Les éditions Média-Plus de Constantine ont publié récemment deux ouvrages d’histoire très intéressants. Le premier, signé par le chercheur Bouda Etemad, est intitulé Crimes et Réparations, l’Occident face à son passé colonial. Le second, fruit du travail d’une équipe de chercheurs, est intitulé Les 100 discours qui ont marqué le XXe siècle.
Professeur aux universités de Genève et de Lausanne où il enseigne l’histoire des relations Nord-Sud, Bouda Etemad, dans Crimes et Réparations, l’Occident face à son passé colonial, pose la problématique de la repentance et des dédommagements que réclament les victimes des crimes de l’histoire aux descendants des coupables.Il est à signaler que la plupart des travaux de l’auteur portent essentiellement sur l’expansion coloniale de l’Europe, le coût de la constitution des empires et les liens éventuels entre, d’une part, colonisation et prospérité de l’Europe et, de l’autre, entre colonisation et paupérisation du tiers-monde.
Ce nouvel ouvrage, publié par les éditions Média-Plus, complète la trilogie du chercheur suisse sur les différents aspects de la colonisation entamée avec les ouvrages la Possession du monde, publié en 2000, et De l’utilité des Empires, en 2005. Dans le texte de la 4ème de couverture, il est souligné : «Pourquoi choisit-on de préférence la traite négrière, l’esclavage ou l’extermination de populations indigènes dans le cadre de la colonisation à d’autres ‘‘crimes », lorsque l’on fait valoir que l’écoulement du temps n’efface pas les responsabilités de ceux qui, dans un passé souvent lointain, ont commis de tels actes ? Comment en est-on venu à penser qu’une politique de réparation serait susceptible, mieux que l’aide au développement, de contribuer à réduire les inégalités Nord-Sud ?
Pourquoi ce déplacement d’accent de l’économie vers le politique et l’éthique ?»
Ainsi, tout au long des 206 pages de l’ouvrage, Bouda Etemad tente de répondre à ces questions en adoptant la perspective de l’histoire comparative de longue durée. Il remonte jusqu’au XVIe siècle pour retrouver, dans les anciennes colonies, les racines des notions de crime et de réparation. Il tente de donner une évaluation de l’importance des préjudices subis tant par les peuples autochtones d’Amérique et du Pacifique, tels que le dépeuplement et la spoliation foncière, que par les Africains et les Noirs de la diaspora à l’instar de la traite négrière et de l’esclavage.
D’un autre côté, il établit la portée et les limites des demandes actuelles de réparation, censées redresser les injustices héritées du passé colonial et formulées par les Indiens d’Amérique, les Aborigènes d’Australie, les Maoris de Nouvelle-Zélande, les Noirs d’Afrique et de la diaspora. Dès lors, pour le spécialiste suisse de l’histoire coloniale, «le recouvrement du passé est indispensable mais il ne va jamais sans risque. Le danger du travail de mémoire serait de le faire pour obtenir des privilèges, en exploitant un passé de souffrances.» Le second ouvrage d’histoire publié par les éditions Média-Plus, Les 100 discours qui ont marqué le XXe siècle est une anthologie de la pensée politique peaufinée par trois chercheurs en sciences politiques et histoire : Hervé Broquet, Catherine Lanneau et Simon Petermann. Les trois chercheurs se sont attelés à vulgariser les grands discours qui ont marqué l’histoire du XXe siècle. Dans la présentation de cet ouvrage, il est précisé que «si tout le monde a en tête le ‘‘Je vous ai compris » de De Gaulle, le ‘‘Un rideau de fer s’est abattu à travers le continent européen » de Churchill ou le ‘‘Ich bin ein Berliner » de Kennedy, peu en revanche connaissent vraiment le reste des discours d’où proviennent ces fameuses paroles et encore moins les contextes historiques».
Ainsi, les lecteurs algériens sont conviés à découvrir les discours historiques de Jaurès, Gandhi, Hitler, de Gaulle, Truman, Churchill, Kennedy, Nixon, Arafat, Gorbatchev, Mandela, Rabin, et aussi Gamal Abdenasser, Ernesto Che Guevara, Hô Chi Minh, Salvador Allende, Anouar El Sadat, Khomeiny, Helmut Kohl, Saddam Hussein, Georges Bush, Fidel Castro, Boris Eltsine et autres hommes d’Etat dont les discours ont marqué la marche du siècle.
S’inscrivant dans la démarche d’Eric J. Hobsbawm, Hervé Broquet, directeur du CREP et chargé d’enseignement à l’Ecole royale militaire, Catherine Lanneau, docteur et chargée de recherche du FRS/FNRS, et Simon Petermann, enseignant de sciences politiques à l’université de Liège, retracent l’histoire du XXe siècle à travers les grands discours qui l’ont marqué sur plus de 800 pages. Chacun de ces discours est précédé d’une introduction qui le replace dans le moment historique et permet d’en mesurer l’impact au niveau international.