Le nombre de mineures mises en cause connaît chaque année une hausse de 8%, qui semble «régulière» mais moins importante que celle des garçons.
Les filles mineures sont de plus en plus mises en cause pour des faits de délinquance. On enregistre une hausse sensible sur cinq ans pour les violences, selon un bilan établi par la Gendarmerie nationale, rendu public récemment. Elles sont de plus en plus nombreuses à s’adonner à la délinquance aujourd’hui, et sont plus de 200 à s’attaquer aux personnes.
Ces adolescentes, agées entre 14 et 17 ans, sont devenues des petites «criminelles». «Nous constatons qu’il y a de moins en moins d’écart avec les garçons pour ce qui est du règlement de comptes», relèvent notamment les criminologues algériens.
Cette augmentation de la délinquance des adolescentes est «particulièrement forte en région algéroise et en zone sensible, surtout là où l’activité des bandes est très forte», précisent les criminologues. D’autre part, le nombre des mineures mises en cause connaît chaque année une hausse de 8%, qui semble «régulière» mais moins importante que celle des garçons.

Selon un rapport récent de la Gendarmerie nationale, sur 150 837 mis en cause pour des crimes et délits non routiers en 2010, près de 200 contre près de 120 en 2009 étaient des filles mineures, soit une augmentation globale annuelle de (90%). Mais «il ne serait pas illogique que la délinquance des filles progresse», poursuivent-ils. Parmi les causes qui ont poussé ces filles à la délinquance, c’est en premier lieu l’environnement familial.
Un détail de taille qui détermine la suite de leur vie. Il y a aussi ce qu’on appelle les styles de vie. Les adolescents pouvent aider les filles à faire comme les garçons, car s’identifiant à leurs modèles, expliquent les criminologues. Selon les gendarmes, ces chiffres sont significatifs du «rythme de l’augmentation» des mineures délinquantes.
En 2009, elles ont été mises en cause dans 1 200 atteintes aux personnes, véritable point noir de la délinquance en Algérie. Au courant de cette année, le chiffre est passé à 1 500, soit une augmentation de 12,5%. «Pour un oui pour un non, un contentieux, des jalousies, des vengeances, il y a recours à la violence, c’est un phénomène nouveau et récent», constatent les criminologues, mais également les enquêteurs de la GN.
Entre 2004 et 2009, les filles mineures sont avantageusement impliquées dans des atteintes aux biens, mais il y a une hausse de 20% s’agissant des violences et menaces. Le nombre de filles mises en cause pour violences physiques non crapuleuses, comme les coups et blessures volontaires, a doublé, selon la Gendarmerie nationale. Parfois, des situations banales dégénèrent vite, ce qui est nouveau dans notre société, mais la cause principale de ce comportement est sans doute la pression auquelle ces enfants font face ces dernières années.
Il y a également les répercussions du terrorisme, vécues durant plus d’une décennie en Algérie, et ces enfants ont vécu une partie de ce phénomène ravageur. En atteste la récente mise en examen à Alger, pour «complicité», d’une adolescente de 15 ans dans une affaire de violences et de séquestration d’une de ses camarades dans un CEM. Les gendarmes comme les criminologues appellent à la prudence et les parents sont appelés à assumer leurs responsabilités envers leurs enfants.
Par Sofiane Abi