Création de PME pour lutter contre le chômage et réduction de la facture des importations,

Création de PME pour lutter contre le chômage et réduction de la facture des importations,

Plus de 90% du tissu industriel sont constitués de PMI/PME organisées sur des structures familiales

Des projets d’investissements qui n’ont permis ni de créer de la valeur ajoutée interne, ni d’attirer des investisseurs hors hydrocarbures, encore moins de diminuer les importations et de créer de l’emploi.

Près de 47.600 projets d’investissements d’une valeur globale de 6933,6 milliards de DA (93,7 milliards de dollars), ont été enregistrés durant la période allant de 2002 à 2012, par l’agence chargée de la promotion de l’investissement en Algérie (Andi). Dans ce lot, figurent également les investissements impliquant des étrangers (partenariat ou investissements directs étrangers -IDE), lesquels ont atteint 423 projets pour un montant de 2120,5 mds de DA (91.113 emplois), selon la même source. Ces données qui couvrent une période de huit ans, rendent compte on ne peut mieux le fait que l’Algérie ne s’est pas encore affranchie du tout-hydrocarbures. En effet, en dépit de ces massifs investissements accordés par l’Andi, les exportations hors hydrocarbures demeurent une fable. En effet, l’objectif tracé, vieux de vingt ans, d’atteindre le cap des deux milliards de dollars semble plus que jamais chimérique. Idem pour la création d’emplois qui n’est pas proportionnelle à la masse de PME agréées. Ainsi, en dépit du blanc seing accordé par les plus hautes autorités de l’Etat à l’investissement tous azimuts, la valeur des produits hors pétrole exportés représente à peine une part de 3,38% du volume global des exportations de l’Algérie, qui restent dominées par les hydrocarbures (96,96%) selon les chiffres provisoires du Centre national de l’informatique et des statistiques des Douanes (Cnis). Selon bon nombre d’observateurs, cet anachronisme relate de manière éloquente le malaise qui mine encore le système économique national.

A ce titre, l’expert international M.Abderrahmane Mebtoul, estime que l’Algérie qui injecte massivement de l’argent dans des projets de différentes natures, et «après plus de 50 années d’indépendance politique, n’ a pas d’économie productive dominante, excepté quelques rares individualités». Mebtoul poursuit en affirmant que bien des résolutions ont été adoptées en 2008, par les pouvoirs publics algériens échaudés par la crise financière mondiale. Toutefois, enchaîne-t-il, ces bonnes intentions n’ont permis ni de dynamiser la valeur ajoutée interne, ni d’attirer des investisseurs hors hydrocarbures, encore moins de diminuer les importations et de freiner la corruption. Totalement rentière, tertiaire (83% du tissu économique consiste en commerces et petits services selon l’ONS). Plus de 90% du tissu industriel sont constitués de PMI/PME organisées sur des structures familiales. «On peut démontrer facilement que le taux de croissance officiel hors hydrocarbures de 5/6% a été rendu possible pour 80% par la dépense publique via les hydrocarbures.» La société réalise 98% d’exportations d’hydrocarbures à l’état brut et semi brut (gaz et pétrole) et importe 70-75% des besoins des ménages et des entreprises publiques et privées. Sonatrach a engrangé selon ses bilans financiers de 2000 à juin 2012, pas moins de 560 milliards de dollars et va vers les 600 milliards de dollars fin 2012. Cela a permis d’augmenter les réserves de change estimées à 56 milliards de dollars en 2005 à 188 milliards de dollars fin 2011, 200 milliards de dollars fin 2012 selon le FMI, non inclus les 173 tonnes d’or. Cette richesse virtuelle alimente une dépense publique sans précédent depuis l’indépendance politique. Il n’existe pas de proportionnalité entre cette importante dépense publique et les impacts économiques, le taux de croissance 2000/2011 n’ayant pas dépassé en moyenne 3% alors qu’il aurait dû être de plus de 10%. La rente, toujours la rente avec la hantise de l’épuisement. C’est dans ce cadre qu’ont été proposés les amendements de la nouvelle mouture de la loi sur les hydrocarbures. En matière d’investissements directs étrangers, le tableau n’est pas plus reluisant, et le même intervenant trouve à redire sur la fameuse règle des 49/51%. Concernant l’encadrement de l’investissement étranger dans les services, BTP et industries, y compris les hydrocarbures, le privé étranger doit avoir au maximum 49% et le local 51%. Lors du Conseil des ministres du 25 août 2010, ces mesures ont été étendues aux banques étrangères complétant l’ordonnance n° 03-11 du 26 août 2003, relative à la monnaie et au crédit, est-il rappelé. «Si ces mesures permettaient de relancer l’outil de production, cela serait une bonne chose mais dans un environnement concurrentiel. Mais n’est-ce pas une utopie néfaste? Au cours de conférences internationales, mes contacts avec bon nombre d’opérateurs étrangers (USA-Europe, Asie, monde arabe notamment) montrent que dans la majorité des cas, les investisseurs sérieux sont réticents à venir en Algérie avec cette règle restrictive qui répond plus à de l’idéologie qu’à de la logique économique. À moins que l’Algérie ne supporte les surcoûts pour des investissements de prestige non rentables économiquement, comme elle a supporté plus de 60 milliards de dollars d’assainissement des entreprises publiques entre 1971 et 2013 dont 70% sont revenus à la case départ. Il semble bien que la règle du gouvernement algérien des 49/51% a pour fondement l’idéologie et non l’efficacité économique. Et l’erreur est d’avoir codifié cette règle dans une loi ne laissant plus de marge de manoeuvre et créant des polémiques inutiles au niveau international, nuisibles à l’image de l’Algérie. L’État algérien étant souverain, une décision en Conseil des ministres aurait suffi pour distinguer les projets où l’on pourrait appliquer la règle des 49/51% des autres projets non stratégiques avec une adaptation en fonction des situations spécifiques tant internes que mondiales», affirme M.Mebtoul. Au vu de ce paradoxe, avec d’une part près de 94 milliards de dollars d’investissements en dix ans, il est à se demander pourquoi l’Algérie n’arrive pas à s’extirper du piège de la rente pétrolière? Pourquoi les exportations hydrocarbures peinent à s’imposer comme alternative à la sempiternelle rente pétrolière? Est-ce dû au manque de compétitivité des entreprises lancées ou au fait que des milliers de projets ne sont pas encore lancés? Mystère et boule de gomme.