Le nombre de partis politiques va crescendo et d’ici à la fin de l’année il atteindra, selon des observateurs, la centaine. On parle, au vu de cette situation, d’«inflation de partis politiques» jamais égalée. Si pour certains cela est signe de déverrouillage et de bonne santé politique, pour d’autres cela induira inéluctablement un émiettement et empêchera la création de grands blocs.
Quatre nouveaux partis viennent de recevoir leur agrément. Une trentaine d’autres attendent encore le fameux visa administratif du ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales. L’inflation des partis politiques continue de battre des records.
Selon des observateurs, d’ici à six mois, on atteindra le seuil d’une centaine de formations, avant que le rythme de création de partis ne se tasse. Des milieux politiques estiment que cette profusion est un signe de santé, une manifestation de déverrouillage politique, même si cela crée inéluctablement un émiettement dans l’activité partisane et un manque de visibilité idéologique pour l’opinion.
Un émiettement doublé d’éparpillements organiques, qui risque d’empêcher la création de grands blocs politiques ou des forces «identifiables» sur le plan idéologique, susceptibles de stabiliser les débats politiques futurs et de jouer un rôle prépondérant dans l’édification d’une «unité nationale souveraine» face aux périls de la globalisation et des menaces sécuritaires régionales. L’absence, dans notre champ politique, de ces forces ou blocs, accentue le flou de l’opinion publique et son manque de discernement envers des enjeux majeurs qui guettent le pays.
Cependant, cette «richesse » en partis politiques, issus d’une réouverture de l’exercice démocratique et des amendements de la loi sur les partis, après une décennie de gel, tranche avec les réels besoins de la société civile.
Pour les observateurs, il existe un inquiétant décalage entre la création facile de partis politiques et les immenses facilitations accordées par l’Etat pour l’exercice supposé de la politique, et l’incroyable statu quo constaté dans la création des associations nationales et régionales, dont la loi sur le mouvement associatif a subi d’importantes modifications.
Tout le monde sait que la population a beaucoup plus besoin d’un dense tissu de mouvements associatifs, activant dans divers domaines liés à la vie urbaine, à la santé, aux fléaux sociaux, à la jeunesse, à l’éducation, à l’environnement, que de partis politiques obsédés par les joutes électorales.
Ce sont ces associations qui expriment les doléances des citoyens, des quartiers et qui transmettent les problèmes quotidiens aux élus des assemblées communales ou wilayales et aux autres commis de l’Etat, comme les chefs de daïra et les walis.
Aujourd’hui, on crée plus facilement un parti politique qu’une association nationale. C’est un constat effrayant, qui dénote la nette démarcation entre le besoin d’affirmation politique et le besoin d’accomplissement de la citoyenneté. Faut-il revoir une seconde fois les dispositifs de la loi sur les associations? En tous les cas, les partis politiques existants ne posent nullement la question.