Crédit à la consommation, Pourquoi les banques hésitent

Crédit à la consommation,  Pourquoi les banques hésitent
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n’y aura pas de crédit à la consommation avant la clarification de la loi le régissant. Parce que les banques craignent que la définition du produit national, ambiguë à leurs yeux, soit mal interprétée par les institutions de contrôle pour, ensuite, les accabler.

“Les banques sont prêtes à proposer des offres de crédit à la consommation. Or, produire et assembler ne veulent pas dire la même chose ! Elles ne veulent pas être placardées plus tard par la Banque centrale comme des banques qui ne respectent pas la loi ou être accusées de financer des importations”, nous a déclaré un banquier sous le couvert de l’anonymat.

Notre interlocuteur a soutenu que la définition du produit fabriqué localement, privilégié par le nouveau cadre juridique régissant le crédit à la consommation, prête à équivoque, et il y a un risque qu’elle soit interprétée de manière inappropriée par les institutions de contrôle comme la Banque d’Algérie (BA). Il a ajouté que les banques intéressées par ce créneau, et ce ne sont d’ailleurs pas toutes les banques, ont posé la problématique au sein de l’Association professionnelle des banques et des établissements financiers (Abef).

“Un consensus s’est dégagé, confiant au délégué de l’Abef de saisir le ministre du Commerce afin de clarifier la définition du produit à financer par ce type de crédit”, a-t-il conclu.

En effet, le crédit à la consommation peine à redémarrer depuis sa réhabilitation politique à la faveur de la loi de finances pour 2015, il y a maintenant dix mois.

Le décret explicitant les modalités d’offres, promulgué en mai dernier dans le but de consolider ce cadre juridique, n’a pas convaincu les banquiers qui craignent justement la mauvaise interprétation de ses dispositions, notamment celle qui définit le produit fabriqué localement.

Si le décret, à se fier aux explications des officiels à ce sujet, n’exclut aucun produit qui sort des chaînes de production installées en Algérie, quel que soit son taux d’intégration — c’est-à-dire, qu’il soit fabriqué totalement, partiellement ou monté à partir de kits complets importés

—, les banques hésitent encore.

Qu’est-ce qui explique cette méfiance des banques vis-à-vis des pouvoirs publics ? Ce ne sont, en tout cas, pas les banques publiques qui peuvent se plaindre du climat des affaires en Algérie.

Le crédit à la consommation ne s’inscrit pas sur l’agenda de la quasi-totalité d’entre elles. Les banques privées, qui sont toutes à capitaux étrangers et dont le crédit à la consommation faisait gagner beaucoup d’argent à la plupart d’entre elles avant son interdiction, sont donc traumatisées par le flou et l’instabilité juridiques.

Elles ont, dans un premier temps, faut-il le rappeler, prétexté le retard accusé par la Banque d’Algérie pour la mise en place de “la centrale des risques”, cette base de données où sont fichés les emprunteurs non solvables et les mauvais payeurs qui leur permet de mieux analyser le risque. Cette base de données est opérationnelle depuis le 15 septembre dernier. D’autant qu’il n’y a pas de corrélation entre la mise en place de la centrale des risques et la formulation d’offres de crédit à la consommation.

Il convient de rappeler que le crédit à la consommation a connu son essor durant la décennie 2000 grâce aux ventes d’automobiles. Il a été interdit par la loi de finances complémentaire pour 2009 et sa réhabilitation était une recommandation de la tripartite ayant pour but la promotion de la production nationale.