Crédit à la consommation, taxes sur la téléphonie et les véhicules, crédit documentaire…

Crédit à la consommation, taxes sur la téléphonie et les véhicules, crédit documentaire…

Les explications de Karim Djoudi

Après les réactions des opérateurs économiques et des organisations professionnelles sur la teneur de la loi de finances complémentaire, Karim Djoudi, ministre des Finances, a accordé hier un entretien à l’APS où il a survolé les grandes orientations apportées par ce texte.



Il n’a pas mâché ses mots s’agissant de la situation macroéconomique du pays caractérisée notamment par une dépendance accrue aux exportations du pétrole (97% de nos recettes d’exportation et 70% des recettes fiscales proviennent des hydrocarbures).

«Aujourd’hui, nous sommes en train de faire opérer à l’économie une transformation pour l’orienter vers un nouveau régime de croissance où la production nationale devra graduellement se substituer à l’offre externe», a-t-il expliqué.

Il rappellera toutes les mesures contenues dans la loi de finances, notamment celles relatives à l’emploi et à la lutte contre le chômage, l’accession au logement, la régulation de l’activité économique et l’assainissement du commerce extérieur, etc.

Pour ce qui concerne la suppression du crédit à la consommation qui a soulevé le tollé, Djoudi a tenu à remettre les pendules à l’heure : «En interdisant le crédit à la consommation, nous protégeons les ménages contre le surendettement et les risques en découlant et orientons l’emprunt vers l’acquisition de logements ; nous régulons l’importation des véhicules et nous favorisons l’investissement sur le marché national ; les ménages pourront trouver sur le marché domestique et à des conditions préférentielles des véhicules produits en Algérie.» Selon lui, «il y a trois formes de crédits à la consommation : le crédit immobilier, le crédi

t véhicule et les crédits d’acquisition des biens durables.

Le crédit immobilier est évacué de cette disposition et il nous reste les deux autres. Mais c’est le crédit véhicule offert par les seules banques privées qui est prédominant. Il porte sur des véhicules produits sur les marchés internationaux où se créent de ce fait la richesse et l’emploi.» «Deux risques sont à considérer sur ce plan : les ménages, de façon naturelle, risquent d’atteindre des situations de surendettement préjudiciables, les importations de véhicules continuent à augmenter. Ainsi, sur l’année 2008, l’importation de véhicules de tourisme utilitaires a atteint près de 3,5 milliards de dollars». Au sujet de la taxe sur les véhicules neufs, M. Djoudi dira «Elle avait plusieurs objectifs : alimenter le fonds pour le développement des transports publics qui a pour mission de soutenir les prix des tickets de transport public mais également réguler l’importation des véhicules pour favoriser à terme l’installation de l’investissement en Algérie aux dépens de l’importation.» Pour les recettes de la taxe décidée en 2008, l’argentier du pays a fait savoir que «les produits de cette taxe pour le premier semestre 2009 à la suite de la LFC 2008 se montaient à près de 9 milliards de dinars. Ce qui signifie que nous serions sur une base d’une vingtaine de milliards de dinars de revenus engrangés par an». Karim Djoudi a également affirmé que «la taxe de 5% sur le chiffre d’affaires de l’opérateur de téléphonie mobile est payée par l’opérateur et nullement par la clientèle».

Celle-ci va permettre, à ses yeux, d’avoir une plus grande traçabilité dans ces opérations qui avaient tendance à échapper au suivi de l’administration fiscale.

Le ministre des Finances a estimé enfin que pour «la régulation de l’activité économique, il s’agit de prendre en considération un phénomène important dans notre équilibre externe. Nous avons aujourd’hui une évolution de nos importations de biens qui sont passées de 20 milliards en 2006 à 27 milliards en 2007 et à 37,5 milliards de dollars en 2008 et, simultanément, une très forte croissance de nos importations de services qui est passée de 4 milliards en 2007 à 11 milliards de dollars en 2008.

A l’effet de réguler ces importations de services et de donner un avantage comparatif à la réalisation de ces services sur place, une taxe à hauteur de 3% a été instaurée».