Les formations politiques d’obédience islamiste font preuve d’un opportunisme inégalé. Inexpugnables, ils ne ratent décidément aucune occasion pour récidiver et se mettre en évidence.
En dépit de l’échec de toutes leurs tentatives de créer un bloc politique solide susceptible de concrétiser le «rêve vert», ils reviennent à la charge et ambitionnent de construire un pôle politique, profitant ainsi du grand cafouillage dans le rang de l’opposition et de la perte de vitesse des différents partis du pouvoir.
L’initiative revient cette fois-ci à l’ex-chef de file du Mouvement El Islah également ex-député, Mohamed Boulahya, appuyé par la figure la plus charismatique de la mouvance islamiste en Algérie, l’infatigable Abdallah Djaballah, actuel président du Front de la justice et du développement (FJD).
Ce nouveau pôle dont la naissance devait être proclamée hier, se veut une nouvelle coalition politique regroupant les partis et les personnalités de la mouvance islamiste en Algérie, qui ambitionne sérieusement de s’ériger en réelle force sur la scène. Selon Abdallah Djaballah, qui en est à sa énième tentative de fédérer le rang des islamistes, le pôle en question sera composé essentiellement de personnalités et non de partis politiques, laissant de la sorte les portes grandes ouvertes aux adhésions massives, y compris aux ultra-islamistes du parti dissous qui ne cherchent qu’une petite fenêtre pour réinvestir la scène politique nationale.
Mohamed Boulahya, lui, nourrit de folles prétentions, croyant dur comme fer que cette nouvelle initiative va susciter un engouement certain parmi le camp islamiste. Pour lui, la majorité des Algériens applique les préceptes de la religion musulmane, à l’exception d’une minorité qui vivote sous l’aile protectrice du pouvoir en place.
A moins donc d’une nouvelle diversion osée par les islamistes, l’initiative de création d’une nouvelle coalition germe encore sur la scène, s’inspirant des expériences des autres pays arabes. Néanmoins, la réalité du terrain et la conjoncture actuelle qui prévaut dans le pays ne plaident aucunement pour l’aboutissement d’une telle entreprise, et les prémices d’un énième échec plane déjà sur l’initiative de Boulayha et Djaballah.
D’ailleurs, les deux principales formations islamistes, à savoir le Mouvement de la société pour la paix (MSP) et le mouvement An Nahda ont déjà affiché leur scepticisme quant à ce projet, preuve concrète de la vulnérabilité des rapports entretenus par les différents acteurs politiques de cette même obédience islamiste. La question de leadership qui se pose toujours à chaque initiative d’unification de rangs sape tous les efforts de coalition en dépit de la bonne foi et de l’opportunisme accru dont font preuve certains cercles excessivement pragmatiques.
Dans cette perspective, l’on imaginerait très mal le leader du MSP, Abderezzak Makri, qui s’est déjà distingué par les «troubles» qu’il a créés au sein de la Coordination des libertés et de transition démocratique (Cltd), accepter d’être chapeauté par ses compères islamistes, lui qui s’est résolument projeté de mener le train de l’opposition en Algérie.
M.A.C