Placer son enfant dans une garderie est peut-être la solution pour certains parents qui travaillent, mais qu’en est-il de la prise en charge des enfants? A Oran, les établissements de garderie d’enfants poussent comme des champignons. Néanmoins, de l’avis de nombreux observateurs avertis, les conditions d’accueil des bambins, dans nombre de garderies, ne sont soumises à aucune norme.
Théâtre de nombreux dépassements, ces structures sont au cœur de plusieurs polémiques. En effet, très peu d’entre elles respectent véritablement le cahier des charges. Trouver une «bonne» crèche pour sa progéniture n’est pas chose aisée de nos jours. Dans la majorité des crèches, les conditions d’accueil des petits enfants ne sont soumises à aucune norme de sécurité ou d’hygiène.
Les témoignages ne manquent pas pour décrire une situation des plus chaotiques concernant, le nombre des crèches en exercice au niveau de la capitale de l’ouest, elles seraient près de 200 centres d’accueil de la petite enfance. La majorité des garderies accueillent les enfants dans des endroits qui n’offrent aucune norme.
Des garages et des caves sont même transformés en centre d’accueil et les enfants y évoluent dans une atmosphère peu sereine qui ne garantit aucunement leur bon développement depuis la promulgation du décret exécutif 92/382 datant de 1992, les établissements spécialisés dans la prise en charge de la petite enfance ont proliféré de manière ostentatoire, souvent au détriment de la qualité et de l’éthique y afférentes.

La crèche, institution éducative ou créneau commercial ?
Pour faire face à cette situation, la direction de l’action sociale a mis en place une commission de contrôle dont la mission est de veiller sur le respect de la réglementation régissant ce secteur. En effet l’ouverture de garderies et autres crèches est soumise à des normes.
Cependant, dans la réalité, beaucoup de centres d’accueil de la petite enfance ne les respectent pas.
C’est tout simplement devenu un commerce en constante augmentation et dont les gérants profitent de la détresse des familles pour accueillir les enfants, parfois, dans des conditions pas toujours convenables. L’année dernière, une soixantaine d’infractions à la réglementation ont été relevées par les services de la DAS.
Dans la majorité des crèches, le constat est le même, ces garderies sont gérées par des personnes qui ne disposent d’aucune qualification, contrairement aux lois qui régissent le secteur éducatif. Le personnel n’est souvent pas formé pour prendre en charge des enfants non encore scolarisés.
Aussi des accidents graves surviennent sans être signalés, des enfants atteints de retard mental non diagnostiqué, des enfants de bas âge sont entassés dans des chambres exiguës.
La plupart des crèches ne disposent même pas d’issues de secours ni d’aires de jeux […]. Quant à la qualité de la nourriture, elle laisse vraiment à désirer.
Des crèches à 12.000 dinars le mois
«Entre 4.000 et 6.000 dinars le mois, ce n’est pas donné», dit-elle. «C’est tout simplement de la pure arnaque, s’exclame-t-elle, car nous payons le prix fort sans être satisfaits en retour.»
«C’est inadmissible, nos bambins ne sont plus en sécurité dans certaines crèches», dira une mère. Il y a aussi des crèches qui proposent aussi le transport des enfants.
Mais le prix à payer est entre 10.000 et 12.000 dinars le mois. La réglementation stipule que les autorisations d’ouverture des crèches ne sont délivrées qu’à des demandeurs justifiant de diplômes liés aux secteurs de la santé ou du social, tels que des médecins et des psychologues.
L’espace dédié à la crèche doit être dégagé et supérieur à l’équivalent de 3 pièces, doté d’une cuisine et de sanitaires. De surcroît, il doit être situé au rez-de-chaussée ou, tout au plus, au premier étage.
Aussi la réglementation stipule que la grande et moyenne section (cinq et quatre ans inscrits dans le préscolaire) doit contenir 35 enfants au maximum.
La section des enfants âgés de 3 ans doit contenir 25 enfants par classe, et 15 enfants par classe pour la section des moins de trois ans (de 12 à 36 mois). La réalisation d’une crèche est soumise à une étude établie avant son lancement. Une crèche appropriée doit offrir 1,4 m2 pour chaque enfant.
Les salles pédagogiques ne doivent pas être inférieures à 40 m2 pour 30 enfants. «La surface doit être spacieuse et vitrée entre 10 et 15 % du plancher pour l’aération.
Quant aux sanitaires, le même responsable a précisé que les normes exigent des WC par groupe de 15 enfants. Soit deux sanitaires pour une salle pédagogique de 30 enfants en plus de 3 robinets, soit un pour un groupe de 10 enfants. Les espaces de cours et de détente ne doivent pas être inférieurs à 150m2 dont la moitié de la superficie doit être aménagée en aire de jeux, alors que l’autre moitié doit faire office de jardin pour que les enfants puissent s’y détendre. L’enfant placé dans une crèche doit bénéficier d’un enseignement pédagogique et éducatif pour développer ses capacités et ses facultés mentales.
N’est pas pédagogue qui veut !
Mais sur le train, rien n’est appliqué. En plus de toutes ces infractions et anomalies constatées au niveau des crèches, garderies d’enfants, jardins d’enfants ou encore préscolaires, il existe d’autres problèmes soulevés par les parents. En effet dès que la saison estivale arrive, avec sa longue période de vacances, les parents, particulièrement ceux qui travaillent, commencent à s’inquiéter et même à s’affoler et le problème de garde des enfants en bas âge se pose avec acuité.
Durant cette période de la fermeture annuelle des crèches publiques et certaines crèches privées, commence alors une course effrénée pour dénicher une garderie, un établissement où laisser son enfant durant la journée, ou tout simplement rechercher un parent qui voudrait bien accepter de le prendre en charge, en attendant septembre.
C’est ainsi que, du jour au lendemain, tout le programme est chamboulé, aussi bien pour l’enfant qui se voit dans l’obligation de changer de milieu que pour les parents qui voient en cela une source supplémentaire de soucis, un nouveau casse-tête. De sérieuses mesures répressives doivent être adoptées pour faire face à l’anarchie qui régit ce créneau.
Toutefois, même si ces dernières poussent comme des champignons depuis quelques années, le nombre de femmes travailleuses connaît lui aussi une hausse et il n’est pas toujours facile de placer son enfant vu le nombre de places limitées dans les crèches et garderies.
Un déséquilibre entre l’offre et la demande qui fait accroître le nombre des garderies qui travaillent en noir. Rappelons, par ailleurs, que le ministère de la Solidarité nationale et de la Famille menace de fermer plusieurs jardins d’enfants qui ne respectent pas le cahier des charges. Entre les crèches privées et les nourrices, les parents font le choix en fonction de leurs moyens. Le défi des femmes travailleuses de concilier la vie familiale et professionnelle n’est toujours pas un pari gagné.
Mehdi A.