«L’or rouge», c’est l’appellation consacrée au safran, un produit agricole classé dans la famille des épices, était hier au cœur d’une rencontre nationale qui s’est tenue au centre culturel de haï Dhaya (ex-Petit-Lac) à Oran. Près d’une centaine de cultivateurs versés dans ce créneau en provenance d’une vingtaine de wilayas du pays, mais aussi des femmes rurales porteuses de projets liés à la culture du safran, se sont réunis pour la troisième fois pour tenter de réussir cette fois-ci de créer l’Association des producteurs de safran.
Amel Bentolba – Oran (Le Soir) – L’appellation «or rouge» n’est pas seulement tirée de la couleur jaune doré du produit mais surtout de son prix sur le marché national et mondial. D’après les estimations de l’un des premiers à s’être versé dans la production du safran en Algérie depuis une dizaine d’années, M. Rouibi Abdellah, un agriculteur de la wilaya de Khenchela, la production nationale de safran pur se situe autour de 10 à 15 kilos. «Il s’agit là de la production de cette année mais d’ici l’année prochaine, ce sera 30 kilos, et l’année d’après 90 kilos, c’est exponentiel, ça se multiplie par trois tous les ans.
Ce qui fait que très rapidement, on va arriver à vendre et exporter». Pratiquement, c’est une plante qui n’a pas besoin de beaucoup d’eau et qui convient au climat en Algérie. Selon l’expérience menée à travers les 25 wilayas du pays, il a été prouvé que cette plante résiste à une température de moins 15 degrés et plus de 55 degrés au Sahara.
Il faut savoir qu’en Algérie en matière de production de safran, le deuxième pôle après Khenchela, c’est Berriane dans la wilaya de Ghardaïa.
Voulant un avis avisé sur la qualité du safran consommé en Algérie, nous avons sollicité M. Rouibi sur le sujet, sur lequel il a un avis bien tranché. «Ce n’est pas du safran ce que vous avez sur le marché, c’est du carthame, une plante complètement différente, c’est un arbuste qui pousse dans les régions chaudes et on prétend que c’est du safran. Alors que le safran pur est issu d’un bulbe qui donne des fleurs et on retire les trois pistils. Il faut à peu près 150 000 fleurs pour faire un kilo de safran.»
S’agissant justement de ce kilo de safran obtenu en fin de culture, quel est son prix sur le marché algérien ? Notre interlocuteur n’hésite pas à donner le chiffre de 450 millions de centimes. Etonnés par un tel chiffre, nous lui avons fait répété ce chiffre plusieurs fois et c’est avec sourire et assurance qu’il nous le confirme : «Moi je le vends à 450 millions de centimes le kilo, oui, c’est très cher.»
Outre les entraves bureaucratiques qu’ont rencontrées jusque-là les initiateurs de la création de l’Association des producteurs de safran en Algérie, d’autres soucis sont signalés dans la culture du safran dont le gain plus qu’intéressant pour beaucoup attire des personnes malintentionnées. Ce que dénonce notre interlocuteur : «Des gens sont allés à Téléouine au Maroc et ont acheté des bulbes de safran malades à bas prix qui les ont fait transiter par la France et fait entrer en Algérie et sont en vente. Ce sont des gens qui veulent détruire la filiale.»
D’où toute l’importance, diront les participants, de créer cette association qui permettra de regrouper tous les safraniers et pouvoir organiser la vente à l’extérieur du pays et vanter le produit algérien.
A l’issue de la cérémonie de création de l’association et après avoir approuvé à l’unanimité les statuts, M. Rouibi Abdellah a été élu président de l’association nationale des producteurs de safran qui a vu le jour hier à Oran.
L’élu dira qu’en plus d’organiser ce secteur et de promouvoir le produit et sa mise en vente à l’intérieur et l’extérieur du pays, l’association projette de créer la maison du safran ici en Algérie.
A. B.