux marocains est attesté. Sa très mauvaise sortie médiatique a mis en difficulté la diplomatie algérienne qui est sur tous les fronts. Elle a fait étalage de tout son savoir-faire pour éteindre ces nombreux débuts d’incendie. Son rayonnement ne pouvait être contesté. C’est dans une telle conjoncture que le nouveau patron du FLN est venu mettre de l’huile sur le feu pour remettre en selle les funestes projets des décideurs marocains tenus en respect et mis en échec par des diplomates algériens aguerris et redoutés par le Makhzen. Les attaques du SG du FLN contre le DRS ont donné des arguments pour une exploitation politique de la crise de Ghardaïa. Du grain à moudre pour les médias et les services marocains qui n’en demandaient pas tant. Comme elle a remis sur le tapis l’affaire des prétendues expulsions de réfugiés syriens par l’Algérie vers le Maroc, ou celle de l’expulsion, montée de toutes pièces, d’une délégation marocaine venue assister à un séminaire sur le terrorisme à Alger organisé par le Centre africain d’études et de recherche sur le terrorisme (Caert).
Les déclarations au lance-flammes de Amar Saâdani vont certainement ragaillardir aussi l’intérêt que porte le trône alaouite aux pourparlers de paix entre le pouvoir malien et la rébellion touarègue pour tenter de doubler l’Algérie. Et lorsque l’on sait le rôle joué par le Mujao (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest) dans la tentative de déstabilisation du Mali, on peut, d’ores et déjà, s’imaginer les dégâts que peut avoir le forcing du Maroc pour exclure l’Algérie des pourparlers de paix inter-maliens. Ce mouvement terroriste sorti tout droit des laboratoires des services marocains avait, en effet, pour mission de plonger toute la sous-région dans l’instabilité et l’insécurité afin de provoquer une intervention étrangère au Sahel. Il est d’ailleurs derrière l’enlèvement, à Tindouf, en novembre 2011, de trois humanitaires (deux Espagnols et une Italienne). Il est aussi l’auteur du kidnapping du consul d’Algérie à Gao (Nord-Mali) et de six de ses collaborateurs ainsi que de l’attentat suicide contre une brigade de gendarmerie à Tamanrasset qui avait fait, début mars 2012, 23 blessés (voir L’Expression du 3 février 2014).
Une lecture absente de l’assaut lancé par le secrétaire général de l’ex-parti unique contre un des secteurs les plus sensibles, garant de la stabilité de l’Algérie.