Boukria : «J’ai patienté un an, c’est trop.» Angane : «Le PV signé par Gana est clair : je suis libre à la fin de la saison.» Bouali : «La situation n’est pas encore claire.»
Lyès Boukria pourrait être le premier joueur du CRB en fin de contrat à quitter Belouizdad cet été, en emboitant le pas à Pascal Angan et à Mehdi Benaldjia. Le défenseur du Chabab a rencontré jeudi les dirigeants du club, pour le renouvellement de son engagement. Une réunion qui a duré près de deux heures, nous dit-on, sans que Kalem ne parvienne à convaincre le joueur. Car, le cas de Boukria est très compliqué, et ses exigences, bien qu’il soit dans son droit le plus absolu, sont difficiles à satisfaire. Ce que les gens ne savent pas en effet, c’est que Boukria n’a touché aucun centime cette année. Le club lui doit en effet, 12 mois de salaires, soit une année entière. Il n’a pas fermé les portes au CRB, mais il a tout simplement exigé qu’on lui verse les 12 mois de salaire avant de négocier un nouveau contrat. Les dirigeants ont essayé de trouver une solution en lui proposant de lui verser la moitié dans quelque temps et l’autre après, mais il n’a rien voulu savoir. «J’ai patienté une année, je crois que c’est trop.» Entre temps, l’Entente de Sétif lui a fait une proposition. Hammar est entré officiellement en contact avec Boukria, et selon certaines sources, il aurait conclu avec lui, même si le joueur ne le confirme pas. Il n’y a pas que l’ESS qui s’intéresse au défenseur belouizdadi, mais d’autres clubs aussi, particulièrement le nouveau promu, le RCA qui l’a déjà contacté.
Boukria : «J’ai patienté un an, c’est trop»
Vous avez rencontré jeudi les dirigeants du CRB pour le renouvellement du contrat. Qu’en est-il au juste ?
C’est vrai, nous nous sommes vus, nous avons discuté, mais on n’a rien fait. La situation est restée telle qu’elle l’était.
C’est-à-dire ?
On n’est pas parvenus encore à un accord, mais j’attends que les dirigeants fassent un effort.
Comment cela, une explication ?
Les dirigeants veulent que je rempile, c’est dans ce sens qu’ils m’ont sollicité. Pour montrer ma bonne foi, je suis allé les voir avec l’intention de rempiler, même si je suis en fin de contrat. J’avais une seule condition : régulariser ma situation financière. J’ai pu comprendre, encore une fois, qu’ils ne sont pas en mesure de le faire. Pour moi, il est hors de question de signer un nouveau contrat avant que je touche mes salaires.
Est-il vrai que la direction vous doit neuf mois de salaires ?
(Rires), c’est faux, on me doit 12 mois de salaire. Cela fait une année que je ne suis pas payé. En d’autres termes, je n’ai touché aucun centime cette saison. Trouvez-vous cela normal ? Je ne suis pas sûr qu’il y ait beaucoup de gens comme moi dans le monde. Une année entière sans qu’on me verse le moindre sou, et on me demande de négocier un nouveau contrat.
Que leur avez-vous répondu ?
Je n’ai pas fermé les portes au CRB pour autant. Malgré cette situation, je suis prêt à rempiler. J’ai seulement demandé à ce qu’on me paye la totalité de mon argent avant de le faire. Je crois que personne ne peut m’en vouloir d’avoir exigé mon dû qui est mon droit.
A-t-on accepté de vous payer ?
On m’a répété la même chose, que je dois patienter. On m’a dit qu’ils allaient me verser la moitié et que, je devais patienter un peu pour l’autre moitié. Je leur ai dit que j’ai patienté un an, je crois que ça suffit. Maintenant, je ne veux plus croire à ces promesses, c’est fini. Moi, j’ai montré ma bonne foi et je leur ai dit que je donne la priorité au CRB, malgré les nombreux contacts que j’ai eus. Ils n’ont qu’à me payer, la balle est dans leur camp.
Cela dit, on croit savoir que vous avez tout conclu entre temps avec l’ESS. Est-ce vrai ?
Non, c’est faux, je n’ai rien conclu avec l’ESS. Hammar m’a effectivement appelé, nous avons discuté et il m’a fait savoir qu’il me veut à l’Entente.
Et qu’allez-vous faire ?
Je vous l’ai dit, la balle est dans le camp des dirigeants. Je dois être payé pour rempiler, et je ne veux pas attendre encore.
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De Cotonou, Angane exhibe ses preuves
«Le PV signé par Gana est clair : je suis libre à la fin de la saison»
Rencontré à Cotonou par l’un des envoyés spéciaux du Buteur au Bénin, Pascal Angane a été très clair : «J’ai quitté le CRB suite à un accord signé avec la direction du club et signé par le président, Gana.» Il a exhibé un document et nous a expliqué : «Ceci est un procès-verbal signé par Azzedine Gana, ainsi que par l’avocat et le comptable du club et mon manager, en date du 7 avril 2013. Il stipule que le club me paiera 2 mois de salaires pour que je termine la saison, mais que je serai libre par la suite car le club ne m’avait pas payé durant 6 mois.» Le document, que nous avons consulté – mais que le joueur nous a interdit de prendre en photo – semble authentique.
«J’ai accepté de rester les deux derniers mois, mais on me doit encore 160 millions»
Angane a précisé que «la réglementation est en ma faveur et je pouvais partir déjà dès le mois d’avril car je n’ai pas été payé. Je suis resté jusqu’à la fin de la saison en vertu de ce PV. J’ajoute même que le club ne m’a pas payé les deux mois qu’il m’a promis. Mon salaire est de 130 millions et on ne m’a donné que 100 millions. Le CRB me doit encore 160 millions. On m’a promis que j’encaisserai cet argent bientôt, mais si on ne me le donne pas, je suis prêt à aller en justice s’il le faut. Mon agent est en train de suivre cette affaire.»
«Gana ment aux supporters, la FAF connaît la vérité»
L’international béninois dit rigoler en lisant ce que les dirigeants du CRB disent sur lui : «Il paraît qu’on va me bloquer à la FIFA, qu’on va saisir le TAS et je ne sais quoi encore… Le président du CRB est en train de mentir aux supporters pour se défendre. J’ai toutes les preuves et tous les documents attestant que je peux partir. J’ai respecté le contrat que j’ai signé. Ce sont eux qui ne l’ont pas respecté en ne me donnant pas mon dû. J’ai tous les relevés du compte qu’ils ont eux-mêmes ouvert à mon nom. Les gens de la FAF les ont consultés et connaissent ma situation. Je dois vivre et faire vivre mes enfants. Je ne peux pas me contenter de promesses.»
«Le CRB doit laisser Slimani partir à l’étranger»
Angane a également une pensée pour Islam Slimani, son ancien coéquipier au CRB : «Il s’est fait beaucoup engueuler par les supporters du CRB. A présent, le président du club lui cause des soucis et est en train de tout faire pour le bloquer. J’espère qu’il pourra partir à l’étranger afin de montrer son talent. Je souhaite aussi que la saison prochaine le CRB soit pris par une société nationale et que les dirigeants actuels s’en aillent car ils n’ont pas les moyens de diriger le CRB.»
Bouali : «La situation n’est pas encore claire»
Intervenant hier sur les ondes de la Chaîne III, l’entraîneur du CRB, Fouad Bouali a fait savoir qu’il n’a encore rien fait avec ses dirigeants concernant la nouvelle saison. «Rien n’est fait jusqu’à présent, et la situation n’est pas claire pour l’instant.» Le coach belouizdadi n’est pas encore fixé sur son avenir en effet, et estime que les conditions ne sont pas encore réunies pour entamer les négociations. «Et puis, a-t-il ajouté, je crois qu’il y aura un nouveau preneur pour le club puisqu’on parle de la CNEP. Et vous savez, quand de nouveaux dirigeants viennent, ils ramèneront les gens avec lesquels ils veulent travailler. Donc, même dans ce cas, je ne suis pas sûr que le nouveau propriétaire du club me prenne.» Fouad Bouali s’est un peu étalé par la suite sur la situation du club en général. Il a entre autres indiqué que si le problème financier n’est pas réglé, il craint le pire pour le CRB. «On ne peut prendre une équipe avec des joueurs non motivés. On peut tenir une saison, mais pas plus. Si les joueurs ne sont pas payés, les problèmes ne seront jamais réglés.»
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La saignée est inéluctable
Les jours passent et se ressemblent pour le CRB qui ne voit pas encore le bout du tunnel. Après s’être donnés en spectacle décevant depuis plusieurs semaines, les dirigeants semblent avoir pris conscience de la situation dans laquelle se trouve leur équipe en cette intersaison. Ils ont donc décidé d’essayer de reprendre les choses en main, mais on craint que cela soit trop tard, d’autant que jusqu’à l’heure où nous mettons sous presse, ils sont toujours à court de solutions. La promesse faite aux joueurs, celle de commencer à les régulariser jeudi dernier, n’a pas été tenue, et ce n’est pas nouveau. Ils ont donné une autre date aux joueurs, celle de demain dimanche. Bref, on a l’impression qu’on vit les mêmes scénarios que durant toute la saison. Ce qu’il faut savoir aujourd’hui, c’est que les joueurs, même s’ils tiennent encore à être payés, ne sont plus à la merci de leurs dirigeants, que ce soient ceux qui sont en fin de contrat ou les autres. Car, quand un joueur n’est pas payé depuis neuf mois, ou un an comme c’est le cas de Boukria, rien ne le retient au club. Tous les joueurs du CRB, s’ils saisissent la Commission des litiges, seront libres de tout engagement et personne ne peut les en empêcher, ce sont les règlements qui le stipulent. Angan a ouvert le bal, et même si ce n’est pas vraiment le même cas, il a été suivi par Mehdi Benaldjia. Aujourd’hui, c’est le tour de Boukria qui va rejoindre Mameri à Sétif, et demain, ça sera certainement le tour des autres. Car les dirigeants n’ont rien en main qui puisse rassurer. Des paroles, les joueurs en ont marre, ils ne croient plus en rien, sauf à du concret. La saignée semble donc inéluctable. Du côté des arrivées, ce n’est même pas la peine d’en parler, on ne se bouscule pas au portillon. En plus clair, la situation est alarmante, le CRB est en danger.
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Kherbache invité à négocier un nouveau contrat
Un autre joueur en fin de contrat avec le CRB, a été contacté avant-hier par les dirigeants pour négocier avec lui le renouvellement de son contrat. Il s’agit de Smaïl Khrebache dont le contrat avec les Belouizdadis, arrive à terme en ce mois de juin. Mais le défenseur du Chabab n’a pas rencontré ses responsables, dans la mesure où il se trouve actuellement chez lui à Saïda auprès de sa famille. Un rendez-vous a été toutefois pris avec lui pour cette semaine, afin de mettre les points sur les i, concernant son avenir au CRB. Mais comme pour Boukria, les choses sont d’ores et déjà mal engagées. Car Kherbache va réclamer sans aucun doute la même chose que son coéquipier Boukria, c’est-à-dire la régularisation de sa situation financière avant de parler de quoi que ce soit. Lui aussi, comme l’ensemble des joueurs, n’est pas payé depuis plusieurs mois et la direction lui doit au moins huit mensualités. Et dans le cas où les dirigeants arriveraient à satisfaire ses exigences, ce qui n’est pas évident du tout, Kherbache nous a fait savoir qu’il va renégocier son salaire à la hausse. Autant dire que c’est une mission impossible pour la direction du club.
«Cela ne dépendra pas de moi»
Contacté hier par nos soins, Kherbache nous a confirmé que les dirigeants l’ont contacté pour négocier un nouveau contrat, tout en nous faisant savoir qu’il n’a pas l’intention de se faire avoir encore une fois. «Je suis prêt à rempiler au CRB, si on trouve un terrain d’entente. Vous savez très bien que la direction nous doit beaucoup de mensualités, et en ce qui me concerne, si on ne me paye pas, je ne rempilerai pas. Tout le monde doit savoir, les supporters en particulier, que je donne la priorité au CRB. Donc, cela ne va pas dépendre de moi.»