Alors que certains employés de Mobilis ont manifesté, hier, leur refus de voir partir leur tout nouveau chef, le conseil d’administration se réunit, aujourd’hui, pour décider de la suite à donner à la décision de Azouaou Mehmel de démissionner de son poste de DG.
Les déboires d’Algérie Télécom, maison mère, et sa filiale ATM Mobilis, se suivent, se ressemblent presque et surtout n’en finissent pas. Hier encore un nouvel épisode s’inscrivait dans le palmarès des départs, démissions et limogeages qui caractérisent ce groupe public.
Azouaou Mehmel vient à son tour de démissionner tout comme l’a fait son prédécesseur Lounis Belharrat sauf que le “nouveau remplaçant” occupe son poste depuis à peine trois mois, ce qui ne manque pas de susciter moult interrogations.
Contactés par nos soins, les responsables de Mobilis ont préféré se montrer rassurants et récusent tout départ du nouveau patron qui est, selon eux, “toujours en fonction” pour avoir présidé hier même, pas moins de trois réunions successives.
Le rassemblement, hier, des travailleurs à l’heure de la pause déjeuner n’a été de l’avis des responsables de Mobilis qu’une réaction logique après toutes les rumeurs qui ont circulé depuis déjà une quinzaine de jours sur une hypothétique démission.
“Rien n’est officiel”, lance le DRH à l’adresse des travailleurs inquiets, ce qui ouvre une brèche à toutes les suppositions. Au niveau d’Algérie Télécom, on préfère faire jouer la carte de la transparence : “Oui, en effet, Azouaou Mehmel a bel et bien présenté sa démission”, nous confirme-t-on précisant que le conseil d’administration se réunira justement aujourd’hui même pour examiner cette demande et décider de l’issue à donner à cette histoire.
Mais qu’est-ce qui motive cette demande de départ précipité alors que Azouaou connaissait parfaitement ce qu’on attendait de lui en acceptant sa promotion. Il était issu de la maison étant ancien directeur des transmissions, ex-conseiller à Algérie Télécom et chef de division des opérations au pôle Djaweb Business et services et donc bien au fait des tenants et aboutissants de tout ce qui se rapporte à cette entité. Celui-ci était venu “apporter un nouveau souffle au sein de l’entreprise et de motiver le personnel pour développer une attitude commerciale propre à améliorer les indicateurs de performance”.
Mais de quelle manœuvre dispose le nouveau responsable de cette entreprise qui jouit du statut de SPA (société par actions) dont l’État est l’actionnaire principal sans pour autant donner à Mobilis des avantages dans un secteur soumis à rude concurrence ? Nous nous demandions alors (voir Liberté du 23 décembre dernier) au lendemain de sa nomination.
Des coudées loin d’être franches de toute évidence apparemment puisque c’est justement là que réside le problème.
Azouaou aurait, selon son entourage, attaquer de front dès le départ, en se “séparant” du staff dirigeant en place (quatre des plus importants cadres de Mobilis) en plus du directeur de la distribution. Témérité ou acte suicidaire, le geste en lui-même sera interprété différemment, mais ne manquera pas de peser sur la suite des événements.
Azouaou s’occupe ensuite de l’agence Sophia qui représente à ses yeux “la vitrine de l’entreprise” et tente de l’épurer des “parasites”.
La sous-directrice commerciale au niveau régional (Alger) qui n’est autre que la fille de Djenouhat, numéro 2 de l’UGTA, n’échappe pas à cette vaste opération de nettoyage.
En congé de maladie depuis déjà un certain temps, comme nous le confirme une source proche de Mobilis, celle-ci s’est vue signifier un changement (d’un poste à un autre). Toujours est-il, le ministre aurait instruit le nouveau DG pour mettre fin à cette histoire et en faveur de la fille Djenouhat.
C’est la goutte qui a fait déborder le vase envenimant la situation à l’extrême. Azouaou, selon nos sources, a jeté l’éponge, depuis déjà des jours, refusant catégoriquement de se soumettre à de telles pressions.
Il aurait déchanté très vite prenant conscience que les véritables décisions pour Mobilis se prenaient ailleurs qu’à Mobilis.
C’est du moins ce que nous assurent des sources proches de l’entreprise elle-même soumise à un statut et des procédures qui la privent, finalement, des outils nécessaires pour s’assurer la précieuse “performance” tant réclamée.
Quelle attitude adopter lorsqu’on est nommé à la tête de Mobilis. On se rappelle que l’on a reproché au premier P-DG de Mobilis, en l’occurrence Belhamdi, d’avoir “trop osé”, pour se plaindre ensuite de Belharrat, qui lui avait succédé, de ne pas être suffisamment “réactif” et probablement à Azouaou, à présent, d’avoir titillé les “intouchables”. C’est que le statut dévolu à Mobilis ne permet même pas sa défilialisation comme l’a fait Algérie Télécom pour Djaweb.
Nabila Saïdoun