L’émergence depuis un certain temps, à Annaba, d’associations, dont la mission principale est d’agir pour la sensibilisation au civisme, est venue à point nommé afin de mettre un terme à un environnement social sérieusement dégradé. À telle enseigne que la chaîne de communication entre les citoyens s’est rompue, pour laisser place aux comportements vindicatifs et agressifs, auxquels personne n’échappe. Les adhérents à ces associations relèvent à juste titre que partout où que l’on soit à Annaba, dans la rue, dans les moyens de transport en commun, à bord desquels s’entremêlent toutes les catégories d’âges, il est loisible de constater que le langage usité ne répond nullement au civisme que commande la vie commune basée sur le respect mutuel, l’entraide, le discours noble.
Et de regretter que les propos vexatoires, les commentaires dégradants, le dénigrement gratuit constituent le bagage de la quasi-majorité des citoyens. Ainsi, que l’on se trouve au marché, à l’intérieur d’un établissement scolaire, dans les bureaux de poste, les guichets de l’administration publique, les APC et autres daïras, les stations de service et plus particulièrement les couloirs des centres hospitaliers, tous ces espaces communs se sont transformés en “arènes de gladiateurs”. À l’intérieur d’un café, d’un cabinet de médecine, dans une officine pharmaceutique, ou encore dans un kiosque multiservice, l’on vous interpelle avec une familiarité déconcertante.
On n’hésite pas à vous héler par l’appellation du type du véhicule que vous conduisez, si on ne vous parle pas avec dédain. La circulation routière est exécrable, la forte présence de véhicules a provoqué un effet d’écrasement de nos villes, où la désinvolture des uns, l’entêtement des autres, l’impunité dont se prévalent certains énergumènes ont pour conséquences d’entraîner dans leur sillage des victimes innocentes, d’endeuiller des familles entières, de provoquer des séquelles physiques irréversibles, des traumatismes et des handicaps à vie. Ces chauffards imbus de leur personne et du type de leur véhicule vous imposent leur diktat le long des routes et des autoroutes, en usant d’injonctions, par le biais de leurs phares et antibrouillard, pour leur céder le passage, sans tenir compte d’aucune considération des usages dictés par le code de la route.
À ce propos, l’un des membres de l’association de bienfaisance s’interroge : “Si, à titre d’exemple, les services de la prévention routière, tous corps de sécurité confondus, venaient à décréter les voies de communications routières huis clos consécutivement au non-respect par les automobilistes de la bande d’arrêt d’urgence, quelle chemin devrions-nous emprunter alors ? Et pour quelle raison serions-nous pénalisés, par la faute de certains irresponsables, foulant les règles élémentaires de la citoyenneté ?” Autant de questions auxquelles les citoyens et eux seuls pourront apporter des réponses en observant les règles de morale et de civisme, qui existent pourtant dans notre pays.
B. BADIS
