Le Président russe s’est dit prêt, ce mardi, à ratifier le rattachement de la péninsule de Crimée à la Russie, faisant fi des sanctions occidentales.
M. Poutine devait s’exprimer sur le sujet à 11h GMT au Kremlin devant les deux chambres du Parlement russe, les dirigeants des régions russes et les représentants de la société civile, deux jours après le plébiscite sur le rattachement de la péninsule ukrainienne à la Russie.
D’ores et déjà, le Kremlin a annoncé que le chef de l’Etat était prêt à ratifier un accord prévoyant l’intégration à la Russie de la Crimée, péninsule de la mer Noire qui avait été offerte en 1954 à l’Ukraine par le dirigeant soviétique Nikita Khrouchtchev. La Douma (chambre basse du Parlement russe) a pour sa part adopté une déclaration de soutien au peuple de Crimée, promettant d’«assurer la sécurité» des Criméens «indépendamment de leur origine ethnique, de leur langue et de leur religion». Hier soir, M. Poutine a déjà signé un décret reconnaissant l’indépendance de la péninsule séparatiste ukrainienne de Crimée, étape nécessaire pour son intégration à la Russie. Celle-ci doit en effet faire l’objet d’un accord entre deux Etats indépendants. Peu avant, l’Union européenne et les Etats-Unis, qui n’ont cessé de condamner la prise de contrôle de la Crimée par les forces pro-russes après la destitution du président ukrainien, Viktor Ianoukovitch, avaient sanctionné la Russie. Annoncées presque simultanément à Bruxelles et Washington, les sanctions européennes et américaines, plutôt symboliques, concernent un nombre limité de hauts responsables russes et ukrainiens pro-russes et épargnent a priori M. Poutine. Onze personnes sont visées selon la Maison Blanche : sept Russes et quatre personnes accusées de collusion avec la Russie en Ukraine, dont le président déchu, Viktor Ianoukovitch, un conseiller, et deux dirigeants séparatistes de Crimée. Dans le même temps, les ministres européens des Affaires étrangères ont pris des sanctions – restrictions de visas et gels d’avoirs – contre 21 responsables ukrainiens et russes, a annoncé le ministre lituanien Linas Linkevicius. Mais il n’y a pas, pour l’instant, de ministres du gouvernement russe visés, a-t-on précisé de source diplomatique. De telles sanctions sont inédites dans l’histoire des relations UE-Russie depuis l’effondrement de l’Union soviétique en 1991. Ces menaces ne semblaient pas émouvoir le maître du Kremlin, sorti renforcé du référendum et dont la cote de popularité en Russie a battu un record depuis sa réélection à la présidence russe en mai 2012. Des dizaines de milliers de personnes sont attendues ce soir sur la place Rouge à un concert pour soutenir la politique du Kremlin. De leur côté, les autorités séparatistes de Crimée ont brûlé les étapes pour rejoindre le giron russe, en annonçant tour à tour une proclamation d’indépendance, une demande de rattachement adressée à Moscou, la dissolution des unités militaires ukrainiennes, l’introduction du rouble et le passage le 30 mars au fuseau horaire de Moscou. A Kiev, le Parlement ukrainien a approuvé au même moment une mobilisation partielle de ses forces armées pour faire face à «l’ingérence de la Russie dans les affaires intérieures de l’Ukraine», au lendemain d’un référendum que le président par intérim, Olexandre Tourtchinov, a qualifié de «grande farce». Les députés ont également approuvé l’octroi de près de 530 millions d’euros pour assurer l’aptitude au combat des forces armées. Les soldats ukrainiens déployés en Crimée «resteront là-bas», a affirmé le ministre de la Défense Igor Tenioukh.
R. I. / Agences