Depuis plus d’un an, les relations entre l’Algérie et la France connaissent une crise diplomatique d’une intensité inédite. Les rares tentatives de rapprochement diplomatique ont échoué, laissant les deux pays sans contact officiel significatif. Pour l’ancien ministre et diplomate Abdelaziz Rahabi, Paris porte une part importante de responsabilité dans cette crise bilatérale.
Dans un entretien accordé au journal espagnol El Independiente, Abdelaziz Rahabi explique que les tensions franco-algériennes s’inscrivent dans une dynamique récurrente.
« Les crises avec la France sont cycliques. La France a fait de l’Algérie un enjeu de politique intérieure française (…) Ils ne connaissent pas les Algériens », affirme-t-il. Selon lui, le débat français autour de l’Algérie est largement lié à la question de l’islam et à des considérations électoralistes.
L’accord de 1968 sur l’immigration au cœur des tensions
Rahabi évoque également l’accord de 1968, qui encadre l’immigration algérienne en France et dont la suppression est réclamée par une partie de la droite et de l’extrême droite françaises. « L’Algérie est prête à le rompre si les Français ne veulent pas le respecter », prévient-il, estimant que cet accord « ne nous profite pas ».
La crise a franchi un nouveau cap avec la décision du président Emmanuel Macron, le 7 août dernier, de suspendre l’accord de 2013 sur les passeports diplomatiques et de geler la délivrance des visas de type D aux ressortissants algériens.
🟢 À LIRE AUSSI : Valise diplomatique : Alger rejette la procédure temporaire mise en place par Paris
Des précédents historiques de tensions franco-algériennes
Bien que grave, cette crise n’est pas sans précédent. Rahabi rappelle que sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing, l’Algérie avait déjà été confrontée à une politique hostile. L’ancien chef de l’État français, partisan déclaré de « l’Algérie française », n’avait jamais accepté l’indépendance du pays.
Malgré ces tensions, Alger avait su tenir bon. Rahabi évoque même le rôle joué par l’Algérie et sa diaspora dans la victoire de François Mitterrand en 1981, en mobilisant soutiens, médias et réseaux socialistes à l’international.
🟢 À LIRE AUSSI : Noëlle Lenoir dérape sur CNews avec des accusations graves contre les Algériens
Un avenir incertain pour les relations bilatérales
Pour Rahabi, il ne faut pas s’attendre à une amélioration rapide des relations bilatérales. Selon lui, la crise « ne s’atténuera pas » avant les élections présidentielles françaises de 2027.
Il accuse également la France d’avoir joué un rôle actif dans la promotion du plan marocain d’autonomie pour le Sahara occidental en 2006, élaboré sous Jacques Chirac. Une orientation qui s’est poursuivie avec Nicolas Sarkozy, motivé selon Rahabi par « un intérêt personnel » et qui reste, à ses yeux, « la principale figure du soutien marocain en France », aujourd’hui incarnée médiatiquement par Rachida Dati.
🟢 À LIRE AUSSI : Crise diplomatique : Ségolène Royal et Mélenchon dénoncent la politique de Macron envers l’Algérie