Les dispositions prises par les autorités publiques en matière d’acquisition de logement par certaines catégories de demandeurs, notamment la bonification des taux d’intérêt des crédits, tendent à produire des effets positifs.
Des sociétés immobilières naissent avec des projets importants de logements. Toutefois, le prix du bien demeure inaccessible. Les regards sont tournés plutôt vers le lancement du programme quinquennal 2010-2014 de la promotion immobilière. L’Etat compte réaliser 500 000 logements au prix maximum de 4 millions de dinars l’unité.
En effet, de nouveaux promoteurs immobiliers lancent à travers le pays dans le secteur de l’habitat des projets de résidences dites de haut standing. Parmi les sociétés qui se lancent dans le domaine, on peut citer la Sarl El Kadissia, dont l’un des actionnaires est de nationalité égyptienne.
Cette société, dont le siège social se trouve à Kouba (Alger), propose des appartements et des duplex au niveau de la commune de Chéraga (Alger) avec la possibilité d’aménagement selon le choix du propriétaire et des facilités de paiement par tranches et à l’aide du crédit bancaire. Quant au prix du bien, le promoteur égyptien propose plusieurs tarifications, dont le prix minimum est fixé à 18 millions de dinars pour un logement de type F4.
C’est des tarifs incompressibles, tient-il à souligner, en précisant que le prix du foncier à Alger est trop cher par rapport à d’autres localités du pays. Ajoutons à cela l’instabilité des prix des matériaux de construction, en constante augmentation. Malgré les difficultés étalées, la demande demeure encore potentielle, selon notre interlocuteur, qui avoue au passage que le marché algérien reste «potentiel» et «exigeant».
Parmi les catégories de clients qui optent pour ce type d’habitation, des promoteurs citent certaines catégories d’employés dans le secteur privé national et étranger qui ont des revenus mensuels supérieurs, des hauts fonctionnaires de l’Etat, des magistrats, des médecins privés, des parlementaires et des patrons de PME dynamiques, ainsi que des hommes d’affaires.
La communauté algérienne établie à l’étranger est également une cible importante dans ce type de logement, étant donné la possibilité d’accès au crédit bancaire aux algériens installés à l’étranger. La demande en logement en Algérie, qui demeure à être évaluée, suscite une véritable dynamique auprès des constructeurs.
Sur des supports spécialisés dans l’immobilier, on découvre des enseignes nouvelles, à l’instar de Bessa constructions qui a un projet de logements neufs de haut standing à Ouled Fayet (Alger),
de Soundous Istitmar en charge de la construction d’une résidence à Saïd Hamdine, à Birtouta et prochainement à Blida centre, et Gecodar qui a lancé le projet d’appartements luxueux et de locaux professionnels à Aïn Naâdja.
L’image de marque des promoteurs algériens est déclinée désormais par son adhésion au fonds de garantie et de caution mutuelle de la promotion immobilière (FGCMPI). Une garantie qui met en confiance le client.
Les limites du dispositif
S’agissant de la dynamique que connaît actuellement la promotion immobilière, elle est due, selon le président de l’Association générale des entrepreneurs algériens (AGEA), Mouloud Khelloufi, aux mesures prises par les pouvoirs publics en faveur des acquéreurs de logements exclus jusque-là du logement locatif et du logement social participatif. Face à la crise de logement, de nouvelles mesures ont été prises par l’Etat afin de faciliter l’achat d’un bien.
Un décret sur la bonification des crédits immobiliers en faveur des ménages et des promoteurs immobiliers a été publié en mars. Les taux d’intérêt des crédits sont fixés à 1% ou 3% selon la catégorie des revenus. Ceux ayant un salaire inférieur à 90 000 DA peuvent prétendre à un prêt avec un taux d’intérêt de 1%. Quant à ceux ayant un salaire dépassant les 90 000 DA, ils peuvent bénéficier d’un prêt avec un taux de 3%. Les promoteurs immobiliers ont accès au foncier à des prix soutenus par l’Etat, selon la zone d’implantation du projet.
Il s’agit là de mesures importantes, selon le président de l’AGEA, pouvant diversifier l’offre de logements et répondre aux attentes de la demande. «Certaines catégories sociales se voient accorder la possibilité d’acquérir des logements à des taux d’intérêt officiels fixés par l’Etat. C’est une mesure importante à encourager et à soutenir. Par contre, le système de tarification appliqué par les promoteurs devra être contrôlé et plafonné par les autorités.
Il existe une anarchie totale dans les prix pratiqués par certains promoteurs, pour ne pas dire une véritable spéculation qui s’abat sur un marché potentiel», a souligné M. Khelloufi, appelant les autorités à réguler les prix du mètre carré chez le privé algérien. Dans le cadre du dispositif de logements éligibles
à la bonification d’intérêt, les autorités exigent des postulants d’opter pour des logements collectifs réalisés par un promoteur public ou privé, ou des logements collectifs qui doivent être construits au minimum en R+3, tandis que le prix maximum du mètre carré ne doit pas dépasser les 100 000 DA. Ce système devra être généralisé à tout le secteur de la promotion immobilière, souhaite le président de l’AGEA, afin de permettre au citoyen de payer au juste prix le bien acquis sans subir les effets de la spéculation.
Un logement promotionnel à 4 millions DA : c’est possible !
Du côté des postulants, les nouvelles mesures sur la bonification des taux d’intérêt demeurent insuffisantes étant donné la cherté de la vie. Un ménage d’Alger ayant un revenu de 96 000 DA a contracté un crédit de 7,6 millions de dinars pour l’achat d’un appartement d’une valeur de 9,5 millions de dinars. Le taux d’intérêt est fixé à 3%.
En plus de l’apport personnel le couple doit mobiliser préalablement (2 millions de dinars), il doit faire face aux paiements de la caution de garantie, des frais d’étude de dossier et de l’assurance-vie. Au total, il devra verser à la banque près de 170 000 dinars.
La mensualité à honorer est de l’ordre de 37 500 dinars. C’est le montant d’un salaire, avoue le postulant, persuadé que cette formule n’est pas totalement une solution idoine étant donné le coût du logement à Alger.
«Il faut disposer d’un salaire de plus de 120 000 DA/mois et avoir économisé plus de 2 millions DA pour prétendre acheter un logement promotionnel de type F3», nous a affirmé un postulant rencontré dans une agence bancaire, avec un air de désespoir, estimant que le dispositif soutenu par l’Etat va profiter plutôt à une «certaine catégorie de revenus».
«Je préfère attendre encore le programme présidentiel annoncé pour la période de 2010-2014. On parle d’un logement public promotionnel d’une valeur de 4 millions de dinars. C’est un prix du moins raisonnable par rapport à ceux réalisés par les opérateur privés», a confié une enseignante d’Alger dont le revenu est «modeste».
Par Farouk Belhabib